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Lettre de la CPU n° 58 - 26 novembre 2010

vendredi 26 novembre 2010, par Mathieu

Pour lire cette lettre sur le site de la CPU.

Edito

En signant récemment trois accords-cadre importants, l’un avec l’Association des Villes Universitaires de France (AVUF), l’Association des Maires des Grandes Villes de France (AMGVF) et la Fédération des Maires des Villes Moyennes (FMVM), le second avec la Caisse des dépôts et consignations, le troisième avec le MEDEF, le bureau de la CPU a voulu signifier l’importance du rôle économique et social des universités, dans le prolongement du colloque de Brest de mars 2009, intitulé « L’université, acteur économique » et de la signature de sa convention de partenariat avec l’Association des régions de France (ARF).

Au moment où beaucoup de collectivités s’inquiètent des conséquences des réformes en cours sur leurs compétences et leurs moyens et où le programme « Investissement d’Avenir » peut paraître extrêmement centré sur la recherche dite d’« excellence » et sur les grands sites universitaires métropolitains ou franciliens, ces signatures ont valeur de symbole.

Ce ne sont bien sûr que des conventions-cadre incitant les universités à l’action et aux partenariats locaux, avec les organisations patronales et de salariés et avec les collectivités d’implantation. Mais cette incitation est forte et nous demandons aux présidents d’université de prendre toutes les initiatives nécessaires pour créer des conseils des territoires autour de leur université, avancer dans la définition concertée de schémas locaux d’enseignement supérieur et de recherche, rencontrer les partenaires sociaux locaux et régionaux autour des questions de formation initiale et continue, de la valorisation, des doctorants, des stages, de la participation des professionnels aux enseignements, de l’accès à l’emploi des jeunes diplômés.

Aussi fondamentales qu’elles soient, les relations établies avec le monde des entreprises par les filières ou les UFR ne suffisent plus. C’est aujourd’hui à un autre niveau que des relations solides et englobantes doivent être établies avec les réseaux d’entreprises d’une part et ce qu’on appelle « les grands comptes » d’autre part. C’est ainsi que nous valoriserons le rôle de l’université et le ferons évoluer tout en améliorant l’intercompréhension de nos deux mondes.

Nous devons de même travailler avec les élus locaux de nos différents sites à la création de véritables « pôles de proximité » regroupant formation initiale et continue, entrepreneuriat, recherche finalisée, valorisation et prestations vers les entreprises, professionnalisation et insertion, et s’articulant avec les questions d’urbanisme, de vie étudiante, de logement.

C’est dans le cadre de ces relations renouvelées avec les collectivités locales et les réseaux d’entreprises que nous pensons l’avenir universitaire des IUT. Sans nier l’importance des questions budgétaires et autres M93, que ce bureau se sera employé à résoudre autant que faire se peut pendant deux ans, nous considérons que les vraies questions sont celles de l’évolution du niveau L (thème de notre prochain colloque) et de la contribution des IUT, avec les universités, au développement des territoires.

L’exemple du site de Blagnac et de la coopération entre l’Université Toulouse Le Mirail, son IUT et 50 industriels (Voir la dépêche AEF) autour d’un prototype de « maison intelligente » nous semble à cet égard exemplaire. Il nous permet aussi d’annoncer l’ouverture d’une rubrique de « success stories » sur la contribution des composantes et en tout premier lieu des IUT au rayonnement universitaire.

Vers de nouvelles formes d’établissement

Une quarantaine de présidents étaient réunis le 18 novembre 2010 pour débattre des nouvelles formes d’établissement, dans un séminaire organisé par la CPU. Au-delà de la forme juridique, le séminaire a porté essentiellement sur l’évolution des coopérations.

C’est un sujet, comme l’a rappelé Jacques Fontanille en ouverture, sur lequel le bureau de la CPU a souhaité, dès le début de son mandat, organiser une réflexion à travers la constitution d’un groupe de travail sur les PRES, de deux séminaires sur la mise en place et le suivi de la LRU (8 avril et 20 mai 2010), et de ce dernier "jeudi de la CPU" qui portait, non pas sur les seuls PRES, mais bien sur le sens et l’avenir des regroupements d’établissements.

Louis Vogel, Président de la Commission juridique de la CPU et Président de l’Université Panthéon-Assas, a rappelé les différentes formes juridiques qu’avaient prises les 21 PRES existants à ce jour, avec leurs avantages et inconvénients : 17 ont choisi l’établissement public de coopération scientifique (EPCS), forme privilégiée par le MESR, qui l’a considérée dès le début comme un gage de stabilité, de pérennité et d’efficacité dans la gouvernance ; 1 PRES a choisi la fondation de coopération scientifique (FCS), qui permet plus de souplesse notamment dans l’introduction d’établissements privés ; 3 PRES sont en association loi 1901. A ajouter à cela 4 PRES en préparation, et 1 fusion (celle des 3 établissements strasbourgeois) sans constitution préalable de PRES. Il n’y a donc pas de modèle unique : tout dépend du contexte, de l’histoire, de la réalité économique, scientifique ou encore géographique.

Pourquoi se regrouper et pourquoi fusionner ? C’est ce par quoi il faut commencer à s’interroger, souligne Alain Beretz, Président de l’Université de Strasbourg. Ont alors été cités : les bénéfices de visibilité et de lisibilité, le retour à une pluridisciplinarité en recherche et formation d’avant 1970, les bénéfices de coopérations respectueuses des équilibres territoriaux, l’amélioration des conditions de travail et de l’efficience administrative… Pour la FCS Sorbonne Universités unissant une université de lettres, une université scientifique et une économico-juridique, il s’agissait aussi, précise Louis Vogel, de retrouver de la pluridisciplinarité. En général, ce sont les concurrences qui créent les frictions, ajoute Alain Beretz.

Un rapprochement entre établissements ne peut se faire qu’autour d’un geste politique fort, dit Marc Pena, Président de l’Université Aix-Marseille III, et non sous la contrainte. C’est un travail de plusieurs années porté collectivement. A Aix-Marseille, l’idée de fusion est partie de la base, des enseignants chercheurs de disciplines enchevêtrées entre les trois universités.

A Lyon, au contraire tout était déjà partagé, que ce soient les écoles doctorales, les UMR, la valorisation, un tiers des parcours licences… "Mais je suis sidéré par l’impact du label « Université de Lyon », précise Michel Lussault, Président de l’Université de Lyon : cela fait sens à l’extérieur, ce qu’il ne faut pas sous-estimer".

Des modalités de coopération, liées à l’histoire, en constante évolution et expérimentation. Après avoir souligné comment le PRES lyonnais fonctionne en EPCS depuis 2007 et la réalité de cette coopération qui réunit 19 établissements (dont 15 instituts et écoles), Michel Lussault décrit ce que pourrait être l’étape suivante : en 2015, le PRES disparaitrait et laisserait la place à la création d’un nouvel établissement associant l’université (résultat du rapprochement des quatre universités lyonnaises et stéphanoise) et les écoles du site dans un nouvel établissement qui ne sera ni un EPCS, ni un grand établissement, ni une fusion, mais l’« Université fédérale de Lyon », un peu sur le modèle syndical. « Nous allons demander un droit à l’expérimentation, car la notion de fédéralisme n’est pas une pratique courante en France ».

A Nancy, indique Jean-Pierre Finance, Président de l’Université de Lorraine, le PRES a été créé en vue de la fusion des quatre universités, assurant un double rôle : celui de coordonnateur et celui de préparer l’environnement, de constructeur de la future « Université de Lorraine » qui pourrait s’écarter d’une université LRU stricte et adopter les statuts d’un Grand Etablissement , qui permet de respecter la diversité en mettant en œuvre le principe de subsidiarité.

Evolution aussi à Aix-Marseille, décrite par Jean-Paul Caverni, Président de l’Université de Aix-Marseille I et du PRES, et par Marc Pena : un PRES pré-fusionnel, créé en EPCS en 2007 ; une fusion des universités (toutes déjà passées aux RCE) calée sur le calendrier contractuel, le 1er janvier 2012. Puis la disparition du PRES, tout ce qui était délégué au PRES revenant à l’université unique. Et le 1er janvier 2012, création d’un nouveau PRES, avec d’autres acteurs, d’autres universités au delà de l’académie, incluant des pôles de compétitivité, des collectivités territoriales…

Idem pour l’Université de Strasbourg qui souhaite constituer avec l’Université de Haute-Alsace un PRES intitulé « Université d’Alsace » et très orienté vers les universités étrangères voisines.

Mais qu’est ce qu’une université ? Peut-on continuer à appeler université une « université fédérale ou confédérale » ? Y a t-il une protection juridique du terme « université » ? La question se pose aussi de savoir, derrière ces regroupements, quelle est la vie démocratique et comment les personnels et les étudiants sont associés. Une solution consiste à mettre en place, en plus du Conseil d’Administration, d’autres organes de représentativité, Sénat académique, Collegium, Directoire, en précisant bien ce que fait chacun. A Nancy il est envisagé de découper le CEVU en deux : un conseil de formation et un conseil de la vie universitaire.

Jean Pierre Finance conclut en soulignant que la discussion n’est pas franco-française : elle a lieu actuellement dans presque tous les pays européens, que ce soit au Danemark, en Allemagne…

Bilan du colloque annuel de l’EUA à Palerme

Du 21 au 23 octobre s’est déroulée, à Palerme, la conférence annuelle de l’EUA, l’association européenne des universités. Environ 350 participants, présidents ou membres des équipes de direction, - dont une bonne dizaine de français - issus des 800 établissements membres de l’EUA ont discuté pendant deux jours des enjeux de la diversification des profils institutionnels au sein de l’espace européen de l’enseignement supérieur.

Une étude menée par l’EUA montre que la compétition internationale a tendance à pousser les établissements vers une certaine homogénéisation de leurs profils, tandis que l’enracinement dans le contexte local pousse au développement de profils spécifiques. Les établissements se placent entre des demandes et des besoins souvent contradictoires, entre lesquels ils doivent faire leur choix.
Plusieurs exemples ont montré que pour les établissements, l’accueil des meilleurs enseignant-chercheurs devient un point primordial de la stratégie de développement. Ces établissements se mettent activement à la recherche des meilleurs professeurs, offrant des solutions avantageuses et individualisées pour leur recrutement. Ce thème sera d’ailleurs approfondi lors de la prochaine conférence annuelle qui se déroulera du 14 au 16 avril à Aarhus au Danemark.

Avant cette conférence annuelle, l’EUA a rassemblé son « council » qui réunit des représentants des conférences des présidents des pays membres de l’EUA et discute et adopte les positions officielles de l’EUA. Simone Bonnafous, vice-présidente de la CPU, y a représenté la France.

Lors de la séance du « council », l’EUA a présenté notamment une nouvelle position concernant l’assurance qualité dans les universités. Cette position souligne la distinction claire qui doit être faite entre classements et assurance qualité. Contrairement à ce qui se passe dans quelques pays, les classements, comparant les établissements les uns par rapport aux autres, ne peuvent pas être pris par les établissements comme un label de qualité ou comme outils pour rendre des comptes auprès des ministères.
Il a été souligné dans ce contexte que le rapport Trends de l’EUA montre une tendance, dans toute l’Europe, à transformer les instruments d’assurance qualité en instruments de contrôle de la part des ministères. Les universités devront s’opposer à cette évolution en mettant en avant le rôle de l’assurance qualité pour le management stratégique des établissements.
La position de l’EUA devrait notamment servir à préparer la révision des « European Standards and Guidelines for quality assurance » (ESG).

Un deuxième point important débattu lors du « council » de Palerme concernait la coopération avec l’Afrique. L’EUA a mené un projet visant à renforcer la confiance entre universités africaines et européennes. Dans une position conjointe avec l’Association des Universités Africaines (AAU), l’EUA demande une plus forte place pour la coopération universitaire dans le partenariat stratégique entre l’Union Européenne et l’Afrique de 2008. Concernant le suivi de ce projet, la CPU souhaite une implication forte des établissements français, notamment à travers le réseau AUF.

Le prochain président de l’EUA (qui prendra ses fonctions à partir de l’année 2013) sera élu lors de la prochaine conférence qui se déroulera à Aarhus au Danemark du 14 au 16 avril 2011. Il est très important que les établissements français s’y mobilisent. Veuillez donc déjà à présent à noter et réserver cette date !

Consulter le document sur l’assurance qualité sur le site de l’EUA

Consulter également Le "white paper" concernant la coopération avec l’Afrique

A noter sur vos agendas

- La 3e journée des chargés de communication de la CPU, à laquelle les directeurs de cabinet sont également conviés cette année, se déroulera le jeudi 2 décembre de 9h à 17h à la Maison des universités à Paris.
Le thème de cette année, « la communication et l’étudiant », permettra un partage d’expériences sur la communication autour de tous les évènements qui marquent une vie universitaire depuis la pré-rentrée jusqu’à l’insertion professionnelle.

Pour en savoir plus, consultez le programme.

- Le 1er décembre prochain, le bureau de la CPU tiendra sa conférence de presse de fin de mandat. L’occasion pour Lionel Collet, Simone Bonnafous et Jacques Fontanille, de tirer un bilan de deux années à la tête de la CPU.

Journalistes, n’hésitez pas à vous inscrire auprès du Pôle communication : 01.44.32.92.45 !