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Réactions à l’arrêté du 3 avril 2020 relatif à la certification en langue anglaise pour l’obtention de la licence

jeudi 30 avril 2020, par Elie

Conseil de gestion de l’UFR Lettres et sciences humaines de l’université de Rouen (30 avril 2020)

Le conseil de gestion de l’UFR Lettres et sciences humaines du 30 avril 2020 demande que l’université de Rouen prenne position contre l’arrêté du 3 avril 2020, qui vise à imposer des certifications en langues par le biais d’organismes privés.Malgré la protestation des sociétés savantes de langues et cultures étrangères et du CNESER (unanimité contre moins 2 abstentions), le ministère a pris le parti de reconnaître le Test of English for International Communication (TOEIC) et le Test of English as a Foreign Language (TOEFL),développés par l’entreprise américaine ETS, ou encore Cambridge Assessment, au détriment du certificat de compétences en langues de l’enseignement supérieur (CLES) directement adossé au Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL), et issu de la recherche publique.Le ministère n’a pas défendu la reconnaissance du CLES au niveau international.En outre, l’arrêté du 3 avril 2020 privilégie une certification en anglais « au moins » (Article 1). Ceci est de nature à tarir la richesse culturelle de l’Europe multilingue. Cette hégémonie de l’anglais vis-à-vis des autres langues européennes va également à l’encontre des accords bilatéraux, leviers de l’enseignement du français à l’étranger et donc de la francophonie et du rayonnement international de la France, tant sur le plan culturel qu’économique.Les diplômes de licences, mention Langues Etrangères Appliquées, Langues,Littératures et Civilisations Etrangères et Régionales, Lettres-langues, Études Européennes Internationales, attestent en soi d’un niveau de langue et de connaissances culturelles suffisamment élevé pour valoir certifications correspondantes. Il n’y a donc pas lieu de recourir à « une évaluation externe » (Article1). Alors que les universités demandent des moyens, pour l’heure largement insuffisants, pour faire face à la crise sanitaire, le projet de loi de finances 2020 prévoit depuis septembre 2019, au titre des mesures prises pour « améliorer les conditions de vie des étudiants », 3,1 M€ pour répondre auxbesoins de certification de 38 000 étudiant·es (licences langues étrangères et appliquées, DUT communication, licence professionnelle commerce international, etc.). Ces certifications privées, qui concerneront à terme 400 000 étudiant·es, vont par conséquent induire une importante dépense au détriment des enseignements de langue, qui sont soumis à l’austérité budgétaire depuis den ombreuses années. Le Conseil de Gestion de l’UFR LSH demande que le CA de l’université adopte une motion sur cette question, que l’université boycotte ces certifications privées et continue d’utiliser le CLES, et que notre Président porte notre voix auprès de la CPU et du Ministère.

Adopté à l’unanimité des 23 votants.


Communiqué du bureau de l’AFEA suite à l’arrêté du 3 avril 2020 sur la certification en langue anglaise

Le bureau de l’AFEA (Association Française des Etudes Américaines) constate que, contrairement à ce que déclarait le président de la République en décrétant le confinement sanitaire – "toutes les réformes sont suspendues" –, les réformes touchant l’université ne le sont manifestement pas. Non seulement l’AFEA et la SAES (Société des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur), mais les sociétés savantes de langues et cultures étrangères réunies au sein du GALET (Groupement des Associations de Langues et d’Etudes étrangères) avaient rejeté explicitement, dès la fin octobre, le projet de certification des langues par des organismes privés, tout en s’élevant simultanément contre toute vision monolinguiste des langues étrangères. Ces sociétés savantes ont signé pétitions et communiqués où elles ont explicité leur refus catégorique de ce qui s’apparente à la fois à un désaveu de nos collègues spécialistes de langues et cultures étrangères pour étudiant.e.s d’autres disciplines, et à un détournement de l’argent public vers le secteur privé, là où le service public est encore - pour combien de temps ? - structuré afin d’assurer cette mission.

En plein confinement, la publication de cet arrêté actant la certification des langues sans tenir aucun compte des spécialistes de la question apparaît à la fois comme une manœuvre déloyale et comme une provocation. Nous n’imaginons que trop bien la manière dont le projet de LPPR continue d’avancer sournoisement [1] , lui aussi, alors que la crise sanitaire actuelle révèle si cruellement les conséquences du néolibéralisme appliqué à l’université et à la recherche (université et CNRS) – cf le témoignage de notre collègue Bruno Canard [2] sur ses recherches interrompues sur le coronavirus, faute de fonds récurrents (Le Monde, 29 fév 2020). Le ministère joue avec le feu en profitant de la crise sanitaire au lieu d’en tirer les leçons. Dès la rentrée, nous saurons faire entendre notre colère.


Certification en langue pour l’obtention de la licence : le point de la SAES

Pour lire sur le site de la SAES.

Vous pouvez lire ici l’arrêté du 3 avril 2020 relatif à la certification en langue anglaise pour les candidats inscrits aux diplômes nationaux de licence, de licence professionnelle et au diplôme universitaire de technologie.

Une pétition contre cette décision a été mise en place par le collectif des enseignants et enseignants-chercheurs en langues.

Lisez ici un texte publié le 8 avril 2020 par la direction de Coordination Nationale CLES concernant l’arrêté.

Communiqué de la SAES février 2019.

Voici la réponse (fév 2019) de la coordination nationale du CLES (certification publique) sous forme de lettre ouverte au Premier Ministre, concernant la mise en place d’une certification en langue pour l’obtention de la licence.

Un certain nombre de collègues impliqués dans le secteur Lansad ont souhaité réagir après l’envoi d’un message par le Bureau de la SAES concernant la certification en langues (voir plus haut) et nous ont fait parvenir un complément. (février 2019)

Le 2 avril 2019 : à l’assemblée nationale, 1 question d’une députée à ce sujet.


Communiqué du GERAS sur la certification en langue

Le Conseil d’administration du GERAS (Groupe d’étude et de recherche en anglais de spécialité) souhaite réagir à la publication de l’arrêté du 3 avril 2020 relatif à la certification en langue anglaise pour les candidat.e.s inscrit.e.s aux diplômes nationaux de licence, de licence professionnelle et au DUT, qui fait suite à l’arrêté du 30 juillet 2018 relatif au diplôme national de licence (articles 10 & 19) et modifie les arrêtés du 17 novembre 1999 (pour les licences professionnelles) et du 3 août 2005 (pour les DUT).

Comme de nombreuses et nombreux membres du GERAS l’avaient rappelé dans une lettre ouverte publiée en mars 2019, nous dénonçons les effets pervers de la mise en place d’un tel dispositif, exigeant de tout.e candidat.e à la licence qu’il ou elle se présente à une certification en anglais, « faisant l’objet d’une évaluation externe et étant reconnue au niveau international et par le monde socio-économique ».

Nous rappelons ici les points suivants :

- Le recours à l’échelle nationale à des entreprises privées afin de certifier les compétences et les connaissances en langues de nos étudiant.e.s constitue une remise en cause d’une des compétences essentielles des linguistes, à savoir leur capacité à évaluer de manière objective et motivée les compétences de leur.e.s étudiant.e.s, développées grâce à la formation qu’ils.elles ont reçue dans leur domaine de spécialité (voir ici le lien vers l’appel à marché public lancé en février 2020 et portant sur la mise en œuvre et délivrance d’une certification en anglais pour des étudiant.e.s inscrit.e.s en licence, BTS et DUT/BUT pour le compte du MESRI).

- Les étudiant.e.s subiront la pression d’une exigence immédiate de réussite à une certification sans doute administrée en ligne, totalement déconnectée de leurs besoins et ne portant que sur un nombre réduit de compétences langagières : nos cours d’anglais de spécialité, alors qu’ils sont construits pour répondre aux besoins spécifiques de nos étudiant.e.s, deviendront des séances de bachotage visant à développer des stratégies à court terme pour réussir des QCM.

- Nos étudiant.e.s ne seront alors plus formé.e.s à affronter les situations de communication en anglais en relation avec leur spécialisation disciplinaire ou lors de leur stage ou de leur recherche d’un premier emploi, ce qui serait contraire aux objectifs premiers auxquels une formation de qualité en langues se doit de répondre.

- La focalisation sur l’anglais, qui va à l’encontre de toutes les préconisations, notamment celles du Conseil de l’Europe, se fera au détriment des politiques de promotion du plurilinguisme au sein de nos universités et établissements d’enseignement supérieur et de recherche.

Aussi, nous demandons, si l’arrêté n’était pas retiré, qu’il soit a minima modifié de façon à laisser aux équipes pédagogiques la liberté de développer des dispositifs de validation des compétences langagières spécialisées ou bien de proposer à leurs étudiant.e.s de passer, s’ils ou elles le souhaitent, une certification en langue spécialisée, qu’elle soit disciplinaire ou professionnelle (anglais médical par exemple, ou espagnol juridique), dans la langue de leur choix, et de leur octroyer les moyens financiers adéquats.

Enfin, nous sommes indigné.e.s par le fait que le gouvernement ait choisi cette période de crise sanitaire et de confinement pour délibérément ignorer notre expertise scientifique en matière d’évaluation des compétences langagières de nos étudiant.e.s, dans le cadre de leur spécialisation disciplinaire et dans la perspective de leur insertion professionnelle, au moment même où nous avons su collectivement, et en un temps record, assurer la continuité du service public en développant massivement l’enseignement et l’évaluation à distance.


[1La ministre, au Sénat le 6 avril : « Le Premier ministre me l’a confirmé ce matin : dès que le calendrier parlementaire le permettra, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche sera soumis au Parlement. Il est néanmoins très important - c’est le sens de l’annonce du Président de la République - que nous puissions lancer les premiers investissements dès 2021, que la loi de programmation pluriannuelle de la recherche ait été votée ou pas. »

[2A lire également ici.