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En classe prépa, les filles aussi ont droit à l’internat, Véronique Soulé, Libération, 28 mai 2011

samedi 28 mai 2011, par Sylvie

A l’Education nationale, on n’aime pas être bousculé. Ainsi les filles ne sont admises dans les classes prépas que depuis les années 60 - pour Polytechnique, il faudra attendre… 1972. Mais comme traditionnellement, seuls les garçons y avaient accès, les internats des lycées leur étaient exclusivement réservés. Les filles n’avaient qu’à se débrouiller.

En 2009, un collectif d’associations baptisé « Ouvrons les portes » a tiré la sonnette d’alarme : des lycées ont été construits, surtout en province, avec des internats mixtes, mais les garçons monopolisent encore les deux tiers des places. A Paris notamment, qui accueille de prestigieuses prépas, six grands lycées ont des internats de garçons. Après deux ans de lutte, une bataille vient d’être gagnée : à la rentrée, tous les internats de prépas, dans les lycées publics parisiens, seront ouverts aux filles, mais à un petit nombre. La lutte continue donc jusqu’à la parité…

Pour en arriver là, il a fallu mener une campagne médiatique, faire circuler une pétition, signée à ce jour par 3 300 personnes, alerter les politiques durant la campagne régionale, rencontrer les recteurs et les proviseurs concernés, enfin interpeller la Halde (la Haute Autorité de lutte contre les discriminations). En décembre, celle-ci a donné raison au collectif, estimant que les arguments avancés par les acteurs pour ne rien faire ou presque ne tenaient pas. Une chambre dans un internat de lycée - entre 2 000 et 2 500 euros l’année avec les repas -, soulignait la Halde, revient toujours moins cher qu’un logement dans le privé ou dans un foyer tenu par des religieuses - les « solutions » proposées aux filles. Elles sont donc discriminées. De plus, toujours selon la Halde, les « difficultés pratiques » évoquées par certains proviseurs pour accueillir des filles - les installer dans des ailes séparées, construire des sanitaires pour elles - cachent en réalité « une absence de volonté ».

L’appui des régions, qui financent la construction et l’entretien des lycées et qui, à ce titre, ont leur mot à dire, a souvent été décisif. Ainsi en Ile-de-France, la gauche s’était engagée à en finir avec ces internats non mixtes - certains, rares, sont réservés aux filles - afin de lutter contre toute discrimination mais aussi au nom de la justice sociale. Le fait d’être interne favoriserait la réussite. Or, si elles n’y ont pas accès, les étudiantes de milieux défavorisés se retrouvent avec de longs parcours quotidiens. Vendredi, Henriette Zoughebi, vice-présidente de la région Ile-de-France, s’est rendue dans deux lycées parisiens pour les féliciter d’ouvrir leurs internats aux filles en septembre. Aucuns travaux n’ont été nécessaires. Il suffisait de le vouloir.

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