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"Il faut retrouver la sérénité" - entretien avec William Marois, Sud-Ouest.com, 10 juin 2009

jeudi 11 juin 2009, par Laurence

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Vous avez été nommé par Xavier Darcos, avec Daniel Filatre, président de l’université de Toulouse 2, coprésident d’une commission sur un dossier particulièrement sensible, celui de la formation des maîtres. Que faites-vous exactement ?

William Marois. Nous avons constitué une commission qui comprend des institutionnels, des professeurs, des inspecteurs, des présidents de jurys de concours, des proviseurs. La mission de cette commission est d’avoir une consultation la plus large possible, puis d’élaborer des propositions. Nous travaillons sur cinq grandes thématiques. La nature et les modalités des concours, la nature des masters et leur adossement à la recherche, l’articulation entre les masters et les concours, la place des stages étudiants dans les cursus de masters, la participation des universités dans la formation continue des enseignants débutants. Nous avons commencé à recevoir des organisations représentatives des personnels. On va continuer en recevant des sociétés savantes, des organisations étudiantes. On travaille fort parce que notre rapport doit être rendu le 15 juillet.

Quel est votre principal objectif, ce qui pose le plus de problèmes dans cette réforme ?

Il faut d’abord que l’on retrouve la sérénité sur ce dossier. Je crois qu’il faut bien articuler, et cela sera l’une de nos principales tâches, ce que sont les nécessités d’un concours de recrutement des enseignants et les exigences d’un master à l’université. Le contenu de la formation dans ces masters sera donc essentiel.

Les futurs professeurs auront-ils une formation concrète, de terrain ? C’est justement le reproche qui était fait à cette réforme...

Il y aura du concret puisqu’il est prévu que les jeunes puissent avoir une part d’observation et de pratique. En master 2, ils doivent même être en responsabilité pour une durée maximum de 108 heures. Il s’agit là vraiment de l’exercice du métier. Et après le concours, il existera une formation continue.

Xavier Darcos a publié des décrets qui organisent la formation des maîtres, sans attendre les résultats de votre commission.À quoi sert-elle alors ?

Le champ de notre réflexion est extrêmement vaste et le décret auquel vous faites allusion ne dit rien sur ce qu’il faut pour être enseignant, et le contenu des masters. Je considère que notre mission reste pleine et entière et nous élaborerons des propositions pour une formation de qualité à l’université.

Il faut aujourd’hui une licence pour passer le concours, pourquoi demain un master, c’est-à-dire une année théorique de plus ?

En réalité, avec une formation en master au sein de l’université, on peut d’abord avoir de meilleures connaissances dans la discipline que l’on enseigne. Mais contrairement à ce qui est dit, cela peut aussi améliorer la connaissance de ce qu’est le métier d’enseignant.

Vous êtes aussi chancelier des universités sur l’académie de Bordeaux.
Cette année se termine au terme d’une grave crise. L’université a-t-elle un avenir ?

L’important est que tous les étudiants, et notamment ceux des universités qui ont été touchées, puissent rattraper leurs cours et passer leurs examens. Je voudrais quand même rappeler qu’une grande majorité des universités ont fonctionné, et que la plupart des enseignements prévus ont pu être donnés. Les perturbations ont existé mais ont touché une minorité d’universités. Malheureusement, ce sont toujours les plus défavorisés qui trinquent dans ces cas-là. Et cela, un certain nombre de meneurs l’ont oublié.