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Verbatim de la 10e séance du séminaire "Politiques des sciences" : "Parlons argent !" (17 mars 2010)

vendredi 26 mars 2010, par Laurence

Robert Descimon, présentation

Je remercie les trois participants qui vont animer ce débat. Un débat dans lequel nous allons parler argent mais en examinant cette question d’une façon qui se veut ample. Trois participants qui sont Jean Fabbri, la « procuratrice » de Mademoiselle Obscure Précaire, qui avait beaucoup fait parler d’elle sur la toile l’an dernier, et une très vieille connaissance pour moi, Henri-Edouard Audier, avec qui j’ai travaillé très longtemps au SNCS.

Nous prenons la suite d’un séminaire, qui est celui de Marcel Gauchet, où il est question de la crise de l’université et dans la culture. Pour Marcel, les réformes que nous vivons à l’heure actuelle, sont des réformes d’ordre civilisationnel, il s’agit de remettre en cause la définition même de nos métiers, en particulier de la fonction publique. Mais je crois qu’on peut dire aussi que la dimension « argent » est déterminante, comme elle l’a toujours été dans le déroulement des réformes.

Je précise que c’est une séance très syndicale et très FSU puisque Jean Fabbri est un ancien secrétaire général du Snes-sup, lequel Snes-sup est une institution qui pèse à l’intérieur de la FSU. Henri-Edouard Audier, quant à lui, a été très longtemps administrateur du Cnrs pour le Sncs et il a été l’un des animateurs depuis le mil des années soixante-dix de ce syndicat qui était, comme le Snes-sup d’ailleurs, autrefois à la FEN.

Jean Fabbri, ancien secrétaire général du SNES_UP

Dans le bref temps de cet exposé, je ne vais pas contextualiser exagérément la problématique « Parlons argent », et je renvoie bien évidemment aux séances précédentes (voir le site du séminaire), à quelques articles que j’ai publiés sur des sujets complètement au cœur de cet exposé ou sur des sujets connexes, sur le site du SNESUP (www.snesup.fr), dans L’Humanité en janvier dernier [1], dans Le Monde en avril 2009, en particulier sur la question essentielle de la création d’emplois statutaires dans l’enseignement supérieur et la recherche [2]. Sur les enjeux de la loi « Libertés et Responsabilités des Universités » de 2007 et en particulier des sciences humaines, on pourra lire ma contribution dans la Revue Européenne « Histoire & Société », novembre 2008.

Mon point de vue est bien sûr celui d’un dirigeant syndical, ancien secrétaire général du SNESUP, de 2005 jusqu’en avril dernier (par choix politique de ne pas m’installer dans ces fonctions). Au-delà, il est clair et sain de dire d’où je parle : je suis avant tout universitaire, mathématicien, maître de conférences, je suis encore le chef de file des élus SNESUP à la fois au CNESER (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) et au CTPU (Comité technique paritaire des personnels de statut universitaire). Je rappellerai que le CTPU a été pour partie un élément majeur de résistance au passage en force de la ministre l’année dernière lorsque le gouvernement voulait démanteler le statut des enseignants-chercheurs. Je suis en poste à Tours et j’illustrerai mon propos avec cette université, en ce qui concerne un certain nombre d’enjeux financiers, Tours étant une université pluridisciplinaire de taille moyenne.

Je vais présenter mon exposé introductif en trois parties : Les faits récents et les chiffres [3] ; une tentative d’analyse et, enfin, l’énoncé d’autres choix possibles.

Les faits récents et les chiffres

Mieux vaut avoir en tête un certain nombre de chiffres, d’ordres de grandeur. Il importe de voir l’ensemble des chiffres et pas seulement ceux distillés par le pouvoir, qui par leur imbrication, servent à la communication du gouvernement, de la ministre en particulier et, quand il le faut, du président de la République. Pour le pouvoir actuel, il s’agit d’annoncer, d’illustrer avec des diagrammes dont les échelles ne sont jamais les mêmes, des augmentations phénoménales.

Le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche pour 2010, c’est 29,1 milliards d’euros. Comme tous les budgets, cette somme se répartit en fonctionnement, investissement, salaires, en autorisations de programmes et crédits de paiement. Ces derniers sont, pourrait-on dire, du consistant, du solide. Ce sont nos salaires, notamment. Les autorisations d’engagement, quelquefois, sont plus floues. En particulier, depuis plusieurs années, on assiste à des annulations de crédits qui sont tout sauf négligeables (270 millions en 2008, 420 en 2009).

Un autre chiffre : la part de la recherche et de l’enseignement supérieur dans le PIB est de 2,32% en 2008. Cela fait maintenant plus de dix ans que l’objectif de 3% est assigné aux pays d’Europe et la France l’a fait sien. Elle en est très loin, puisque de 2,40% notre pays est descendu à 2,16 avant de remonter un tout petit peu. L’objectif de 3% a été encore réaffirmé la semaine dernière, lors de la rencontre des ministres européens de l’enseignement supérieur et de la recherche [4]. Mais il s’agit plus d’une annonce que de moyens véritablement mis en œuvre pour atteindre cet objectif.

Le plan campus lancé après la loi LRU, avant le Grand emprunt, mais avec le plan de relance, représente 3,5 milliards d’euros sur plusieurs années. Cet argent est essentiellement disponible sous la forme de partenariats-public-privé (PPP). Le « Grand emprunt » pour l’enseignement supérieur, et aussi pour une toute petite partie de l’Education, c’est 11 milliards d’euros. Ce ne sont pas des crédits consommables, mais des montants placés sur les marchés financiers. Seuls les intérêts de ces placements sont censés alimenter un certain nombre d’interventions, en particulier sur le domaine immobilier, universitaire. En matière de recherche, le montant est de 8 milliards.

En espérant un rendement de 3,5% de ces 11 milliards, cela rapporterait en gros 300 millions d’euros par an : c’est à peine la dérive annuelle d’inflation sur un budget de 29 ,1 milliards d’euros. Mais il s’agit d’un emprunt. A un moment donné, assez vite, viendra le coût de son remboursement.

Enfin, qu’est-ce que le budget des universités ? J’ai pris l’exemple de Tours. C’est une université de taille moyenne, environ 22 000 étudiants, 1000 enseignants-chercheurs, 300 enseignants, 500 personnels BIATOSS, côté personnels statutaires. Il y a aussi 400 personnels vacataires. Le budget 2009, c’est à dire avant le passage aux Responsabilités et Compétences Elargies (RCE) que la majorité du CA a voté début janvier 2010, s’élevait à 57 millions d’euros. Avec les compétences élargies, donc en intégrant la masse salariale des personnels de statut fonctionnaire, le budget passe à 206 millions d’euros. A côté, Lyon-I, université de taille plus importante, et essentiellement scientifique, dont les engagements ne sont pas de même nature, a un budget de 357 millions d’euros.

Autre élément de débat quand il est « question d’argent », les salaires pour les enseignants-chercheurs. Le salaire net d’embauche, est de l’ordre de 1700 euros ; en fin de carrière pour un maître de conférences hors classe, il s’élève à 3550 euros ; et fin de la classe exceptionnelle d’un professeur, c’est 5000 euros (mais c’est très loin d’être le salaire de fin de carrière de la majorité des collègues eu égard, notamment, à la relative rareté de ces postes).

Maintenant, quelques remarques.

1°) Sur un budget d’à peu près 30 milliards d’euros, pour maintenir le « pouvoir d’achat » de ce budget, avec une inflation de l’ordre de 3%, il faut ajouter quasiment un milliard. Donc, chaque année où les ministres nous annoncent 1 milliard de plus par an, comme il y a 3% d’inflation, c’est en gros un pouvoir d’achat maintenu. Encore qu’il faille regarder de plus près car le gouvernement consacre une part croissante au Crédit Impôt Recherche.

2°) Pour apprécier les chiffres que je viens d’évoquer, il convient d’avoir des éléments de comparaison, des ordres de grandeur. Ainsi, un porte-avion nucléaire coûte 15 milliards d’euros, un avion Rafale : 140 millions d’euros ; le « paquet fiscal 2007 », dont on parle encore, revient à 14 milliards d’euros, la réduction de la tva sur l’hôtellerie-restauration, représente 4 milliards d’euros…les profits semestriels du groupe pétrolier Total, en 2008, c’étaient 5,9 milliards au premier semestre et 6,2 au second. Les profits annuels en 2009 du groupe Sanofi-Aventis s’élèvent à 8,5 milliards d’euros, pendant que ceux de BNP-Paribas atteignent 4,7 milliards. Globalement, pour les entreprises du Cac 40, pour 2009, les profits sont de 49 milliards d’euros. Un autre élément : les bonus des traders sur la place de Paris s’élèvent en moyenne à 250 000 euros par tête.

Pour comparer les salaires de l’enseignement supérieur et de la recherche, j’ai pris pour comparaison les salaires dans la chimie. L’éventail des salaires n’est pas très loin du nôtre : entre 30 000 et 60 000 euros en gros pour 95% des salariés de type ingénieurs/cadres. Si l’on regarde par rapport au salaire terminal annuel pour un professeur de classe exceptionnelle, j’ai déjà cité 5000 euros par mois, en multipliant par douze, vous retombez sur ce chiffre. C’est donc comparable. Quant aux revenus annuels moyens d’un médecin libéral, ils s’élèvent à 81 000 euros. De l’autre côté, le salaire mensuel moyen d’un médecin salarié, est de 3200 euros. Dans le secteur « éducatif » le salaire moyen d’un enseignant du premier et du second degré est de 2050 euros. Enfin le Smic mensuel 35 heures, c’est 1056 euros. Un autre élément d’appréciation est apporté par l’indicateur du rapport entre le salaire d’embauche d’un maître de conférences et le smic, le rapport entre ces deux salaires a décru de 2 à 1,6 et s’est stabilisé à 1,6 entre 1990 et 2010. Il y a eu une très légère reprise après les évolutions indiciaires que je mentionnerai tout à l’heure. Donc voilà pour les comparaisons nationales.

Je n’évoquerai que brièvement les comparaisons internationales pour souligner les écarts sur la part de PIB consacrée à la recherche et aux formations supérieures. D’autres pays, Chine, Inde, Corée du sud, Israël et des pays nordiques voient augmenter de manière continue et même au-delà des 3% leurs dépenses en matière de recherche et d’enseignement supérieur.

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Obscure Précaire

Mlle Obscure Précaire étant retenue à un colloque à Bologne (intitulé “plus vite et plus loin vers une société de l’ignorance”), elle ne peut malheureusement assister à la séance, mais elle est très honorée de l’invitation et me charge de transmettre ses remerciements. Elle remercie également toutes celles et ceux qui ont soutenu sa candidature au Prix Claude Lévi-Strauss l’an dernier.

Je ne représente rien ni personne, ou tout le monde à la fois, puisque Obscure, c’est au bas mot, nous dit-on, 50 000 personnes, et que son Comité de soutien est lui-même un collectif à géométrie et géographie variables, de personnes qui se sont rassemblées spontanément l’an dernier – j’y reviendrai –, et ne prétend représenter personne, ni n’émane d’aucune institution ou autre collectif. Mais j’ai accepté de prendre la parole un petit moment ici pour « parler argent », avec les encouragements et suggestions d’autres membres du Comité de soutien d’Obscure Précaire, eux-mêmes retenus par leurs obligations professionnelles – chacun cette année comme les précédentes, courant la pige et le cachet et gérant les urgences comme il peut, laissant la pauvre enfant à son triste sort : j’ai accepté parce que membre co-fondatrice du comité et co-rédactrice du blog du “prix Clo-Clo” [5], et parce qu’Obscure Précaire est bien née de « parlons argent », et qu’il me semble très important de continuer à porter la question de la précarité dans l’ESR en place publique et d’y réfléchir collectivement – à commencer par la communauté universitaire elle-même, et si possible la société en général.

On peut, justement, d’ores et déjà relever les termes que j’ai employés à l’instant : « courir la pige et le cachet », qui sont pour l’un un terme du journalisme, et pour l’autre, relève du champ sémantique du spectacle vivant : et c’est bien là me semble-t-il un des aspects de la question, déjà relevé dans la séance sur la précarité : à savoir que la précarité de l’emploi se généralise, et de milieux professionnels où elle était « traditionnelle », s’étend à des sphères de plus en plus vastes et de plus en plus inattendues (même si les précaires, eux, y sont incroyablement habitués, pour ne pas dire résignés). Je renvoie là-dessus à l’excellente tribune de Jean-François Bayart [6] l’an dernier, et aux questions que cela pose : est-il raisonnable ?, peut-on sérieusement croire qu’il est efficace ?, de gérer la recherche, les étudiants, les patients hospitaliers, etc etc, comme on gère la production de voitures : à flux tendu ? (Sans parler des effets déstructurants socialement d’une telle gestion, y compris quand on parle de la production de voitures, je pense ici par exemple aux travaux de S. Beaud et M. Pialoux sur les liens entre émeutes urbaines et violence sociale, en particulier celle de l’intérim [7]). La question de la précarité est donc importante pour les conséquences qu’elle a sur la qualité de ce que nous faisons – comme recherche, comme enseignement pour les étudiants, dans nos fonctions administratives, et on peut supposer que cela concerne la société dans son ensemble, surtout quand l’antienne officielle est « société de la connaissance » ; et elle est importante parce que c’est un phénomène généralisé, un « phénomène de société » sur lequel les sociologues du travail se sont penchés depuis longtemps – laissant bizarrement un angle mort sur nos métiers, jusqu’à l’enquête précarité qui a été présentée la dernière fois et dont nous sommes nombreux à avoir été très heureux.

Une autre raison d’accepter l’invitation a été qu’au Comité, à la fin de l’an dernier, nous aurions aimé et n’avons pas pu prolonger notre engagement entre autres par deux actions : l’une se serait appelée « Obscure asticote les mandarins », où elle aurait interviewé universitaires et chercheurs de renom sur leur vision de la réforme qu’ils auraient voulue à la place de celle qui est menée, sur l’université et la recherche françaises telles qu’ils la voudraient dans leurs rêves les plus fous, avec l’idée de constituer ou de contribuer à constituer un lieu de débat et, surtout, de contre-proposition. L’autre action envisagée était une candidature d’Obscure Précaire contre Valérie Pécresse aux élections régionales, mais pensée comme possiblement élargie à tous les précaires et non pas restreinte aux milieux de l’ESR… Ce lieu et cette invitation sont une petite occasion de poursuivre ce double objectif de réflexion et sensibilisation intra et extra-« communautaire ». Faire émerger la question de la précarité comme légitime, massive, et comme posant d’énormes soucis à terme et d’ores et déjà pour les précaires comme pour l’ESR, c’est un commencement… Réfléchir à comment y remédier, aussi : elle est justement tellement partout, et en même temps tellement singulière partout où elle est, que personne ne sait par quel bout la prendre et c’est ainsi qu’elle fait système ; c’est sans doute cette singularité apparente qu’il faut déconstruire ; en présenter ici quelques aspects servira peut-être cette déconstruction, ainsi qu’à situer les enjeux.

En réfléchissant à ce que je pourrais dire ici qui puisse ajouter quelque chose à la séance sur la précarité et au rapport de l’enquête, dont l’un des immenses mérites est d’objectiver et de chiffrer des faits assez atterrants (et de permettre à chacun de contextualiser sa situation personnelle, quand on est précaire), je me suis dit que c’était peut-être de donner une idée plus incarnée, plus « ethnographique » de la réalité de nos situations.

L’un des aspects de l’enfer précaire, c’est qu’il est en permanence piégé, et dans la réalité matérielle, et sémantiquement, et symboliquement : par exemple, je viens de dire que la précarité a des conséquences sur la qualité de notre travail – et je me suis immédiatement dit qu’il ne fallait pas dire ça, parce que c’est faux, parce que nos CV « valent bien les leurs ou les vôtres », parce que nos publications sont souvent d’aussi bonne qualité et aussi nombreuses que celles de certains titulaires, notamment parce que pour survivre il faut étoffer son dossier et que les précaires travaillent donc souvent comme des acharnés.

Et en même temps, c’est vrai, parce que quand on a cinq employeurs en même temps, sur des lieux différents, pour donner des cours différents, à des publics différents, et cours pour lesquels on est recruté au pied levé sans temps de préparation, il est évident qu’on dispense un enseignement moins peaufiné que si on avait eu le temps de le préparer dans des conditions de confort de travail minimal.

C’est vrai, parce que si avec 80 centimes d’euro je (ou vous, ou Obscure Précaire, ou tout un chacun) peux acheter une baguette, avec 10 centimes d’euro, je ne peux pas acheter un huitième de baguette : en deçà d’un certain seuil de financement de ma recherche, ce n’est pas que je vais faire une recherche moins aboutie, c’est que je ne peux pas faire ma recherche du tout. Avec un contrat de quatre mois, je ne peux pas faire une enquête de terrain, une recherche bibliographique sur l’état des savoirs, et rédiger un rapport : si je vais y arriver quand même, c’est parce que je vais réexploiter tout un travail gratuit que j’aurai déjà fourni en amont et qui aura fait de moi un spécialiste de la question qu’on me pose, ou parce que je vais fournir ce travail gratuit en aval, mais en tout état de cause, ça n’aura pas pris quatre mois. Ce sont de ces seuils qualitatifs là qu’il faut parler, de l’émiettement dans lequel nous sommes – avec lequel nous ne devrions logiquement pouvoir produire que des miettes de recherches, voire pas de recherche du tout.

Et le piège il est là : je (c’est toujours un « je » générique de la famille des cousins d’Obscure Précaire) vais culpabiliser de ne pas avoir fait ma recherche en quatre mois, prendre à mon compte l’idéologie de la performance, me dire que si le contrat n’est pas rempli, c’est parce que je suis mauvais chercheur, etc… : bien entendu, par ailleurs, j’ai été bien formé et socialisé aux normes de qualité du travail scientifique et à l’esprit critique, que je vais parfaitement savoir appliquer à mon propre travail. Neuf fois sur dix, je vais donc le poursuivre à titre gratuit pour le mener à un degré d’aboutissement que je jugerai convenable : parce que mon nom, mon honneur et ma dignité sont en jeu, par conscience professionnelle, engagement éthique, stratégie professionnelle (espoir d’obtenir un poste un jour), etc. En d’autres termes, les précaires ont intégré l’obligation de résultat, mais oublient d’intégrer l’obligation de moyens – et les titulaires qui les évaluent, souvent aussi, pour les mêmes raisons : on applique à la recherche scientifique les critères de l’évaluation scientifique. C’est-à-dire que même en acceptant le cadre d’une logique de production et d’organisation du travail scientifique selon la logique économique du marché, là où dans toute autre sphère de production il serait évident qu’avec des noyaux de cerises on ne peut pas produire une tarte aux cerises, mais seulement une tarte aux noyaux de cerise, dans la recherche, c’est comme si tout le monde attendait des tartes aux cerises avec comme matière première des noyaux de cerises. Et le pire, c’est que la plupart du temps, ça marche. Ce n’est pourtant pas le miracle de l’eau qui se change en vin ou de la multiplication des pains. Forcément, cela a un coût, mais ce coût il est caché… dans le quotidien précaire.

Obscure Précaire est bien née de “parlons argent”, ou disons du contraste entre la réalité misérable du financement de la recherche en anthropologie en France aujourd’hui, et le double langage des opérations de communication autour du centenaire de Lévi-Strauss, puis du prix, dont l’idéologie nous avait proprement ulcérés (je crois que l’expression ” récompensant le meilleur …” dans un courrier interne aux personnels de Valérie Pécresse annonçant la création de ce prix, doté de 100 000 euros, a été une sorte de goutte d’eau). Je pense que nous avions été nombreux à être choqués de la célébration du centenaire de Claude Lévi-Strauss (sans que soit contestée l’importance de son œuvre ou sa postérité), mais choqués du soudain battage médiatique autour de lui, de la pseudo- mise à l’honneur de la discipline, sans qu’il soit fait mention du fait que, jusque dans son propre laboratoire, il y avait de « « « « jeunes » » » » » docteurs de très grande qualité qui candidataient depuis dix ans sans obtenir de poste.

En fait, Obscure est née sur une liste de diffusion d’informations, sur laquelle sont tombées en quelques heures des annonces sur la répression du mouvement de l’an dernier, y compris les répressions physiques par les forces de police, et avec un débat un peu surréaliste sur le décompte des jours de grève et les rétentions de salaire – surréaliste dans la mesure où les gens étaient choqués des méthodes employées et défendaient les titulaires selon l’argument que chacun savait bien que c’était en réalité un énorme surcroît de travail pour tout le monde y compris les titulaires que d’animer ce mouvement et que les jours grévés étaient tout sauf chômés, mais où en même temps les acteurs du débat semblaient pour la majorité précaires, voire totalement bénévoles, et que l’idée même de la réinvention de la caisse de grève pour et par eux, était par définition absurde [8]. Sont tombées au même moment des annonces, dont des annonces d’emploi très scandaleuses et très au service de l’Etat – j’en ai recherché quelques unes qui ont mis le feu aux poudres ce jour-là, je vous les livre :

- un « CFP » d’une revue pour laquelle il fallait payer 550 livres pour être publié ;

- l’annonce de la création d’un : M2 “Développement et Management des Universités” pour mettre en œuvre la LRU [9] ;

- l’annonce de « proposition de mission rémunérée » suivante :

Annonce commentée ainsi :

« Encore de l’abus de ce côté-là :

Un chargé de mission en prospective avec un bagage solide en agronomie, en économie et politiques agricoles, une connaissance ou un intérêt pour la veille, la prospective et l’expertise stratégique, une connaissance ou un intérêt pour les problématiques énergétiques et environnementales, de bonnes capacités de recherche de l’information, d’analyse et de synthèse, un esprit d’initiative, de l’autonomie et une curiosité intellectuelle, des qualités relationnelles et une aptitude au travail en réseau et en équipe, des capacités rédactionnelles et une bonne maîtrise de l’anglais…

Le tout en CDD de 6 mois au tarif du SMIC.

MacDo propose mieux, en fait. »

Puis ainsi :

« à ce tarif là, je peux même repeindre son bureau, tailler ses crayons, torcher ses mômes, amuser sa bergère…

Y a quand même des totos qui doutent de rien… ».

Annonces couronnées par celle de la création du prix Claude Lévi-Strauss« [10].

Un message de la modératrice invita les protagonistes à poursuivre le débat sur les rétentions de salaire dans les couloirs feutrés des boîtes mails, puis est tombé un autre message proposant d’envoyer une candidature collective des précaires au Prix Claude Lévi-Strauss [11]. Réactions enthousiastes. Naissance d’Obscure Précaire. Certaines des réactions étaient déjà, en fait, des témoignages sur la précarité :

Par exemple celle-ci :

« Bonjour à toutes et tous,

Une question à propos de Mlle Obscure Précaire : avec un parcours aussi brillant, peut-elle mener une vie de famille, avoir des enfants par exemple ? Cela n’est pas précisé dans sa bio. Certes, cela parait peu envisageable car le chercheur descend du moine et non du singe comme le commun des mortels, mais pour maximiser ses chances au concours Cloclo, on pourrait peut-être rassurer Mme Pécresse sur ce point et lui dire qu’aucun congé maternité n’aura à être financé par le contribuable si elle est recrutée un jour. »

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Henri Audier, SLR

On assiste depuis 2003 à un chamboulement progressif et complet des finalités, des modes de financement et des structures de la recherche. Si vous prenez la conférence de presse de Claudie Haigneré de septembre 2003 [12] vous trouvez déjà à peu près tout ce qui nous est appliqué aujourd’hui. Et ce dans un contexte de décroissance de la part de la recherche qui lui est consacrée dans le PIB, alors que l’enseignement supérieur quant à lui suit l’évolution du PIB.

Pour donner un ordre de grandeur, la France occupait le 3° rang mondial, dans les années 70, elle était 5° dans les années 80, 7° dans les années 95, elle est 14° aujourd’hui. Par rapport au but affiché de 3% du PIB, le dernier budget, le « jaune » budgétaire, indique que l’on est à 2 ,02 % et, à l’exception d’une petite remontée entre 1997 et 2002, depuis à peu près quinze ans, on décroît constamment. Je crois que la situation est à peu près similaire lorsqu’on regarde le classement pour l’enseignement supérieur. On doit être 30 % en deçà de la moyenne OCDE pour les dépenses par étudiant sachant, au demeurant, que les dépenses par étudiant représentent le double dans les écoles et prépas de ce qu’elles sont dans l’université.

Le budget en trompe l’œil de la recherche et de l’enseignement supérieur

Les budgets Pécresse à cet égard sont assez incroyables. La ministre n’annonce que les bonnes nouvelles. Elle manipule complètement les budgets. Ces annonces oublient totalement de mentionner que chaque année il y a des suppressions de crédits. On a voté un budget le 15 décembre 2009. Le 21 janvier 2010 il y avait déjà un premier train de suppressions de crédits. Et cela n’a été dit par personne. L’an dernier, avec les suppressions, le budget a augmenté de 0,9 %. On est loin des 25 % qu’elle a annoncés à l’Assemblée nationale.

Sans détailler tous ces chiffres, qui sont faciles à trouver tellement les ficelles de la manipulation sont grosses, je crois que ce qu’il faut bien voir, c’est que le budget est un moyen pour changer fondamentalement les structures et les finalités de la recherche. Si vous prenez 2003, vous constatez une baisse de 30 % des crédits de base. Ça a continué de s’affaiblir excepté le petit rebond en 2004 pour les raisons que vous savez. Mais en même temps on a créé l’ANR (Agence Nationale de la Recherche). C’est à dire que cette baisse est en apparence compensée par l’ANR. En ce qui concerne les universités, actuellement les présidents sont contents parce qu’on leur transfère des compétences, donc ils ont plus d’argent et plus de choses à gérer. Ils ne voient pas qu’ils ont été grugés car on leur a transmis là les allocataires de recherche, la PEDR, etc., sans leur donner l’argent correspondant. Mais ils sont contents car ils ont plus d’argent et c’est visible : le budget des universités augmente. Mais, je suis désolé, quand on regarde globalement, c’est faux. Et je vais y venir.

Vous avez une étape de plus avec l’emprunt. Parce que l’emprunt, ce n’est pas le plan campus, cela va beaucoup plus loin. L’emprunt national, la façon dont ça se fait, vise en fait, à l’intérieur de l’ensemble des campus, des PRES (pôles de recherche et d’enseignement supérieur), avec statut ou non d’EPCS (Etablissement Public de Coopération Scientifique) ou de fondation, à cliver horizontalement et à détacher simplement une « élite ». Et en ce sens, je dirais presque, malgré toutes les clowneries de Pécresse sur les 30 % de boursiers admis en Grandes Ecoles, etc., qu’ils sont en train de dépasser le problème grandes écoles/universités au sens où il va y avoir l’ « excellence » qui va regrouper des grandes écoles, des morceaux d’universités, etc., et puis tout le reste, dans lequel il pourra également y avoir des grandes écoles, et qu’on laissera tomber.

L’annonce d’un milliard de plus relève d’une technique d’enfumage classique. Cela ne correspond à rien de tangible. L’ANR aurait ainsi apporté de l’argent frais. D’abord, cela me fait doucement rire d’entendre les SHS dire ça. Je voudrais quand même vous dire que vous représentez 40 % des effectifs universitaires et 3 % des crédits ANR. J’ai fait un petit calcul simple. Je me base uniquement sur les statistiques OCDE ramenées en euros constants. J’ai regardé en 2002 et 2006, c’est à dire qu’en 2006 l’ANR est opérationnelle, en 2002, elle n’existe pas encore. Quand vous regardez ce qu’on appelle les crédits de recherche académiques, vous constatez qu’ils ont diminué de 2 % dans cette période, c’est à dire que l’ANR a été prise sur d’autres crédits. Ces crédits sont ceux des organismes ou de vos salaires parce que, dans la même période, le pouvoir d’achat est descendu d’1 % chaque année. C’est à dire qu’en d’autres termes c’est vous finalement qui payez l’ANR. Les gens qui prennent un contrat ANR payent en même temps leur moyen de travail, car si leurs salaires avaient été revalorisés correctement, l’ANR aurait été beaucoup plus restreinte.

Mais vous pouvez faire la même chose avec le plan campus. Son montant est de 3,7 milliards. Ils ont voulu faire un coup de publicité en mettant d’un seul coup sur le marché 5 milliards d’actions EDF. Si bien qu’au lieu de récupérer 5 milliards, ils en ont récupéré 3,7. Et c’est pour ça que vous verrez que dans le grand emprunt il y a 1,3 milliard qui traîne quelque part, pour le plan campus. C’était pour compléter. Mais le plan campus est une gigantesque escroquerie. Parce qu’il y a de l’argent, certes, mais qu’il va falloir rembourser. Et chaque année cet argent sera remboursé sur les crédits de l’enseignement supérieur et de la recherche. En laissant de côté la question de l’opportunité de l’emprunt, on ne peut malgré tout pas dire que c’est de l’argent en plus. Vous n’additionnez pas votre salaire et vos emprunts. Autrement vous seriez souvent très riches. Voilà à peu près le tour de passe-passe que fait la ministre.

Le grand emprunt, c’est bien pire. Je vous ai dit qu’il y avait eu un collectif budgétaire au 21 janvier 2010. Dès cette année, le grand emprunt va rapporter 500 millions. Vous pouvez vérifier que le collectif du 21 janvier porte sur 500 millions. Eric Woerth a annoncé qu’étant donné qu’il faut rembourser le grand emprunt, à partir de 2011, malgré les promesses faites, au moins pour les organismes et pour les opérateurs de l’Etat, l’emploi descendra de 5 % et les crédits de 10 %. C’est à dire que le grand emprunt on le paye, c’est simplement un transfert de ligne, mais qui permet de faire en sorte que l’on change de politique, que ça soit l’Etat qui décide où et quand il met l’argent.


La vision politique derrière les questions budgétaires

Tout ça pour quoi faire ? Je crois qu’on est dans une vision étroitement utilitariste. C’est l’application de la vieille théorie réactionnaire qui veut que le stock des connaissances est bien assez suffisant, le seul problème c’est qu’on les exploite mal. Conformément à cette vision utilitariste, ils ont brisé tout ce qui était solidarité, approche globale, approche dans le temps. C’est à dire qu’ils ont brisé les laboratoires par les appels d’offres ANR, par équipes, etc., ils ont tenté de briser les organismes, on y reviendra. En même temps, on a remplacé les projets de travail sur le long terme de la recherche par un travail sur projets, c’est à dire sur le court terme, mais en inversant la charge de la preuve. Parce que, quand même, lorsqu’un laboratoire déposait sa demande d’association, il déposait ce qu’il voulait faire. Il s’inscrivait dans rien du tout a priori. Alors, éventuellement il discutait avec son directeur scientifique, etc. Mais là c’est l’inverse, il doit s’inscrire dans un certain nombre de créneaux, sauf les projets dits « blancs », qui sont en fait de plus en plus colorés puisqu’on a commencé maintenant à en faire dix ou vingt sur rubriques. Donc ça, c’est le problème de travail à court terme ou à long terme évidemment avec l’impact négatif qu’un travail à court terme peut avoir sur la contribution d’une recherche au progrès des connaissances. Un autre aspect, souvent sous-estimé à mon avis, c’est la part croissante que prend toute la technocratie engagée, qui n’est évidemment pas neutre. Bien-sûr, il y a l’ANR, bien-sûr il y a l’AERES, mais regardez au Cnrs. Il y a eu un pouvoir du secrétaire général de plus en plus grand. Désormais, le secrétaire général est directeur général adjoint. Et quand vous lisez le rapport Aghion, en laissant de côté les corrélations fumeuses auxquelles il se livre pour appuyer son propos, vous constatez qu’il distingue, au niveau d’une université, le staff scientifique du staff gestionnaire. Puisque, évidemment, étant donné qu’il y a un désengagement financier de l’Etat, un recours de plus en plus grand aux fondations est requis, avec les Fundraisers, etc., et c’est cette direction administrative qui prendra évidemment le dessus.

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Débat

Mary Picone : Je voudrais revenir sur quelque chose qui n’a pas été dite au moment de l’attribution du prix d’anthropologie à Dan Sperber, que je connaissais bien à l’époque où je suis arrivée ici. Disons que l’on a donné ce prix à quelqu’un qui n’est pas ou n’est plus un anthropologue. Il a abandonné l’anthropologie pour entrer dans le cognitif, dans le neurobiologisme qui est un des chouchous de la politique actuelle. C’est un point qu’il me paraît important de souligner.


Obscure Précaire
 : Tout à fait, il y aurait beaucoup à dire sur l’attribution du prix Claude Lévi-Strauss et de la vision des sciences sociales qu’il reflète. Par ailleurs Dan Sperber a soutenu Obscur Précaire dans son discours de remerciement après réception du prix. Mais cela pose des questions dont Christian Topalov aurait pu parler plus longuement s’il avait été là.

Emmanuel Brassat : Je voulais vous répondre sur une question. Vous vous étonnez qu’il y ait constitution d’une sorte de bureaucratie de management et de gestionnaires, qu’on va payer largement pour contrôler les politiques en matière scientifique. Mais justement, pour contrôler le milieu des savants, qui sont indépendants de ces gestionnaires, il faut contrebalancer le rapport de force, c’est à dire il faut créer une bureaucratie qui va avoir le pouvoir de décision sur eux, qu’ils ne contrôleront plus et sur laquelle eux-mêmes n’auront plus de pouvoir. Une bureaucratie qui soit suffisamment rémunérée en n’ayant d’autres intérêts que de mener ces politiques. Il faut les rémunérer pour qu’ils les mènent en étant totalement désolidarisés des milieux scientifiques et des milieux de la recherche. C’est un processus assez classique de prise de pouvoir, de prise de possession dans les organisations sociales. Il faut qu’ils soient rémunérés et très bien rémunérés pour faire ce boulot-là et qu’ils n’aient aucun scrupule. De toute façon, n’ayant pas de compétences particulières en matière de recherche, ils seront d’autant plus attentifs à favoriser leurs propres intérêts en menant à bout le plus résolument possible ces politiques qu’ils n’ont d’autre raison d’être ce qu’ils sont et de tenir leurs avantages sociaux et leurs privilèges que du fait qu’ils en sont les directeurs et qu’on leur demande de mettre au pas la recherche scientifique sous le biais de ces politiques. Cela me semble être un processus très classique de dépossession des personnes.

Elie Haddad : La création de la technocratie est évidemment indéniable, mais ça va de pair quand même avec une participation active de collègues. Dans le rapport d’étape du CDHSS (Conseil pour le Développement des Humanités et des Sciences Sociales) de janvier 2010 on retrouve tout ce que vous avez dit depuis la création de l’Alliance jusqu’à la division par tâches du travail des enseignants-chercheurs, et l’on voit bien où ça va pour ce qui est de la rémunération, et d’autres aspects sur l’excellence, etc. Et la composition de ce CDHSS ce sont des collègues. Il y a donc un point important, qui est que la bureaucratie ne fonctionne pas…

Henri-Edouard Audier : Si, ça fonctionne très bien, parce que si tu lis bien le rapport, tu verras qu’il a une conclusion : « on veut émarger au Grand emprunt ». Et donc ils font les élèves sages. Tout au long du rapport, ils disent : « ça c’est bien, ça c’est bien … L’ANR, c’est bien, l’AERES, c’est bien ». Il n’y a qu’une chose qui ne va pas à leurs yeux, c’est le CNRS. Tout est bien par rapport à ce que voulait Pécresse. Et donc, quelque part, ce rapport, je vous encourage à le lire comme un roman policier, c’est à dire par la fin, et vous verrez une fois que vous avez compris ça, eh bien que l’on est dans un système où l’on achète tout le monde. Et du reste Mme Maurel (présidente du CDHSS) vient d’obtenir un poste important, la présidence de l’Institut Universitaire de France.

J’ai oublié de donner un chiffre. Ce ne sont ni les banquiers, ni les traders, etc., mais Le Point a publié les salaires des écoles de commerce. Trois ans après la sortie de l’école, le salaire annuel moyen d’un diplômé de HEC est de 70 000 €. Vous pouvez calculer le nombre de PES (prime d’excellence scientifique) qu’il vous faudra pour atteindre ce niveau là parce que, somme toute, ils imaginent que la thèse est au-dessus de HEC. C’est très nettement supérieur au salaire d’un maître de conférences avec quinze ans d’ancienneté. Quelque part, les salaires que l’on donne à une profession sont liés à l’importance qu’accorde le pouvoir à l’activité sociale correspondante.

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[1Cf. L’Humanité, « un monde universitaire diversifié et ouvert », 21 février 2009 (http://tinyurl.com/yj3uehn) et 22 janvier 2010 « Les enjeux politiques d’un moment à la dimension collective indéniable » (http://tinyurl.com/yk2l6ru).

[2Le Monde, « Université : sortir de la crise par l’emploi », 9 avril 2009. Voir également Libération (débat avec Valérie Pécresse) 30 mars 2009. Le débat est disponible ici

[3Les données chiffrées proviennent du site du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ou de l’INSEE

[4Il s’agit de la Conférence des Ministres de l’Education de l’Union Européenne, qui s’est tenue du 11 au 14 Mars 2010 à Vienne, en Autriche.

[6« Le mouvement des chercheurs et universitaires doit maintenant « monter en généralité », Mediapart, 25 février 2009 Par Jean-François Bayart

[7Beaud Stéphane & Pialoux Michel, Emeutes urbaines, violence sociale. Genèse des nouvelles classes dangereuses, Paris, Fayard, 2003.

[8Pour apporter un complément de regard à la séance « précarité », je pense que le mouvement de l’an dernier a mobilisé de nombreux précaires, mais qu’ils n’y étaient pas tellement visibles parce qu’ils n’y étaient pas en tant que précaires, mais en tant que professionnels de l’ESR, « collègues parmi d’autres » comme en temps ordinaire, et à ce titre de citoyens soucieux de l’intérêt général, se considérant peut-être comme citoyens particulièrement informés et sensibilisés aux enjeux de cette réforme-là. Ce serait peut-être un point à travailler quant aux accusations de « corporatisme » qui ont été portées contre le mouvement. Rendre plus visible la présence des précaires relève peut-être bien de l’intérêt de tous.

[9« Cher(e) Collègue,

Je me permets de vous contacter pour vous informer que l’IAE Gustave Eiffel de Paris 12 ouvre un

M2 « Développement et Management des Universités » en septembre 2009.

Ce master vise à former des cadres de haut niveau capables d’accompagner les transformations profondes que connaît actuellement le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche (renforcement de l’autonomie des universités, réformes menées pour accroître la qualité des formations du supérieur et de la recherche scientifique, internationalisation de la concurrence…). Il s’agit notamment de répondre aux nouveaux besoins des universités en compétences managériales suite à la mise en place de la loi L.R.U..

Si vous jugez que cette formation est susceptible d’intéresser les étudiants qui terminent leur M1 au sein de votre UFR, merci de les informer de l’existence de ce nouveau diplôme. A cet effet, vous trouverez ci-joint la brochure de présentation de la formation ainsi que la liste de ses enseignements et intervenants.

Je me tiens à votre entière disposition pour tout renseignement complémentaire et ou pour tout échange de points de vue sur ce nouveau diplôme.

En vous remerciant par avance de l’intérêt que vous porterez à ce projet, je vous prie de croire,

Cher(e) Collègue, à l’expression de mes sincères salutations. »

[10Paris, le 21 avril 2009

Communiqué de presse

Ouverture des candidatures pour le prix Claude Lévi-Strauss

Les candidatures pour la première édition du Prix Claude Lévi-Strauss sont ouvertes depuis le lundi 20 avril. Les candidats peuvent déposer leur dossier sur le site de l’Académie des Sciences morales et politiques (www.prix-cls.fr), qui assure l’organisation du Prix, jusqu’au 29 juin prochain.

Le prix Claude Lévi-Strauss, créé par Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, à l’occasion du centenaire de l’anthropologue, distinguera cette année pour la première fois le meilleur chercheur en sciences humaines et sociales en activité travaillant en France, qu’il soit ou non de nationalité française.

Le lauréat sera désigné par un jury indépendant de neuf personnalités scientifiques membres, cinq français dont quatre académiciens, et quatre chercheurs étrangers. Ce jury a été composé sous la responsabilité de l’Académie des Sciences morales et politiques. La Présidence de ce Jury nommé pour trois ans sera assurée par Raymond Boudon. Le lauréat du Prix Claude Lévi-Strauss recevra son prix, d’un montant de 100 000 euros, des mains de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche le 29 juin prochain.

Ce prix qui sera remis chaque année, vise à soutenir l’excellence de la recherche française en sciences humaines et sociales, et de la doter d’un instrument de reconnaissance. Il s’inscrit dans le cadre d’une politique globale de valorisation de la recherche en sciences humaines et sociales, avec notamment la création d’un Campus à Condorcet qui constituera l’un des premiers pôles européens d’enseignement et de recherche en sciences humaines et sociales.

Contact Presse : Service Communication et Presse de Valérie Pécresse – 01.55.55.85.30 »

[11« Bonsoir à tou-te-s,

Pour faire le lien avec un certain nombre des messages qui précèdent : et si on organisait la candidature collective du meilleur anthropologue précaire de France et de Navarre pour le prix Lévi-Strauss, le célèbre X (si si, vous savez, ce diplômé des universités de… – tous nos diplômes, le fameux auteur de… (toutes nos publications), celui qui a enseigné à… (toutes nos fonctions d’enseignement) et soutenu une si belle thèse sur… (toutes nos thèses), et que vous avez certainement rencontré à… (tous nos colloques), et qui travaille actuellement sur… (tous nos projets), etc ?!

Il se passerait quoi ? »