Accueil > Revue de presse > « La recherche n’échappe pas à la dérive liberticide du gouvernement » - (...)

« La recherche n’échappe pas à la dérive liberticide du gouvernement » - Chronique de Stéphane Foucart, Le Monde, 21 novembre 2020

dimanche 22 novembre 2020, par Elie

Dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde », revient sur la loi de programmation de la recherche, dénoncée avec force pour les risques qu’elle fait peser sur les libertés académiques, l’autonomie de la recherche et la sécurité de l’emploi scientifique.

Chronique. L’action du gouvernement est marquée par une dérive liberticide qui inquiète jusque dans les rangs de la majorité. Cette érosion des libertés, sans doute inédite en France à l’échelle des dernières décennies, va au-delà de quelques dispositions controversées du projet de loi dite « sécurité globale », examiné ces jours-ci par les députés, et sur lequel l’attention médiatique est focalisée.

De fait, il est surprenant que le gouvernement d’un pays démocratique manifeste, dans un même élan législatif, la volonté d’interdire de facto la diffusion d’images des forces de l’ordre par les journalistes et les particuliers, et celle de permettre la surveillance de la population par des drones, dans une étourdissante variété de situations (le recours à la reconnaissance faciale n’étant à ce stade pas exclu).

La recherche n’échappe pas à cette dérive liberticide. Adoptée par le Sénat le 20 novembre, la loi de programmation de la recherche (LPR) est dénoncée avec force pour les risques qu’elle fait peser sur les libertés académiques, l’autonomie de la recherche et la sécurité de l’emploi scientifique.

Sans ce trépied – qui semble acquis depuis l’après-guerre, mais qui est en réalité sans cesse fragilisé –, nous ne saurions pas aujourd’hui que le changement climatique est une réalité, qu’il est causé par nos activités et qu’il représente un danger existentiel pour les sociétés humaines. Nous ne saurions pas non plus que l’intensification agricole est un facteur majeur d’érosion de la biodiversité et que, là encore, c’est un grave péril auquel nous faisons face.

Les exemples ne manquent pas. Plus que tout autre domaine de recherche et parce qu’elles s’affrontent souvent à des intérêts économiques puissants, les sciences de l’environnement tiennent à l’indépendance, à la liberté d’action et de parole du monde savant.

Précarisation grandissante

D’abord, la LPR pénalise de manière extravagante d’éventuelles manifestations ou protestations étudiantes sur les campus (un an de prison et 7 500 euros d’amende) – des chahuts qui font partie intégrante, qu’on le veuille ou non, de la vie universitaire. Elle démantèle les attributions du Conseil national des universités (CNU), chargé de la qualification des candidats aux postes universitaires.

Pour lire la suite.