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Communiqué de presse de SLR

9 juin 2008

lundi 9 juin 2008, par Laurence

Nous avons eu connaissance du document intitulé "Point d’étape de la politique du CNRS sur les Instituts nationaux du CNRS", qui sera présenté par la direction du CNRS au Conseil Scientifique du 9 juin et au Conseil d’Administration du 19 juin. Ce texte confirme que la direction du CNRS accepte la demande ministérielle de découper le CNRS en Instituts Nationaux, en laissant volontairement de côté certains secteurs. Dans le document associé ("Horizon 2020", Plan stratégique du CNRS) la direction du CNRS accepte également que ce soit le ou la ministre chargé(e) de la recherche qui nomme les directeurs d’instituts, la direction du CNRS n’ayant que le droit de faire des propositions. Ce démantèlement du CNRS est un des éléments d’une attaque beaucoup plus générale qui porte sur l’ensemble des institutions de l’enseignement supérieur et de la recherche publique, et vise à placer tous les laboratoires, universitaires ou pas, sous la dépendance d’Agences ou d’Instituts pilotés directement par le gouvernement.

Le texte présenté au CS et au CA du CNRS traite du mode de découpage du CNRS. Il comprendrait 6 Instituts :
- l’Institut National de Physique Nucléaire et de Physique des Particules (IN2P3) créé en 1971
- l’Institut National des Sciences de l’Univers (INSU) créé en 1985.
- l’Institut National des Mathématiques et de leurs Interfaces (INMI)
- l’Institut National de Physique et Nanosciences (INPN).
- l’Institut National de Chimie (INC).
- l’Institut National d’Ecologie et Biodiversité (INE)

Selon ce texte, il faudra préciser d’ici fin 2008 le devenir du Département des Sciences du Vivant (SDV) au CNRS, compte tenu du fait que le CNRS ne crée pas d’Institut National de Biologie mais se contente d’une "participation du CNRS au copilotage des nouveaux "instituts thématiques" de l’INSERM". A l’évidence, afin de rendre cette évolution peu lisible et d’affaiblir ainsi les réactions, la direction du CNRS a accepté une disparition en deux temps (juin et décembre 2008) des SDV du CNRS.

Pour le département des Sciences et technologies de l’information et de l’ingénierie (ST2I) du CNRS et la coordination nationale en informatique, le ministère a demandé à la direction du CNRS de rester là aussi dans le vague et de s’entendre avec la direction de l’INRIA pour proposer ultérieurement une structure unique.

Pour les Sciences Humaines et Sociales (SHS), le ministère a imposé un recul à la direction du CNRS, qui avait négocié un Institut de SHS. Dans la nouvelle proposition, la stratégie est la même que pour les SDV : pas de création d’Institut en juin 2008. En version originale : "La légitimité potentielle de transformation du département actuel en un institut national des sciences humaines et sociales est forte. Une telle démarche demande cependant un travail supplémentaire de structuration de ce champ qui devra voir son aboutissement lors de l’établissement du contrat pluriannuel d’objectifs du CNRS." Cette formulation floue et dilatoire ne saurait nous tromper : l’objectif de la direction du CNRS est le même que pour le départements de SDV.

La direction du CNRS continue de céder aux injonctions ministérielles visant à mettre en place une restructuration du CNRS qui transforme cet organisme reconnu internationalement en une coquille vide, ayant perdu toute capacité de mener une politique scientifique cohérente et autonome. C’est la mort du CNRS, crime que le gouvernement cherche à dissimuler par un discours affirmant qu’il marque ainsi sa confiance dans cet organisme et que ce découpage renforcera la cohésion et l’efficacité du CNRS !

Nous sommes décidés à empêcher ce processus de destruction, d’abord en bloquant la tenue du CA du 19 juin, seul habilité, aujourd’hui, à décider de cette restructuration. Une grève administrative qui paralysera le système sera déclenchée immédiatement si cette restructuration devait être décidée le 19 juin ou effectuée à la sauvette cet été. Cette grève pourra prendre des formes multiples : refus des directeurs d’unité de signer des documents administratifs, refus de remettre des rapports scientifiques ou financiers, refus de participer à des commissions d’évaluation pour l’AERES, etc…. Nous ferons également appel à ce moyen de pression, utilisé avec succès en 2004, pour faire aboutir des demandes vitales pour notre système d’enseignement et de recherche en matière d’emploi statutaire et de plan d’urgence pour toutes les universités, et non un nombre limité de campus. Ces questions deviendront en effet brûlantes lors de la sortie des décrets refondant les statuts des enseignants-chercheurs et au moment du vote des budgets, à l’automne, sur les quels nous avons des informations inquiétantes.