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Le Medef s’invite dans les facs - Mehdi Fikri, L’Humanité, 6 janvier 2011

samedi 8 janvier 2011

Une convention signée il y a peu avec les présidents d’université lui permet de peser sur la recherche.

Un pacte de dupes. Lionel Collet, président de la Conférence des présidents d’université (CPU), et Laurence Parisot, présidente du Medef, ont signé le 23 novembre dernier la première convention destinée à donner un cadre aux partenariats entre les universités et les Medef régionaux et territoriaux, et les fédérations professionnelles intéressées. Une démarche inscrite dans la loi LRU de 2007, qui laisse les universités trouver les moyens financiers que l’État ne leur donne plus. La convention parle de « favoriser l’emploi des jeunes, la recherche et l’innovation », sans piper mot de la culture en soi ou de l’esprit critique. Le Medef est donc à présent un acteur de taille dans les facs. Pour améliorer « la connaissance mutuelle », le syndicat patronal pourra siéger dans différents conseils d’universités, d’orientation stratégique et autres conseils d’administration des fondations. Désormais, les représentants des entreprises pourront participer aux « décisions stratégiques des établissements d’enseignement supérieur et de recherche », stipule la convention. La réciproque n’est bien sûr pas prévue, et la CPU ne participera pas aux conseils d’administration des entreprises. « En échange », la fac fournira des bataillons de travailleurs précaires et souspayés, voire pas payés du tout, via « le développement de stages à tous les niveaux et dans toutes les filières de formation ». Là encore, le but est, nous dit-on, de « favoriser l’insertion professionnelle ». Au niveau de la recherche, l’université se fait allégrement faire les poches par le privé. Des « contrats associant laboratoires universitaires et industriels » seront créés, ce qui mènera à des diplômes liés aux entreprises et à la « mise en place de portails favorisant l’accès des entreprises à l’expertise de la recherche publique ».


Voir en ligne : L’Humanité