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Violences policières à Barcelone lors de la manifestation étudiante du 18 mars

samedi 21 mars 2009, par Mathieu

Pour voir une vidéo de ces violences extrêmes, cliquez ici.

Ci-dessous, le commentaire d’un collègue d’Aix-Marseille I, José Deulofeu :

J’ai consulté le site du journal Avui (Aujourd’hui) au sujet des incidents. Vous pouvez vous y reporter. Il y a une autre vidéo. Le contexte est le suivant : depuis quatre mois des étudiants occupent les locaux du Rectorat de l’université (Présidence) pour protester contre le programme de Bologne et diverses conséquences locales. Le Recteur a fini par demander, suite aux déprédations et au blocage de l’institution, une intervention de la police. Celle-ci s’est faite de façon musclée, mais les occupants n’étaient pas seulement des enfants de chœur (nous dirions qu’il y avait des autonomes et pas seulement des étudiants) Des policiers et occupants ont été blessés. Des occupants emprisonnés. Dans la journée qui a suivi l’évacuation, des manifestations de soutien aux prisonniers ont dégénéré, comme on peut le voir sur la vidéo. Visiblement le chef de la police Olmos qui a supervisé l’opération est un partisan de la manière forte sans doute au-delà des consignes du "ministre de l’intérieur" de la Generalitat Joan Saura, qui , comme en témoigne la déclaration ci-dessous, a été court-circuité (Les cadres de la police espagnole sont souvent des nostalgiques d’une certaine époque et il vaut mieux ne pas leur donner carte blanche) et a regretté (ça me plaît pas « no m’agrada ») les débordements « errors », considérés cependant comme inévitables (no pot ser d’une altra manera), compte tenu de la « violence des manifestants ». Il va être auditionné par le parlement à ce sujet. Evidemment, les policiers en ont profité comme au bon vieux temps pour tabasser les journalistes (voir la liste des ferits = blessés.)

Le ministre de l’intérieur est dans un gouvernement de coalition gauche, mais il n’est pas socialiste : il appartient au parti Iniciativa per Catalunya i els Verds, alliance d’altermondialistes et d’écologistes. C’est important parce qu’il est le maillon faible du
gouvernement et la droite centriste et nationaliste d’opposition Convergència i Unio , qui n’oublions pas était au pouvoir lorsque la police régionale (Mossos d’Escuadra) a été fondée, a d’ailleurs réclamé sa démission en détournant un proverbe ibérique qui dit en gros "on ne fait pas garder les poules par le furet". Les pauvres étudiants et collègues de base sont pris dans un ensemble de magouilles politiques pas faciles à analyser.

On peut se demander ce qu’aurait fait notre administration dans un cas pareil. Et quel mode d’intervention aurait eu la police. En fait, mon expérience me montre que les policiers font preuve d’un bel esprit de revanche quand ils ont eu des camarades blessés, ce qui était le cas (46 : voir plus bas). Mais ce qui m’a stupéfait, c’est que la vidéo semblait montrer que les policiers n’étaient pas encadrés par des gradés dans leur mission mais laissés à leur libre arbitre. (En France un gradé contrôle toujours en principe les coups portés par la piétaille et arrête au bon moment -pardon Malik !). Là, l’officier de réserve que je suis peut dire que techniquement c’est une faute de commandement invraisemblable. Il semble à voir les images que la consigne générale : ne frapper qu’aux jambes n’ait pas été totalement respectée. Attendons la suite pour mieux comprendre.

José Deulofeu

(Pour des détails en Castillan, consultez le site de La Vanguardia (centre gauche), ou de El pais édition catalunya à confronter avec abc.es (droite).

Voici le texte de Avui avec traduction rapide :

Le Conseiller de l’intérieur Saura a finalement fait une déclaration sur les graves incidents survenus ce mercredi autour de l’évacuation des étudiants enfermés dans la Présidence de l’Université de Barcelone. Il l’a fait 24 après les événements dans une séance plénière du Parlement et a reconnu qu’il était « préoccupé » par les événements. Tout en soulignant que l’origine des incidents résidait selon lui dans la violence des manifestants il a reconnu que des erreurs avaient été commises « le résultats des affrontements d’hier ne me plaît pas et me préoccupe : il ne peut pas en être autrement quand il y a des blessés. EN conséquence j’ai pris deux décisions : demander un rapport complet à la police sur les événements et demander à intervenir devant le parlement pour rendre compte des faits. Selon les statistiques du conseller il y a eu en tout 81 blessés : 46 policiers, 36 civils en comptant les journalistes, les manifestants et les passants.

El conseller d’Interior, Joan Saura, s’ha pronunciat finalment sobre els greus incidents registrats aquest dimecres arran del desallotjament dels estudiants tancats al rectorat de la Universitat de Barcelona. Vint-i-quatre hores després, des del Parlament, on hi ha ple, el conseller ha reconegut que li "preocupa" el que va passar.
Tot i insistir que l’origen dels incidents va estar, segons ell, en la violència dels manifestants, ha reconegut que es van cometre errors. "El resultat de les diverses accions d’ahir no m’agrada i em preocupa, no pot ser d’una altra manera quan hi ha danys físics. Per això he pres dues decisions : demanar un informe policial exhaustiu sobre el que va passar i demanar comparèixer al Parlament per explicar els fets", ha anunciat.
Segons el recompte del conseller, hi va haver en total 81 ferits : 46 agents dels Mossos d’Esquadra i 36 civils, entre periodistes, manifestants i vianants.