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Débats à gauche sur l’Université et la recherche - Sylvestre Huet, Libéblog "Sciences²", 9 septembre 2011

vendredi 9 septembre 2011, par Elie

Alors que la perspective d’une alternance politique se profile pour 2012, les débats montent sur son contenu : véritable alternative ou simple échange de personnel politique ? Parmi les sujets qui fâchent : l’éducation, l’Université et la Recherche. En témoignent des débats en cours, parfois directs, parfois à fleuret mouchetés parmi les universitaires et scientifiques engagés à gauche, en particulier au PCF et au PS.

Ainsi, cet été, un échange entre un groupe de Président d’universités et de hauts fonctionnaires autobaptisé "Marc Bloch" et un certain Spartakus, plus connus sous le nom d’Henri Audier ex-administrateur élu du CNRS. Le groupe Marc Bloch, sur un blog publié par Les Echos.fr, avait fustigé la politique de Valérie Pécresse, et dénoncé ses "tours de passe-passe budgétaires". On y lit par exemple : « Ainsi du fameux plan Campus qui a tant fait parler de lui. 5 milliards investis en faveur de la qualité de vie universitaire, on est forcé d’applaudir. Mais la procédure imposée par le gouvernement -des partenariats public-privé -retarde tout. Cinq ans après, les universités n’ont perçu que 70 millions d’euros. Un peu plus de 1 % de la somme vantée par Valérie Pécresse à longueur de communiqués ».

Mais, pour Audier, le compte n’y est pas. Il souligne (lire son texte ici) que « ce texte minimise l’ampleur du désastre. » Et lance : « Pourquoi ces silences et ces minimisations ? Pour faire oublier que, du fait d’un corporatisme institutionnel, la majorité des membres de « Marc Bloch » a accepté (inspiré ? négocié ? approuvé ?) l’ANR, l’AERES, la destruction des organismes de recherche, l’explosion des CDD et, corrélativement, cautionné la LRU et cette autonomie-croupion qui fait de chaque président, bon gré malgré (certains ont résisté), des obligés du ministre.

Ce groupe est sans aucun doute hétérogène et ne rassemble pas tous les présidents. Certes, un haut fonctionnaire est tenu à un certain devoir de réserve. Certes, le chantage permanent qu’a exercé Pécresse sur les présidents d’universités a pu brider leur expression. Aussi, ma critique vise-t-elle le contenu de ce texte. Faut-il voir dans ce texte à la fois la volonté de faire oublier la passivité (l’hostilité ?) de beaucoup de ses auteurs lors du grand mouvement de 2009 et celle de limiter l’ampleur des changements aujourd’hui nécessaires ?

Car, au-delà de ces critiques, si texte pose un problème, c’est parce qu’il a l’apparence d’un lobbying organisé par de hauts fonctionnaires et des présidents d’université. Envers qui : contre le pouvoir en place ? Ou envers ceux qui, depuis 2007, se battent contre la démolition et l’asphyxie financière de notre système d’enseignement supérieur et de recherche et espèrent en un changement significatif ?

Le dialogue est encore possible ; il est même indispensable. Mais il doit être clair que le temps où les pauvres grouillots de base se battent et se débattent, dénoncent, analysent et proposent tandis que d’autres écriraient le programme du futur, ce temps là est terminé. On ne va recommencer l’expérience Allègre. »

Puis récemment, cette publication d’un ensemble de sections universitaires du Parti Socialiste, intitulé "Education d’abord". Texte (lire ici) dont on se demande vraiment ce qu’il cache. Il est censé s’adresser aux candidats à la primaire organisée par le PS pour choisir son candidat à l’élection présidentielle. A lire son début, on se dit que les signataires vont signifier à leurs candidats possibles des orientations précises pour permettre de trier ceux qui s’engageraient sur des mesures permettant de réaliser le souhait général. Puis, à le lire jusqu’au bout, on ne comprend plus. Il demeure si vague et si général que tout candidat socialiste peut le signer sans prendre en réalité le moindre engagement. Y aurait-il anguille sous roche ? Un débat souterrain, voire secret ?

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