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La Ronde des obstinés s’élargit - Libération, 30 mars 2009

mardi 31 mars 2009, par Laurence

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« Je suis en thèse de biologie, je trouve votre idée formidable de tourner ainsi jour et nuit. On voulait vous soutenir, et on vous a apporté ça » : l’étudiant tend un paquet de chouquettes et des pains aux pépites de chocolat au professeur de l’université Paris-VIII-Saint-Denis qui tourne depuis une heure sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Les viennoiseries passent de main en main dans la ronde. « Les chouquettes, c’est une amie helléniste de Bordeaux qui est là et qui vous les offre », précise l’étudiant.

Soleil. Aujourd’hui à midi, la Ronde infinie des obstinés entame sa seconde semaine. L’initiative lancée par des enseignants de Paris-VIII - l’ex-fac de Vincennes fondée dans la foulée de mai 1968 - consiste à tourner en rond sans discontinuer, pour exprimer la détermination sans fin des universitaires à s’opposer aux réformes.

Hier après-midi, ils étaient une centaine à marcher au soleil. Certains se connaissent, issus des mêmes facs ou chercheurs dans la même discipline. D’autres sont venus par solidarité, comme ce professeur d’histoire des Yvelines très remonté contre la réforme de la formation des enseignants. Toutes les trente minutes, on change de sens. Chaque heure, quelques-uns vont au centre de la ronde lancer des slogans - « Le savoir n’est pas une marchandise », « Non à la LRU » (la loi sur l’autonomie des universités), « Résister plus pour vivre plus ». On annonce ensuite le nombre d’heures de la marche : 148, hier à 17 heures.

Les initiateurs de la Ronde n’en reviennent pas. D’autres universités parisiennes se sont jointes et assurent des créneaux horaires. Des passants, voire des touristes, s’y glissent parfois. Aux heures creuses de la nuit, la Ronde est tombée à dix personnes. Mais jamais elle ne s’est (encore ?) arrêtée.

Reculs. Parmi toutes les initiatives des enseignants-chercheurs, c’est la plus originale. Elle fait des émules : à Poitiers, chaque jeudi les universitaires tournent deux heures. En Martinique, une Ronde des obstinés est prévue à Fort-de-France le 2 avril, jour de mobilisation. A Bordeaux, à Amiens, à Grenoble, on en parle aussi. Les reculs des ministres - Valérie Pécresse, à l’Enseignement supérieur, et Xavier Darcos, à l’Education - ont un peu fait baisser la pression, mais pas découragé les marcheurs.