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L’Inrap en grève aujourd’hui - Sylvestre Huet, Sciences2, Libéblogs, 8 décembre 2009

mardi 8 décembre 2009, par M. Homais

Hier, la grève a été votée lors d’une réunion du personnel du siège de l’Institut national de recherches archéologiques préventives.

Lors de cette réunion, à laquelle j’ai assisté en partie, le personnel s’est demandé comment réagir aux dernières annonces gouvernementales sur la délocalisation du siège à Reims. Il a également discuté de l’action en cours dans de nombreuses institutions culturelles, en particulier la grève dans les Musées.

Cette nouvelle action contre la délocalisation de ce siège à Reims survient après que ce projet eut été réaffirmé il y a peu par François Fillon lors d’une visite dans la capitale champenoise. Que pense de cette grève le directeur général de l’Inrap  ? Rien, car, depuis hier, Il n’y a plus de directeur général. Nicole Pot, comme prévu depuis trois ans, a quitté cette fonction vendredi dernier. Frédéric Mitterrand et Valérie Pécresse, qui ont en co-tutelle l’Inrap, ont-ils une panne de stylo  ?

Priver de directeur général un organisme public dont on souhaite l’affaiblissement, comme le montre l’introduction du concept de ­« concurrence » dans les fouilles archéologiques préventives, serait de bonne guerre. Il semble que le successeur de Madame Pot ne soit pas en fonction avant la mi-janvier 2010. Simple retard à l’allumage… ou hésitation compréhensible de l’impétrant devant la volte-face gouvernementale  ?

Depuis l’arrivée de Mitterrand au ministère de la Culture, des signes avaient pourtant été donnés de l’abandon de ce projet assez stupide – compenser le départ de 1 000 militaires de Reims par les 130 personnes du siège national de l’Inrap, sur les 2 000 que l’Institut emploie – par le gouvernement. Sous la pression du bon sens et d’une communauté scientifique en colère, les cabinets des deux ministres avaient laissé entendre au personnel et à la direction que cela allait s’arranger.

Frédéric Mitterrand, en ­visitant les fouilles de diagnostic du canal Seine-Nord, le plus vaste chantier archéologique d’Europe, avait semblé montrer son soutien à l’Inrap. Quant aux élus de la majorité, ils sont « embêtés », soupire le président de l’Inrap, Jean-Paul Jacob. Lequel, tout en soulignant son devoir de réserve, glisse  : « Vous connaissez mon avis sur cette délocalisation… »

Son prédécesseur, Jean-Paul Demoule, lors du pot de départ de Nicole Pot, la semaine dernière et devant un personnel arborant des badges antidélocalisation, présentait ce projet comme « le fruit d’une décision hâtive et peu réfléchie de la précédente administration du ministère ».

Le plus scandaleux dans cette affaire est que tous les observateurs, nationaux et internationaux, considèrent l’Inrap comme une formi­dable réussite. Créer l’Inrap, la redevance archéologique et le paiement par les aménageurs des fouilles, fut une solution efficace pour mettre fin au saccage de notre pa­trimoine archéologique, qui a sévi jusqu’au milieu des années 80.

Même Nicolas Sarkozy, rarement élogieux pour la recherche publique française, rendait hommage, le 13 janvier dernier, « à l’archéologie préventive, cette belle réussite française ». Pourquoi, alors, mettre en péril son équipe nationale, élément clé de ce succès  ?

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