Accueil > Revue de presse > Grand Emprunt et Universités : le couac du Commissaire - Sylvestre Huet, (...)

Grand Emprunt et Universités : le couac du Commissaire - Sylvestre Huet, Sciences2, Libéblogs, 29 janvier 2010

dimanche 31 janvier 2010, par Laurence

Mardi 26 janvier, René Ricol, commissaire général à l’investissement était interrogé à l’Assemblée Nationale sur les modalités de l’emprunt national dont il doit conduire la distribution. A l’une des questions des membres de la Commission des finances, il a fait cette réponse effarante : « Aujourd’hui, des universités françaises postulent au statut d’université d’excellence, alors même qu’elles n’ont pas gardé une seule place de libre pour un étudiant étranger. » Et d’assurer, martial et catégorique, qu’elles n’auront pas un sou du Grand Emprunt sarkozien tant qu’elle seront incapables de sortir de cette situation, alors qu’elles ont été jugées prioritaires dans son utilisation.

Avec un tel niveau d’ignorance des universités françaises de la part du Commissaire chargé de débloquer les fonds, on est mal parti. Il n’existe en réalité aucune université n’accueillant pas d’étudiants étrangers. On les trouve en grand nombre dans les universités. D’après les chiffres du ministère de Valérie Pécresse (lire en doc joint) plus 261.000 étrangers poursuivent leurs études supérieurs en France, la plupart dans des Universités. Entre 1998 et 2007, ce nombre a progressé de 71%. Vous avez dit « attractivité » ? En outre, 12,7% d’entre eux sont inscrits en doctorat, contre seulement 3,5% des Français, et 43,7% en master contre 31,% des Français. Bref, c’est le plus haut niveau de l’Université française, liée à la recherche, qui les attire le plus.

Voici sa réponse complète (ici) : « Aussi, avant de distribuer les crédits qui nous ont été confiés, nous voulons prendre le temps de nous assurer d’évolutions positives. Le guide de notre action sera la capacité des universités à nous montrer comment elles entrent dans un système interactif, à nous décrire les mécanismes qui permettront à un étudiant inscrit dans une université d’excellence d’obtenir, en parallèle à son diplôme français, un diplôme étranger reconnu, à Shanghai ou à Londres, et à nous exposer comment elles participeront ainsi à rendre le système français attractif. Les universités françaises devront nous montrer qu’elles sont capables de réussir une mutation aussi spectaculaire que celle réalisée par cette université italienne qui attire désormais de nombreux étudiants étrangers – chose encore impensable il y a trois ans. Pour juger d’une telle évolution, nous avons besoin des avis de spécialistes étrangers. C’est pourquoi je vais m’efforcer d’attirer dans nos comités Sir Howard Davies, le directeur de la London School of economics. J’ai besoin qu’un spécialiste étranger reconnu indique s’il est prêt à apporter sa reconnaissance à un dispositif présenté par une université, à attribuer une équivalence de diplôme. S’il refuse, le dossier sera rejeté. »

Pour lire la suite