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"Enseignants-chercheurs : où en est la grève ?", "Libération" du 4 février 2009

mercredi 4 février 2009, par Elie

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Depuis lundi, le mouvement de contestation gagne de plus en plus d’universités. Les étudiants, à l’appel de l’Unef, pourraient y participer. En face, Valérie Pécresse campe sur ses positions.

Le mouvement de grève s’intensifie dans les universités. Au troisième jour de grève, les enseignants-chercheurs ont désormais le soutien des députés socialistes et d’une partie des étudiants. Mais Valérie Pécresse, la ministre de l’Enseignement supérieur, semble déterminée à ne rien lâcher. Retour sur les déclarations, le point sur la situation.

Sur quoi porte la contestation ?

Les enseignants-chercheurs réclament d’abord le retrait de la réforme de leur statut. Le nouveau texte accorde, selon eux, de super-pouvoirs aux présidents d’université dans l’avancement des carrières et dans la « modulation » des temps de service (répartition entre enseignement, recherche et autres tâches). Les enseignants-chercheurs redoutent une hausse des heures d’enseignement, au détriment de leur travail de recherche.

Ils exigent aussi la suspension de la réforme de la formation des enseignants du primaire et du secondaire, appelée la « masterisation ». Les futurs enseignants devront désormais avoir un master (bac+5) au lieu d’un bac+3. Et plus généralement, ils dénoncent les suppressions de postes prévues et le démantèlement du CNRS.

Enfin, comme l’explique Jean-Louis Fournel, président de Sauvons l’Université, les nouvelles règles liées à la LRU (la loi relative aux libertés et responsabilités des universités) inquiètent. « Elles vont radicalement changer la carte universitaire du pays, au seul bénéfice de quelques pôles. »

Qui fait grève ?

Depuis lundi, le mouvement ne cesse de prendre de l’ampleur. Et gagne même des facultés réputées peu enclines à la contestation comme Lyon III, ou l’Institut d’études politiques d’Aix, en grève pour la première fois depuis sa création en 1956.

Plusieurs IUT (instituts universitaires de technologie) sont aussi touchés comme des IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres).

Selon le Snesup-FSU, principal syndicat de l’enseignement supérieur, « près d’un enseignement sur deux n’était pas assuré lundi et mardi ».

Partout, des AG sont organisées, comme le montre cette vidéo tournée lundi à Orléans. De longs débats et votes à main levée pour décider de la forme à donner à la protestation. Rétention des notes pour les uns, vote de la grève pour les autres, et même lancer de chaussures comme hier dans le jardin du ministère de Valérie Pécresse.

La coordination nationale des universités, qui rassemble notamment Sauvons la Recherche, le Snesup-FSU et Sauvons l’université, appelle à une journée d’actions demain, jeudi. Et à une manifestation nationale mardi prochain à laquelle pourraient se joindre les étudiants. L’Unef, la première organisation étudiante, appelle en effet à la grève mardi 10 février pour demander « un changement de cap en matière de politique universitaire ».

Que répond le gouvernement ?

Pour le moment, la ministre de l’Enseignement supérieur campe sur ses positions. Hier, Valérie Pécresse a écarté toute idée d’un retrait du décret réformant le statut des enseignants-chercheurs. « Le retrait serait un recul considérable pour tous les enseignants-chercheurs », a t-elle affirmé. Ce qui est en cause, selon elle, c’est « la façon dont le président d’université va appliquer le décret ». Elle en appelle donc aux présidents d’universités pour « rassurer » et construire une charte destinée à la « bonne application » du décret.

L’opposition politique apporte son soutien aux universitaires. La numéro un du PS, Martine Aubry, a réclamé au gouvernement un « moratoire » des réformes et le gel des suppressions d’emploi dans les universités et la recherche. Plus tranché, le Parti communiste français demande « l’abandon sans retour des réformes », accusant le gouvernement de « tourner le dos aux défis de l’avenir ».