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Le rapport du CNRS sur l’affaire Jessus attise les passions.

Récapitulatif des articles parus dans la presse écrite et sur le net

samedi 2 juin 2018, par Tournesol, Pr.

Mme Jessus, Directrice de Recherche au CNRS, dirige une équipe dans l’UMR CNRS/SU 7622, au sein de l’IBPS sur le campus Jussieu. Par-delà son activité de recherche, Mme Jessus assume également, depuis plus de quatre ans, la Direction de l’Institut des Sciences Biologiques (INSB) du CNRS. Mme Jessus a également été membre de la commission d’enquête dirigée contre Olivier Voinnet, chercheur star de la biologie végétale, détaché du CNRS à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ) depuis 2010, qui a été sanctionné par ces deux organismes pour avoir pris des graves libertés avec les règles de la publication scientifique dénoncées sur le site collaboratif PubPeer, dont le rapport remis à l’ETHZ prend soin de souligner le rôle positif de PubPeer, souvent méprisé dans le milieu scientifique pour son fonctionnement anonyme.

En 2017, des accusations de méconduites scientifiques ont été portées à l’encontre de C.Jessus, sur le même site PubPeer, qui portent sur d’éventuelles manipulations de données dans 21 figures réparties sur 11 articles dont Mme Jessus est co-auteur et 4 dont elle est dernier auteur.

Le 18 Octobre 2017, le CNRS et l’UPMC diligentent une commission d’enquête dont les résultats qui "blanchissent" C. Jessus sont publiés le 21 février.

Ce rapport du CNRS et de l’UPMC fait, dès sa publication, l’objet de critiques : le journal Le Monde et la publication sur notre site d’une lettre ouverte.

Celle-ci a provoqué des réactions, en sa faveur, du journal Le Monde , du Figaro. Cependant, le PDG du CNRS (Antoine Petit) et le Président de Sorbonne Université (Jean Chambaz) réfutent les accusations de ces chercheurs. Quelques jours plus tard la chefferie des biologistes français une lance une pétition dans laquelle ils tiennent à "protester publiquement et à visage découvert contre le climat de chasse aux sorcières alimenté par cette affaire". "Tout cela est nauséabond, tout cela est loin de la science que nous pratiquons et que nous aimons", déclarent-ils.

Cette pétition déclenche à son tour une réaction d’indignation. Dans un message adressé à la communauté scientifique, Patrick Lemaire s’inquiète "Outre le fait que le ton de ce texte me semble particulièrement inapproprié (et sans nul doute moins nuancé que celui de D. Larousserie qu’il attaque frontalement), et que cibler un journaliste qui fait partie de ceux qui traite la science avec le plus de soin est particulièrement déplacé, le contenu de ce texte est de nature à faire beaucoup plus de mal que de bien. [...] J’ai longuement épluché le premier rapport officiel (et malheureusement anonyme...) et la contre expertise tout aussi anonyme. Le premier rapport d’évaluation est pour le moins bâclé et émaillé de trop nombreuses approximations (pas capables de reconnaitre une RT-PCR...) voire d’omissions embarrassantes.[...] Une des affirmations les plus problématiques de ce rapport, et reprise par le texte de la pétition, est que des corrections dans certains journaux (Development, Journal of Cell Science) ont été acceptées. Elle ne le sont en fait toujours pas, plus de 3 mois après la publication du rapport. [...] J’ai peur que le texte de la pétition, en minimisant voire en refusant toute discussion sur la faiblesse du premier rapport officiel, et en jetant l’opprobre d’une manière extrêmement violente ("nauséabond") sur un des meilleurs (et un des seuls...) journalistes scientifiques de la presse écrite, qui n’a fait que son métier, ne soit interprété comme une tentative de détournement voire d’étouffement de cette affaire par la communauté scientifique.