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"Nous servons d’assurance-chômage aux jeunes qui ne trouvent pas de travail" - Pascale Krémer, Le Monde, 27 mai 2013

mardi 28 mai 2013

À lire ici (ainsi que le reportage à Perpignan là) [1]

Fabrice Lorente, jeune président de l’université de Perpignan, a joué la transparence sur ce sujet sensible des faux étudiants, en acceptant la venue d’un journaliste, alors qu’un vote solennel est prévu à l’Assemblée nationale, mardi 28 mai, pour approuver le projet de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche, qui vise notamment à améliorer les chances de réussite des étudiants.

"C’est une problématique que rencontre l’université française dans son ensemble, assure-t-il. Il est temps que les pouvoirs publics s’en saisissent. Les soixante-dix universités qui ont un taux de réussite plus faible que le nôtre en première année doivent être autant, voire plus impactées..." Mais l’omerta règne, constate-t-il. "Cela ternit l’image de l’université, contrarie le travail effectué pour se forger une image d’excellence."

Ce secret de polichinelle est discuté avec les collègues de Nanterre, Villetaneuse, Montpellier, Toulouse-le Mirail, confie Nicolas Marty, doyen de la faculté de lettres de Perpignan : "Dès qu’on évoque le faible taux de réussite en licence, quelqu’un rappelle que beaucoup d’étudiants ne passent pas les examens..."

"PROBLÈME SOCIAL"

Anne Fraysse, présidente de l’université de Montpellier, admet aussi "ce problème majeur qui monte depuis deux ans avec la crise". Chez elle, 700 étudiants sur 5 000 seraient concernés en première année. "Nous servons d’assurance-chômage aux jeunes qui sont dans un état intermédiaire et qui ne trouvent pas de travail. C’est un problème social qui brouille l’image de réussite de l’université." Les universités d’Aix-Marseille, de Villetaneuse, de Saint-Denis ("marginalement"), ne sont pas non plus dans le déni. D’autres universités préfèrent cacher cette réalité, évitant d’imposer une obligation de présence dans les travaux dirigés.

Dans une grande université parisienne dont le service communication nous a assuré qu’elle n’était pas concernée, une enseignante témoigne, sous couvert d’anonymat : "En sociologie, économie, langues, AES, les incidents se multiplient cette année, avec ces jeunes qui ne veulent pas étudier. Auparavant, ils faisaient profil bas. Désormais, ils perturbent, sont agressifs, nous sommes dans un rapport de force constant. Certains vont jusqu’aux menaces physiques pour obtenir leur feuille d’assiduité semestrielle."


[1Note de SLU : le titre de ce reportage « L’université face à un afflux de "faux" étudiants boursiers » est nettement plus racoleur et nauséabond que le contenu de l’article.