Accueil > Communiqués et textes des syndicats, coordinations, associations, sociétés (...) > La mastérisation : danger ! — Communiqué du syndicat AutonomeSup (22 octobre (...)

La mastérisation : danger ! — Communiqué du syndicat AutonomeSup (22 octobre 2009)

samedi 24 octobre 2009, par Mathieu

La question de la réforme des concours de l’Education Nationale et de ses incidences sur les masters reste pendante depuis la fin juillet et risque de raviver de fortes tensions dans les universités. En juillet, même si quelques questions n’avaient pas encore été réglées (la date des concours, les stages, la formation professionnelle - indispensable - pendant l’année de professeur stagiaire à horaire réduit), de nombreux points avaient fait l’objet d’un consensus.

Les textes publiés cet été ont confirmé que ces concours se situeraient en seconde année de master (ce qui est inévitable pour des concours à bac + 5), sauf pour l’agrégation, dont la préparation se fera après le master (de recherche dans l’esprit des discussions menées d’avril à juillet). Ce dernier point correspond au souhait d’AutonomeSup : une année supplémentaire pour l’agrégation et une véritable initiation à la recherche pour des professeurs amenés à enseigner en lycée, mais aussi dans les formations post-baccalauréat, y compris les premiers cycles universitaires. Depuis, le Ministère a mis en place des commissions dont la personnalité des responsables a pu surprendre (pourquoi désigner quelqu’un qui s’est publiquement opposé aux points d’accord obtenus lors des discussions avec les organisations syndicales ?) et qui travaillent dans le secret : à notre connaissance, elles n’ont pas encore entendu les organisations syndicales. Cette manière de faire ne laisse pas d’inquiéter.

Sur le fond, il faut admettre une grande diversité de masters selon le type de concours : on ne forme pas de la même façon un professeur des écoles pluridisciplinaire, un conseiller d’orientation ou un professeur certifié compétent dans une discipline. On ne saurait couler tous ces futurs collègues dans le même moule d’une seule " école professionnelle ", comme le souhaitent certains pour des raisons idéologiques. Pour les certifiés, il est souhaitable de leur donner une première initiation à la recherche qui leur donnera des méthodes de travail vivifiantes pour rénover leur futur enseignement. Un tronc commun en master 1 (master recherche avec la possibilité pour ceux qui auraient déjà choisi la voie de l’enseignement de suivre des enseignements de renforcement de la discipline dans la perspective des concours et un petit stage passif pour avoir, avant le choix définitif, une vision de l’éducation " de l’autre côté de la barrière ") est donc la bonne solution. La seconde année de master ouvrirait plusieurs voies, dont celle de la recherche (et de l’agrégation l’année suivante) et celle du CAPES (préparation des épreuves écrites du concours au premier semestre ; préparation des épreuves disciplinaires et professionnelles de l’oral avec un stage actif au second semestre). Les étudiants qui échoueraient pourraient soit recommencer, comme c’est actuellement le cas, soit, avec leur master 1 recherche, se réorienter. Dans l’optique du concours écrit à la fin de la première année (contraire au principe d’un concours à bac + 5, mais mise en avant par certains), cette première année serait absorbée par la préparation au concours et ne laisserait ni le temps ni la disponibilité d’esprit nécessaires à une vraie initiation à la recherche et donc à un vrai master universitaire. Cette solution serait la pire car les futurs certifiés auraient un master au rabais, non réellement universitaire, et, dans un grand nombre d’universités, les masters 1 de recherche (et donc les masters 2, et donc les doctorats) ne pourraient pas se maintenir dans les disciplines à concours, faute de candidats : la majorité des étudiants cherche d’abord la sécurité de l’emploi ! Attachée à la qualité de l’enseignement supérieur, AutonomeSup s’opposera à une telle dénaturation des masters.

Les deux Ministères concernés doivent au plus vite clarifier leur(s) position(s) sur ce point capital, vital pour les universités : les universitaires doivent savoir où ils vont… et si la voie qu’on veut leur proposer est compatible avec un véritable enseignement universitaire nourri par la recherche.

Paris, le 22 octobre 2009

Michel Gay, secrétaire général — Jean-Louis Charlet, président