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"Les maux des profs au pied de la lettre", par V. Soulé (Libération, 20 novembre 2008)

lundi 1er décembre 2008, par Mathieu

Pour lire l’article sur le site de Libération.

Xavier Darcos a multiplié les motifs de colère à l’origine de la grève aujourd’hui.

La grève, appelée par la quasi-totalité des syndicats, devrait être largement suivie aujourd’hui, notamment dans le primaire. Le ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, a fédéré contre lui toute une série de mécontentements. Abécédaire.

3A comme associations3

En octobre, les associations intervenant dans le domaine de l’éducation ont appris par courrier que le ministère leur supprimait 25 % des subventions pour 2008. Et elles vont l’être de 25 % en 2009. Pire : le ministère va reprendre tous les enseignants qui y étaient détachés pour compenser les suppressions de postes. Du coup, certaines de ces associations, qui font de l’aide aux devoirs dans les banlieues, risquent de disparaître et ont lancé une pétition. A l’heure du plan Espoir Banlieue, cela fait tache.

3B comme budget3

Après les 11 200 suppressions de postes de cette rentrée, le budget en prévoit 13 500 pour 2009. Darcos assure que c’est une broutille, rappelant que l’Education nationale emploie 800 000 enseignants. Le ministère de l’Enseignement supérieur n’est plus épargné : 900 postes seront supprimés. La ministre Valérie Pécresse assure aussi que ce sera indolore. Mais cela tombe mal alors que l’une de ses priorités est de lutter contre l’échec des premières années à l’université en renforçant notamment l’encadrement des étudiants.

3D comme dialogue social3

Pour les syndicats, le ministre consulte mais pour la forme, ayant déjà arrêté ses réformes. Darcos ne s’en cache d’ailleurs pas : « Pas question de cogérer avec les syndicats », répète-t-il. Les enseignants se sentent ainsi méprisés.

3H comme histoire-géographie3

Les spécialistes s’inquiètent du nouveau Capes qui ne comporte plus que deux épreuves disciplinaires avec un programme immense, redoutant une baisse de niveau. Plusieurs centaines - dont Philippe Joutard, Henry Rousso, etc. - ont signé une pétition.

3L comme lycée3

Darcos rêvait d’un consensus autour de la réforme du lycée. C’est raté. Il a au moins réussi à diviser les syndicats. Le Snes, premier dans le secondaire, est satisfait des reculades du ministre. A l’opposé, le Sgen-CFDT réclame des changements plus radicaux. La Société des agrégés ou encore le Snalc (Syndicat national des lycées et collèges), tenants de la tradition, y voient le déclin annoncé du lycée. Les syndicats lycéens enfin, qui voulaient pourtant une réforme, dénoncent la diminution des heures de cours et l’introduction de modules semestriels.

3M comme masterisation3

Nicolas Sarkozy voulait que les enseignants aient un master, notamment pour mieux les payer. C’est désormais décidé. Les universités doivent les présenter pour janvier. Certaines avouent déjà qu’elles ne pourront pas tenir le délai. Un collectif - Snesup, Sauvons la recherche… - réclame un moratoire.

3M comme maternelle3

« L’école, ça commence à trois ans » : pour Darcos, c’est entendu. Les plus jeunes relèvent de la puériculture. Le ministre prône la création de « jardins d’éveil », financés par les communes, avec des éducateurs au lieu de profs. Du coup, il économise des postes. Les enseignants de maternelle protestent, rappelant qu’ils font « un vrai métier ».

3R comme Rased3

Le budget 2009 prévoit la suppression de 3 000 postes de maîtres spécialisés des Rased (les réseaux d’aide aux enfants en difficulté) qui prenaient en charge ponctuellement des élèves. Ils seront désormais dans des classes. Les professeurs des écoles devront eux faire deux heures d’aide individualisées par semaine. Alors qu’ils ne sont pas formés… (pétition en ligne)

3S comme SES3

Les sciences économiques et sociales sont l’une des perdantes de la réforme du lycée. Jusqu’ici, elles étaient une option de détermination en seconde. Elles deviennent un module semestriel parmi 15 autres. Les enseignants de SES, jugés gauchistes par la droite, exigent qu’elles entrent dans le tronc commun obligatoire au titre que chaque jeune doit avoir une culture économique (pétitions en ligne).

3R comme revalorisation3

Darcos avait promis que l’année 2009 serait « celle des enseignants ». Et les syndicats attendaient un vaste plan de revalorisation. Au lieu de cela, il a savamment distillé les annonces - celles des primes importantes comme les 1 500 euros pour les débuts de carrière ou les 500 euros pour les profs prenant trois heures supplémentaires -, mais sans aucune concertation.