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François Fillon annonce les lauréats des Idex (et communiqué de Vincent Peillon et Jean-Yves Le Déaut), Sylvestre Huet, Blog Libération, 3 février 2012

samedi 4 février 2012, par Sylvie

Sur le site de Libération

Le premier ministre François Fillon a annoncé les cinq nouveaux lauréats de l’appel d’offre IDEX (initiative d’excellence). Il s’agit d’un programme structurant puisque doté de 7,7 milliards d’euros... mais en capital.

Sans surprise, les gagnants sont : A*MIDEX (Aix‐Marseille University Idex), UNITI (Université de Toulouse), IPS (Idex Paris‐Saclay), SUPER (Sorbonne Université) et USPC (Université Sorbonne Paris Cité). ils s’ajoutent aux trois sélectionnés auparavant Bordeaux, Paris Sciences et Lettres et Strasbourg.

Tous les lauréats sont très contents, et pas les autres candidats (Hésam (avec l’université Paris 1, l’EHESS, l’ENA, etc.), Lyon, Grenoble et Lorraine) qui ont donc travaillé plus pour ne rien gagner. Et les porteurs de ces projets font mine de croire que l’alternance politique qui se profile n’y changera rien. D’ailleurs, les propos de François Hollande sur ce point leurs donnent plutôt raison. (Le PS me fait savoir qu’il n’est pas d’accord avec cette appréciation, je publie donc son communiqué en fin de note, communiqué plus clair que le candidat qui parlait d’accélérer les IDEX)

Ce matin, au téléphone, Pierre Veltz, Président-directeur général de l’Établissement public Paris-Saclay, m’a clairement fait comprendre qu’il n’était pas content du tout de l’article que j’ai consacré à la situation de ce projet, paru dans Libération et sur ce blog, ici. Logique puisque j’y faisais une large part à l’expression des scientifiques et universitaires de la liste "Résistance" qui a gagné les élections au Conseil d’administration de la Fondation de coopération scientifique qui porte l’IDEX Paris-Saclay. Et qui contestent non seulement la marche projet mais certains de ses principes fondateurs.

Pierre Veltz m’a donc assuré que les problèmes étaient résolus. Que cette décision signe la défaite des « conservateurs de toutes tendances ». Que « les synergies sont spectaculaires, tous les acteurs (à part l’Ecole des Mines qui fait défaillance) sont d’accord pour aller vers une « Université intégrée Paris-Saclay : il a été acté que l’ensemble de l’Université serait réorganisée selon six Ecoles - sciences de base, sciences de la vie, médecine, Economie et Sciences Sociales, gestion (business school avec HEC) et l’ensemble des Ecoles d’ingénieurs formant le secteur ingéniérie (l’X, Ensta, Agro Paris-tech Supelec, Centrale, ENS cachan, Institut d’Optique). » Bref, il vit « un grand moment d’optimisme. »
Il en faudra, car, manifestement il reste des problèmes de taille. D’abord, la nature et la gouvernance de l’Universite intégrée, qui est en soit une excellente idée, promue sous le nom d’université confédérale, il y a un an, par le président de Paris-Sud Guy Couarraze. Elles demeurent floues, or en matière d’institutions, le diable git dans les détails. Ensuite, s’il est clair que la folie initiale de Christian Blanc (à l’époque secrétaire d’Etat en charge de l’opération), qui voulait "déménager" toute l’université d’Orsay sur le plateau est abandonnée, le programme nécessaire de sa rénovation n’existe pas. « On fera du coup par coup », avoue même Pierre Veltz, indiquant ainsi le degré très bas de priorité du sujet.
Enfin, le projet vise désormais à une véritable "urbanisation" du plateau de Saclay. Non seulement les arrivées des Ecoles, ou de certains regroupements de laboratoires, mais des cités universitaires, des logements, des commerces... le tout à l’échelle des dix kilomètres du Campus qui s’étendra de Gif sur Yvette (les labos d’origine du Cnrs en sciences de la vie) à Palaiseau. La réussite d’un tel projet suppose un réseau de transport en commun complet - les trois stations de métro prévues pour la liaison Orly/Massy/Versailles, des bus, un réseau de pistes cyclables, peut-être un téléphérique pour accéder au plateau depuis le RER). Le « timing » et la coordination entre transports et construction est donc décisif, reconnait Pierre Veltz. Si des progrès ont été faits, il serait imprudent de considérer aujourd’hui que le décalage déjà prévu entre les premières arrivées et la disponibilité du réseau ne pas pas grandir. Or, on parle au mieux de 2018 pour le métro, de 2015 pour le bus en site propre.

Voici le communiqué de Vincent Peillon et Jean-Yves Le Déaut, conseillers de François Hollande pour l’Education et la Recherche :

Investissements d’avenir : Un nouveau modèle est nécessaire pour éviter le développement de déserts scientifiques en France

Les résultats de la deuxième vague d’Initiatives d’excellence (IDEX 2) ont été annoncés aujourd’hui par le Premier ministre. Nous tenons à saluer le travail très exigeant des nombreuses équipes qui ont répondu aux appels d’offres et félicitons les sites retenus.
L’objectif du Grand emprunt consistant à investir dans la recherche et l’innovation part d’une intention louable : il était sans aucun doute opportun, afin d’initier une sortie de crise, de faire le choix de la connaissance en soutenant nos laboratoires de recherche. A ce titre, nous demandons à l’Etat d’accélérer le versement des crédits promis qui n’a pris que trop de retard. Hélas, la méthode retenue est lourde de conséquences pour l’avenir de la recherche. La mise en concurrence systématique entre les sites concernés, pendant de longs mois, a épuisé les équipes ainsi contraintes de concentrer leurs efforts sur la recherche de financement au détriment de la recherche stricto sensu. En outre, les sommes qui bénéficieront réellement aux équipes sont loin des milliards annoncés, puisque ce ne sont que les intérêts de la dotation qui leurs seront versés.
De surcroit, cette méthode risque de créer un système à deux vitesses avec la constitution de quelques pôles dits d’ « excellence » qui verront leurs moyens considérablement renforcés, et d’autres pôles progressivement dépourvus de moyens de recherche, compromettant ainsi l’avenir des universités dites « de proximité ». Comment accepter le renforcement des déséquilibres entre sites universitaires et que se constituent ainsi de véritables déserts universitaires et scientifiques en France ?
Seuls huit projets sont retenus au niveau national. Ce résultat ne reflète pas la répartition de la science sur le territoire. Seules quatre Universités hors Paris ont été retenues, Bordeaux, Toulouse, Aix-Marseille et Strasbourg. Aucune université n’est donc retenue au nord d’une ligne Bordeaux- Strasbourg. C’est pourquoi nous pensons que la France perd le nord.
Cette logique de concentration excessive des moyens ne peut plus durer. Nous devons porter une grande ambition pour l’enseignement supérieur et la recherche, tout en proposant un nouveau modèle qui privilégie la coopération et la mise en réseaux des forces de recherche. Nous concilierons le renforcement de la recherche et l’équité entre les territoires. La recherche exige du temps, de la confiance et de la stabilité. Tels sont les fondements de la nouvelle politique de recherche que nous entendons construire demain.
Le 3 février 2012