Accueil > Revue de presse > Entretien de P. Dubois avec G. Molinié, président de Paris IV, blog EducPros, (...)

Entretien de P. Dubois avec G. Molinié, président de Paris IV, blog EducPros, 29 septembre 2010

lundi 4 octobre 2010, par Jean-Paul et Jean-Marie

La charge de travail

“Je ne pouvais imaginer, début 2008, ce à quoi je devrais faire face durant mon mandat : trois mois de pertubations au printemps 2009 avec le mouvement des enseignants-chercheurs, les grands travaux commencés en Sorbonne, les négociations pour la création du PRES “Sorbonne Universités”, le passage aux responsabilités et compétences élargies (RCE) au 1er janvier 2011″.

Les RCE ?

“Passer aux RCE est obligatoire. J’ai combattu la LRU mais je suis républicain : j’applique la loi. Il était important de n’être pas dans les derniers à passer, début 2012, aux RCE. Il n’était pas possible d’y passer avant début 2011. Il a en effet fallu faire un travail colossal (en particulier dans le champ des ressources humaines), recruter des compétences que nous n’avions pas. Je n’attends pas grand’chose du passage aux RCE, à peine un peu plus de marge de manoeuvre en matière de recrutement et d’affectation des emplois. Ce que j’observe, c’est non pas plus de responsabilités et de compétences, mais un contrôle croissant du ministère et du rectorat. A la limite, nous nous trouvons seulement libres de gérer la pénurie”.

L’élection du Président ?

”J’ai été élu une première fois par un collège électoral de 120 conseillers ; j’ai été réélu par un CA de 20 conseillers (dont 3 étudiants seulement). Les CA LRU donnent moins de légitimité aux présidents élus. Je n’apprécie pas non plus le scrutin de liste avec bonus pour la liste majoritaire, ne serait-ce que de quelques voix : ce type de scrutin politise l’élection du président”… “Dans la situation actuelle, c’est mieux que les personnalités extérieures ne participent pas à l’élection du président, car elles sont cooptées par le CA sur proposition… du président. Ce pourrait être différent si le collège électoral élisant le président était plus large”.

Le pouvoir de veto du président ?

“A l’usage, je me demande : ai-je plus de pouvoirs que durant mon premier mandat ? Ce n’est pas si sûr ! J’ai combattu la loi LRU sur ce point. Au cours de mon premier mandat, j’ai demandé une seule fois au CA de casser la proposition de recrutement faite par une commission de spécialistes ; le CA m’a suivi. Depuis l’instauration des comités de sélection, je n’ai jamais exercé de droit de veto sur les recrutements“. Un président sur-puissant ? “Encore aujourd’hui, ce n’est pas difficile pour un conseil d’administration de mettre en difficulté un président ; il suffit que le CA ne vote pas le budget” ! Seriez-vous partisan de la possibilité pour le CA et/ou les 3 conseils de voter une motion de censure amenant le président à démissionner ? “Je n’ai pas pensé à cette possibilité”. Le décret de juin 2010 sur la prime des présidents ? (chronique : “La CPU, chronique d’une mort annoncée“). “Les primes de président ont toujours été d’un niveau ridicule. Nous exerçons une responsabilité colossale dans tous les champs de l’activité universitaire et nous sommes pénalement responsables. L’augmentation des primes est justifiée. Bien entendu, la partie de la prime liée aux objectifs fixés par le ministre est stupide. Nous n’avons pas à être sous la dépendance du ministre ; nous sommes élus et non nommés. Je tiens à défendre la fonction de président et son autonomie, même, si, bien évidemment, le président doit mettre en oeuvre les lois votées”.

La performance, les indicateurs de performance ? (chroniques sur le “financement selon la performance“).

“Mesurer la performance est une bonne idée en soi. D’accord également avec la perspective d’un financement selon la performance certifiée. La répartition des dotations entre les universités s’est toujours faite jusqu’ici selon des critères opaques. Avoir des indicateurs est un progrès mais il faut bien sûr - je suis professeur de rhétorique - discuter de l’idéologie qui est derrière la mise en avant de la performance”.

“Qu’est-ce par exemple que la performance d’un hôpital ? Il faut garder l’esprit critique !… Les indicateurs, c’est aussi de la cuisine pour la négociation du contrat quadriennal. Selon les modes de calcul ministériels, nous sommes au-dessus des niveaux attendus ! Mais qui fixe les niveaux de performance attendus ? Prenons un exemple, celui de la préparation aux CAPES. Avant, on mesurait la performance en fonction du nombre d’admissibles ; si on garde le même indicateur alors que le nombre de postes mis au concours diminue fortement, on pourrait conclure que nous sommes devenus moins performants. Il est clair dans les temps qui viennent que des reçus-collés aux CAPES seront recrutés pour effectuer des remplacements. Observant ceci, un indicateur de performance pourrait conclure à la fort faible performance de nos préparations aux CAPES” !

Pour lire le début de l’entretien (consacré à la carrière de G. Molinié) et la suite de ll’entretien consacré au PRES Sorbonne Universités