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Universités : pour en finir avec les tours de passe-passe budgétaires - le groupe Marc Bloch, Les Échos, 4 juillet 2011

mardi 5 juillet 2011, par Laurence

Le groupe Marc Bloch réunit 59 présidents d’université, directeurs d’établissement d’enseignement supérieur et de recherche et hauts fonctionnaires

Alors que Valérie Pécresse quitte la Rue Descartes pour Bercy et le Budget, il est judicieux d’examiner la réalité du budget des universités, que le gouvernement actuel se flatte d’avoir considérablement accru. Dès le 28 novembre 2007, le Premier ministre et le président de la Conférence des présidents d’université signaient un protocole affirmant que « le gouvernement s’engage solennellement à accroître le soutien de l’Etat aux universités, à l’enseignement supérieur et à leurs étudiants d’un milliard d’euros par an pendant cinq ans ». Aujourd’hui, on évalue cette hausse à la moitié de ce qui fut promis. Et encore, pour une part, cette augmentation est versée au titre des cotisations patronales... que l’Etat se verse à lui-même, pour les pensions de ses fonctionnaires. Bref, le solde s’élève à peine à 1,7 milliard d’euros. Le tiers de ces engagements solennels.

Seules les promesses ont continué à pleuvoir. Fin 2007, le gouvernement proclamait un second engagement : une augmentation du budget de l’enseignement supérieur et de la recherche de 9 milliards d’euros d’ici à 2012. Malgré la multiplication de tours de passe-passe et d’écrans de fumée, le compte n’y est pas.

Ainsi du fameux plan Campus qui a tant fait parler de lui. 5 milliards investis en faveur de la qualité de vie universitaire, on est forcé d’applaudir. Mais la procédure imposée par le gouvernement -des partenariats public-privé -retarde tout. Cinq ans après, les universités n’ont perçu que 70 millions d’euros. Un peu plus de 1 % de la somme vantée par Valérie Pécresse à longueur de communiqués. Quant aux « programmes d’investissement d’avenir » lancés cette année et qui accordent une place importante à la recherche, il va sans dire que les sommes à verser d’ici mai 2012 seront modestes.

Il y a bien eu des dépenses réelles et nouvelles. Le crédit impôt recherche (CIR) a été réformé au bénéfice des grands groupes industriels. Comme l’ont montré de nombreux observateurs, dont la Cour des comptes et les commissions des Finances des deux assemblées, cette réforme a conduit à des stratégies d’optimisation fiscale et à des effets d’aubaine, sans effets significatifs sur la croissance des dépenses de recherche des entreprises.

Quant au budget 2011 de l’enseignement supérieur, sa hausse est limitée à 1,3 %. C’est moins que l’inflation. Les universités toucheront en fait moins cette année qu’en 2010 ! Côté recherche, les crédits diminuent en euros courants de 20 millions. Heureusement que les artistes de Bercy ont toujours des solutions à tout : les dividendes versés par Areva au CEA seront cette année pris en compte dans le budget, ce qui permet au gouvernement d’afficher une hausse parfaitement virtuelle.

Il est temps d’en finir avec ce jeu de bonneteau permanent et d’engager une augmentation réelle du budget des universités et de la recherche. Ceci réclame de rompre avec le dogme de la diminution du nombre des fonctionnaires. La recherche et l’enseignement sont des entreprises de main-d’oeuvre. Développer leurs capacités réclame d’accroître leurs ressources humaines.

Pour donner aux universités autonomes les moyens de leurs projets sans empêcher l’Etat d’affirmer ses priorités nationales, nous préconisons par ailleurs une augmentation de 80 millions d’euros de « la part contractuelle » de la dotation aux établissements.

Mais la priorité budgétaire réside pour nous dans l’amélioration des conditions de vie et d’étude des étudiants. Et ce d’autant plus que le gouvernement a réduit le budget des CROUS de plusieurs dizaines de millions d’euros. Une politique volontariste d’aide au logement et à la restauration des étudiants exige une inversion de cette trajectoire.

Au-delà, le grand défi à relever consiste à refondre complètement les aides directes aux étudiants, alors que le taux d’accès à l’enseignement supérieur des enfants d’employés et d’ouvriers stagne, voire diminue. 500.000 bourses sont aujourd’hui versées annuellement. Leur montant moyen est de 3.200 euros pour un coût total de 1,6 milliard. En ajoutant autant en aides au logement et en crédits d’impôt pour les ménages favorisés, l’ensemble des aides en faveur des étudiants représente 4,5 milliards.

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