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« Aujourd’hui tout est communication » ! » : Amin Khiari (EFAP) - Olivier Rollot, Le Monde, 23 février 2015

lundi 23 février 2015, par Louise Michel

Tout est communication ou tout n’est que communication ?

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Surtout connu pour une école de communication leader en France, l’EFAP, le groupe des écoles Denis Huisman (EDH) comprend également une école de journalisme, l’EFJ, et une autre spécialisée dans la culture, l’ICART. Il y a quelques mois Amin Khiari, ancien Directeur général du Pôle universitaire Léonard de Vinci, l’a racheté à son fondateur, Denis Huisman, 85 ans, avec le fonds d’investissement Platina. Son regard sur une « pépite » de l’enseignement supérieur français.

Olivier Rollot : Il y a six mois vous avez racheté le groupe des écoles Denis Huisman (EDH) avec d’autres investisseurs. Pourquoi a-t-il choisi votre proposition plutôt que d’autres, qu’on imagine nombreuses tant la notoriété de l’EFAP est forte ?

Amin Khiari : L’EFAP est une pépite, une très belle marque qui vient de fêter ses 50 ans et est le fruit d’un travail extraordinaire de son fondateur, Denis Huisman, et de ses équipes. Pendant trois ans nous avons évoqué avec lui de cette reprise jusqu’à ce qu’il décide d’ouvrir un processus de vente extrêmement compétitif pour finalement nous choisir, moi et le fonds d’investissement Platina, parmi d’autres repreneurs. Pourquoi nous ? Je pense que c’est une question de feeling : je sais qu’il a tout particulièrement apprécié le travail que j’avais effectué à la direction du Pôle universitaire Léonard de Vinci et qu’il adhérait au projet de développement que Platina et moi-même avions conçu. Aujourd’hui Denis Huisman est président du conseil de surveillance de groupe et suit nos affaires de près.

O.R : Vous avez commencé à imprimer votre propre marque au groupe ?

A. K : Nous avons beaucoup de chantiers en cours à commencer par une recomposition du management et une refonte des programmes. Pour ces dernier nous sommes repartis de zéro avec toujours en tête ce qui fait l’ADN de nos écoles : la nécessité de donner de la culture tout autant qu’une dimension professionnelle. Nous sommes là pour former des individus à des métiers, pas pour faire avancer la science, grâce à des intervenants exclusivement professionnels et avec beaucoup de cas pratiques et des stages nombreux. Sur les 5 ans du cursus de l’EFAP, 21 mois peuvent être consacrés à des stages.

A l’EFAP en communication, à l’ICART sur le marché de l’art ou à l’EFJ dans le journalisme, nous avons conçus de « belles mécaniques pédagogiques » pour transformer de jeunes étudiants en professionnels. Le tout sur cinq campus à Paris, Lille, Lyon, Bordeaux et New York.

O.R : Le cursus de l’EFAP passe de 4 à 5 ans. Pourquoi cette année supplémentaire ?

A. K : Aujourd’hui « tout est communication » ! Avant la communication ne faisait qu’améliorer l’existant, aujourd’hui on peut tuer une entreprise ou la mettre sur orbite selon la communication qu’on met en œuvre. Il faut donc que les jeunes que nous formons maîtrisent parfaitement tous les outils à leur disposition (médias, publicité, lobbying, réseaux sociaux, télé, événementiel, etc.) pour choisir les plus adaptés dans un environnement multiculturel et hyper sensible aux messages. Nous sommes bien loin de l’EFAP qui formait principalement des attachés de presse. Dans ce cadre nous avons étudié le marché et nous avons constaté que ce passage à cinq ans d’études était demandé par les entreprises.

La première année est consacrée en grande partie à la culture et à la maîtrise du « rapport au langage ». Nous sommes en effet bien obligés de constater que trop de jeunes ne maîtrisent pas suffisamment les subtilités et la puissance du langage. A l’heure des réseaux sociaux et de la communication instantanée à outrance, il convient plus que jamais de faut réapprendre à lire, analyser, décrypter à bien écrire, de façon construite. Il leur faut surtout apprendre à apprendre, car la maitrise du langage est une progression tout au long de la vie. Ensuite ils seront vite en stage grâce à un formidable réseau de 21 000 anciens qui les coachent. La quatrième année se déroule à 100% en anglais avec de nouveaux accords d’échanges internationaux en cours et, probablement, bientôt l’ouverture d’un nouveau campus à l’étranger. Enfin nos étudiants se spécialisent dans un domaine de la communication en cinquième année.

O.R : Vous lancez également de nouveaux MBA.

A. K : Effectivement nous proposons à la rentrée sept MBA spécialisés. A titre d’exemple, à l’EFAP, le MBA Spécialisé Digital Marketing & Business conçu en partenariat avec le HUB Institute (1er think tank digital français) a vocation à être le programme de référence en France sur les métiers de la transition digitale en marketing/communication. Notre offre de MBA Spécialisés est riche de disciplines passionnantes : Communication et stratégies du luxe, Communication et management événementiel, Communication et marketing stratégique, Journalisme et médias digitaux, Marché international de l’art, Ingénierie culturelle et management.

O.R : Tout le monde connaît l’EFAP, et ses 1 800 étudiants, mais on connaît beaucoup moins votre école de formation aux métiers du management de la culture et du marché de l’art, l’ICART, qui en compte il est vrai beaucoup moins, un peu moins de 400. Pourquoi cette discrétion ?

A. K : L’ICART est une école magnifique gérée par des passionnés de la culture qui vivent leur passion sans le faire trop savoir. Et pourtant ils sont positionnés sur un marché en expansion : le secteur de la culture à aujourd’hui une contribution au PIB sept fois supérieur à l’automobile. Le marché de l’art quant à lui ne s’est jamais aussi bien porté avec des ventes records dans le monde entier. Depuis 50 ans l’ICART forme les professionnels de ces industries qui sont quand ils débutent leur cursus, simplement des étudiants avec une passion. D’où la signature de l’ICART : « Une passion, des métiers. ».

O.R : Votre troisième école, l’EFJ, fête ses 10 ans. Mais ne forme pas-t-on déjà trop de journalistes en France ?

A. K : L’EFJ est une école « niche » de seulement 200 étudiants qui peuvent aussi bien travailler dans les médias que dans le journalisme d’entreprise. Avant d’être des journalistes, nous formons surtout des professionnels de l’information au sens large du terme, pour lesquels les perspectives professionnelles sont aussi riche que pour les communicants. Nous prenons le parti de développer deux nouvelles directions dans notre formation : les nouvelles technologies et l’investigation. Les technologies parce qu’aujourd’hui tout le monde est son propre média et qu’un journaliste ne peut plus seulement trouver une information et la fiabiliser, il se doit aussi de la promouvoir. Nous créons pour cela une newsroom parfaitement équipée au sein de notre campus de Levallois et allons même enseigner le code. Cette révolution technologique du métier, l’EFJ l’embrasse en devenant pour ses 10 ans l’Ecole du Nouveau Journalisme.

En même temps nous allons travailler en profondeur sur l’investigation. Pour l’anecdote, nous avons même recruté d’anciens détectives et lieutenants de police judiciaire pour former nos étudiants aux techniques d’investigation !