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Grand emprunt : l’université retient son enthousiasme - Véronique Soulé, "C’est classe !", Libéblogs, 27 juin 2011

mardi 28 juin 2011, par Laurence

Des milliards d’euros, ça fait rêver... Surtout à l’université et dans la recherche où l’on n’est pas bien riches. Malgré tout, le Grand emprunt célébré aujourd’hui par Nicolas Sarkozy suscite nombre de critiques, notamment sur le fait que l’on ignore quand les sommes promises arriveront.

Sur le papier, près de 19 milliards d’euros du Grand emprunt - rebaptisé Investissements d’avenir - sont réservés à l’enseignement supérieur et à la recherche. Parmi ceux-ci,

- 11 milliards vont au supérieur et sont répartis comme suit :

7,7 milliards vont aux Campus d’excellence rebaptisés Initiatives d’excellence (ou Idex pour aller plus vite) : il s’agit de constituer environ dix grands pôles pluridisciplinaires qui, selon ses promoteurs, vont faire rayonner la France alors qu’elle est perdue dans les classements internationaux de type Shanghai,

1,3 milliards vont au Plan campus - à ne pas confondre avec les campus d’excellence précédents, car il s’agit ici essentiellement de rénovation immobilière,

1 milliard va au Plateau de Saclay, le futur grand campus scientifique et technologique qui a bien du mal à se mettre en place, les acteurs étant nombreux et pas d’accord entre eux,
500 millions d’euros vont à un ensemble de projets regroupé sous le terme "Egalité des chances" - comme les "internats d’excellence" destinés aux élèves méritants de milieux défavorisés,

enfin, 500 millions vont à la formation professionnelle - notamment pour l’apprentissage que le gouvernement veut relancer.

- les 7,9 milliards d’euros restants sont destinés à la recherche et répartis comme suit :

3,5 milliards pour renforcer le dispositif de valorisation de la recherche,

2,4 milliards pour des projets en biotechnologie et en santé,

1 milliard pour des projets regroupés sous le terme "laboratoires d’excellence" (ou Labex pour aller plus vite),

1 milliard enfin pour des projets appelés "équipements d’excellence" (ou Equipex...)

Jusqu’ici donc, tout paraît rose. Il faut toutefois préciser que ces sommes ne seront pas versées telles quelles. Pour la grande majorité, il s’agit en effet de dotations en capital, c’est-à-dire de fonds qui seront placés et dont seuls les intérêts seront versés en euros sonnants et trébuchants. Même si cela reste important, on ne parle déjà plus des mêmes chiffres.

Appâtés par ces milliards - ou par ces millions si l’on parle des intérêts - , des dizaines d’universités, d’écoles, d’instituts et de labos, regroupés au sein d’alliances ou de pôles (les Pres), ont préparé des projets à la hâte - les délais étant courts - et concouru aux appels.

On n’entrera pas dans les détails car le dispositif retenu est particulièrement compliqué. Des appels à projets sont lancés pour chaque catégorie - les Idex, les Labex, les Equipex, les IRT (instituts de recherche technologique), les IHU (instituts hospitalo-universitaires), etc -, en deux vagues successives, avec pré-sélections puis sélections ...

À l’issue des premières vagues, des projets ont déjà été retenus. Par exemple, 7 sur les 17 qui étaient en course pour les Idex, le gros morceau.

À mi-parcours, les différents acteurs ne semblent pas plus emballés que ça. Les présidents d’université ou le Sgen-CFDT, qui n’y est pas opposé par principe, se montrent réservés. Le Snesup, premier syndicat du supérieur, SLU (Sauvons l’université) ou encore SLR (Sauvons la recherche), y sont résolument hostiles. Et dénoncent la poursuite de la destruction du service public.

Plusieurs critiques reviennent :

- Quand arrivera l’argent ? Comment être sûr de la somme que l’on aura au bout du compte ?

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