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Précarité : 3 cas toulousains pour Fioraso - Sylvestre Huet, Sciences 2, 30 janvier 2015

samedi 31 janvier 2015, par Pr. Shadoko

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L’emploi des jeunes docteurs et la précarité des jeunes scientifiques demeurent des sujets majeurs de préoccupation dans les labos. Le Monde indique que « Selon une enquête réalisée en mai et juin 2014 par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), seuls 56 % étaient en poste un an après leur thèse. Soit 7 points de moins que l’ensemble des bac + 5 et 6 points de moins qu’en 2012. »

Le blog reçoit régulièrement des témoignages de jeunes scientifiques sur ce sujet. Voici le dernier reçu, envoyé par un collectif toulousain. Il relate trois cas particulièrement révélateurs de la situation et une série d’interpellations à Geneviève Fioraso, la secrétaire d’Etat chargée de l’Enseignement supérieur et de la recherche.

Un CDD de 5 ans, mais en Allemagne

Laurent W. soutient sa thèse d’océanographie en 2010. Il est recruté cette même année pour un post-doc d’un an au CNRS, renouvelé une fois en 2011. Il obtient ensuite un nouveau contrat de CDD chercheur d’un an dans la même équipe. Son supérieur, très satisfait de son travail, souhaite renouveler son contrat mais le CNRS refuse de peur d’avoir à lui proposer un emploi stable ultérieurement. Laurent est alors obligé de faire appel à un juriste du CNRS qui menace l’institut d’aller au tribunal s’il ne fournit pas de raison valable pour ce non renouvellement. Laurent finit par avoir le droit de signer son ultime contrat. Il a aujourd’hui obtenu un CDD de chercheur de 5 ans… en Allemagne.

Thèse, CDD... CAPES ?

Après sa soutenance de thèse en géochimie environnementale en 2012, Geneviève F. enchaîne sur un an d’ATER à mi-temps. Elle termine de rédiger ses articles de thèse pendant son ATER et la période de chômage de 2 mois qui s’ensuit. Elle décroche ensuite un contrat de 6 mois (!) dans un autre laboratoire. Après 1 mois de chômage elle obtient un second contrat postdoctoral de 15 mois dans une nouvelle équipe au cours duquel elle termine la rédaction des articles du précédent contrat. Deux avenants de 2 mois consécutifs lui permettent ensuite de terminer son travail analytique. Geneviève F. rédigera les articles scientifiques de ce dernier contrat sur sa prochaine période de chômage (qui lui servira également de congé maternité). Si elle n’est pas recrutée comme chercheur aux concours cette année, elle partira en post-doctorat à l’étranger pour étoffer son dossier. Cette tentative de rester dans l’ESR sera la dernière. Pour ne plus avoir à changer ses enfants d’école chaque année, et faute d’opportunité dans son domaine, elle devra se résoudre à passer le CAPES.

Quand le prix ne suffit pas

François G. a soutenu une thèse de doctorat en cosmochimie en 2011, travail pour lequel il sera récompensé peu après par un prix scientifique prestigieux. Il obtient par la suite un post- doctorat de 3 ans aux États-Unis, puis il est contraint de rentrer en région Midi-Pyrénées pour des raisons familiales. Faute de poste dans le secteur public, il tente de se réorienter dans le secteur privé. Les dizaines de CV et lettres de motivation ne se solderont que par des refus. Il n’obtiendra qu’une semaine de remplacement en tant que prof de maths dans un lycée professionnel privé à 90km de Toulouse. En 2014, il décroche un contrat d’ATER d’un an à Toulouse, après quoi François, 32 ans, est de nouveau au chômage et repense à la période où ses parents lui recommandaient de faire des études pour avoir un « beau » métier…