Accueil > Pratiques du pouvoir > Positions de la CPU > Lettre de la CPU n° 59 - 10 décembre 2010

Lettre de la CPU n° 59 - 10 décembre 2010

dimanche 12 décembre 2010, par Mathieu

Pour lire cette lettre sur le site de la CPU

Deux trios pour un bureau

C’est une grande satisfaction pour le bureau sortant que la direction de la CPU paraisse aujourd’hui un enjeu suffisamment important pour susciter deux candidatures. Beaucoup ne donnaient pas cher de l’unité de la CPU en 2009 lorsque la crise universitaire de ce printemps là et la différenciation croissante - et surtout de plus en plus reconnue - des différents profils d’université pouvaient paraître menacer l’unicité de représentation de notre communauté de présidents.

Rien n’est jamais joué mais une des leçons de la dernière période est que ce contexte de différenciation accrue des universités exige une CPU plus forte, plus autonome et plus organisée, capable de négocier pour tous et de représenter les intérêts de l’ensemble des universités. Toute notre action pendant deux ans (voir le bilan) a visé trois objectifs :

- faire de la CPU un acteur incontournable non seulement pour le ministère et les pouvoirs publics mais aussi pour tous les partenaires politiques, économiques et sociaux qui sont les nôtres, sans pour autant coller au discours politique de quiconque,

- exprimer une vision collective et partagée de l’Université française et plus largement de l’Enseignement Supérieur et de la recherche qui dépasse les intérêts de groupes,

- négocier des accords cadres avec les organismes de recherche, les syndicats, les collectivités territoriales, la CDC, et les confédérations d’entreprises qui permettent à toutes les universités, des plus petites aux plus puissantes, de bénéficier d’un environnement favorable pour leurs propres négociations.

Autonomie des universités et de la CPU (par rapport aux gouvernements et aux forces politiques, quelles qu’elles soient) ne signifie pas dispersion, bien au contraire et nous nous réjouissons de voir que les deux candidatures à la présidence de la CPU se situent dans cette logique d’unité et d’indépendance.

IUT d’Egletons : un site d’avenir !

Le bureau de la CPU a décidé d’ouvrir une rubrique de « success stories » sur la contribution des composantes et en tout premier lieu des IUT au rayonnement universitaire. Dans ce cadre, CPU Infos s’est entretenue cette semaine avec Jacques Fontanille, président de l’Université de Limoges et vice-président de la CPU.


Pouvez-vous nous présenter le centre universitaire Génie-Civil d’Egletons et ses particularités ?

Jacques Fontanille : Il existe à l’Université de Limoges plusieurs sites distants mais celui d’Egletons est certainement le plus dynamique et le plus attractif, bien qu’il ne soit pas le plus important en taille. Il représente un modèle d’avenir car il est centré autour d’une thématique unique et propose tous les niveaux de formations du LMD. Nous y accueillons des étudiants de toute la France et, s’il n’y avait pas de limitation, le nombre d’étudiants accueillis serait en constante augmentation (elle était de 25% environ avant la limitation des effectifs). Ce site a un fort potentiel. Pas seulement pour faire fonctionner ce qui existe déjà mais aussi pour innover et aller toujours plus loin. C’est un pôle de proximité, à échelle locale, mais je n’ai aucun souci pour son avenir.

Comment se passent les relations entre l’IUT et le département de sciences et techniques de l’université ?

JF : L’IUT a été ouvert en 1969 sur le site d’Egletons. La première équipe de recherche a été créée en 1978 et la première formation hors IUT en 1989.
L’IUT et le département de sciences et techniques se sont d’abord développés en parallèle avec uniquement une équipe de recherche commune. Progressivement, les personnels et enseignants ont été regroupés. Aujourd’hui, il y a un responsable de site commun qui est élu. On parle donc maintenant d’un vrai pôle universitaire où le dialogue et la concertation sont permanents. Par exemple, nous avons travaillé en collaboration pour permettre, malgré les fortes restrictions de postes, de centrer les seuls efforts possibles pour l’université sur le site d’Egletons et pouvoir répondre à la demande, qui est forte, en termes de formation. Le gain est tangible par rapport à un simple fonctionnement en parallèle.

Pourquoi ce site ? Les équipes de ce site ne vivent-ils pas mal l’éloignement du site principal de l’université ?

JF : Le pôle universitaire d’Egletons a été implanté sur un site où le génie civil était déjà présent avec un centre professionnel, un lycée professionnel et une plateforme technologique du BTP. Ce site s’inscrit donc dans un vrai tissu économique.
Pour corriger l’éloignement géographique, l’équipe de recherche est intégrée à un laboratoire de Limoges et à un pôle d’excellence de l’université.

Enfin, existe-t-il une réalisation que vous voudriez particulièrement mettre en avant ?

JF : Oui, il s’agit d’une plateforme de formation et de R&D « construction bois et performance énergétique » que nous sommes en train de mettre en place afin de répondre aux nouveaux enjeux environnementaux. Il s’agit d’un pôle de formation et de recherche appliquée qui sera ouvert aux différents professionnels intervenant dans la construction bois.

La quinzaine de la qualité

Sujet difficile, empreint d’une connotation industrielle et entrepreneuriale qui a suscité et qui suscite encore des réserves dans le milieu universitaire, le thème de la qualité attire désormais une affluence qui ne se dément pas d’une année sur l’autre. On a refusé du monde au Forum Européen de l’Assurance Qualité (EQAF), événement annuel qui se tenait à Lyon les 18, 19 et 20 novembre derniers ; le séminaire Qualité organisé conjointement chaque année par l’ESEN et la CPU s’est déroulé lui aussi à guichets fermés les 30 novembre et 1er décembre derniers.

L’EQAF était accueilli pour la première fois depuis sa création en 2007, par un établissement français et il n’est ni fortuit, ni anodin qu’il l’ait été par l’Université Claude Bernard de Lyon, établissement présidé par le Président de la CPU. Se porter candidat à l’organisation de cet événement, c’était marquer l’intérêt de l’ensemble des établissements français pour le sujet et consacrer leur émergence dans un débat où ils se singularisaient jusqu’alors par leur extrême discrétion. Le volume significatif de la présence française (39 personnes inscrites, 23 institutions dont 13 universités, 5 écoles et 5 autres structures -AERES, CPU, CIEP, OCDE, CTI-) contrastait avec la dimension symbolique de la délégation nationale lors des premiers forums, mais la participation est restée en deçà de ce que l’on pouvait espérer : deux interventions en plénière et trois animations d’ateliers. Pouvait-on attendre mieux dans ce cénacle dominé par la langue et la culture anglo-saxonne ? On ne prend pas la parole parce qu’on maîtrise mal la langue du colloque. Ce sont donc la logique anglo-saxonne et ses concepts qui s’imposent.

C’est la première fois que la France s’exprime, notamment à travers le discours de Lionel Collet sur les raisons qui l’ont tenue à l’écart du mouvement, les premières années : un obstacle de nature culturelle et sémantique, le caractère univoque de la notion d’assurance qualité qui renvoie en France exclusivement aux processus de certification alors que l’acception européenne de Quality Assurance est beaucoup plus large. Si les universités françaises s’engagent aujourd’hui plus avant dans la qualité, c’est grâce aux RCE et à l’AERES.

Présenté au Forum de Lyon, le bilan de l’EUA sur l’implantation des ESG dans les établissements (disponible sur le site de l’EUA www.eua.be Examining quality culture : quality assurance processes in higher education institutions) a montré que la situation française, loin d’être atypique, reflète une réalité européenne moyenne. Comme on peut l’observer partout ailleurs en Europe, la qualité s’est désormais frayé un chemin, au delà du ghetto confidentiel et jargonnant des spécialistes, dans les préoccupations des établissements français. La troisième session du séminaire ESEN/CPU sur la qualité, qui a réuni une cinquantaine de personnes pendant une journée et demie, a révélé la présence de plus en plus nombreuse de personnes dont la fonction ou la mission s’articule explicitement autour du management politique ou administratif de la qualité. Voulu moins théorique et didactique que précédemment, ce séminaire a mis l’accent sur l’échange d’expériences et le témoignage de terrain, autour des trois grands chantiers d’application de la qualité, à savoir, les formations, la recherche et la gouvernance. Après une intervention inaugurale de Nadine Lavignotte, présidente du Comité Qualité de la CPU et rappelant les résultats de l’analyse menée sur la vague B en termes de démarche qualité, la plupart des intervenants ont mis l’accent sur la qualité comme mode de management stratégique et mis en garde contre la tentation de la considérer comme un kit de recettes prêtes à l’emploi pour répondre aux exigences de plus en plus prégnantes et multiformes provenant de la société civile. Les outils de la qualité ne prennent sens que par rapport à une ambition stratégique et un projet global. C’est pourquoi les présidents doivent s’impliquer plus fortement sur ce sujet, au sein de la CPU, dans la prochaine mandature.

Corps électoral pour les conseils d’UFR et d’université

Cela fait plusieurs mois que la CPU et l’ADIUT alertent le ministère sur le problème du vote des vacataires dans les conseils d’UFR et d’université.

Avant la loi LRU, ces vacataires ne votaient que s’ils faisaient au moins 64 heures TD d’enseignement dans l’année.

Avec la loi LRU, l’article 3 du décret n°2007-1551 du 30 octobre 2007 dispose : « Sont électeurs dans les collèges correspondants les personnels enseignants-chercheurs et enseignants qui sont en fonctions dans l’unité ou l’établissement, sous réserve de ne pas être en disponibilité, en congé de longue durée ou en congé parental. Les personnels enseignants non titulaires doivent en outre effectuer dans l’unité ou dans l’établissement un nombre d’heures d’enseignement au moins égal au tiers des obligations d’enseignement de référence. »
Le « en fonctions » ne signifiant pas « en poste » cela aboutit à ce que tout vacataire, par ailleurs titulaire de l’Enseignement Supérieur ou secondaire, peut voter et être éligible, quel que soit le nombre d’heures effectuées. Cela ajoute des centaines d’électeurs aux conseils centraux des universités et des dizaines aux conseils d’UFR (IUT et IUFM en particulier).

Ces vacataires à temps « très partiel » peuvent ainsi peser de façon décisive sur la composition des conseils et donc indirectement sur l’élection des directeurs d’UFR et des présidents d’université. Et ce au détriment du poids des personnels accomplissant tout leur service dans l’université.

La correction de cette erreur de formulation et le retour à la situation antérieure sont une exigence de la CPU, pour ne pas dénaturer la démocratie universitaire.