Des chercheurs aux instits, tout l’enseignement défile - Laurent Mouloud, L’Humanité, 29 mars 2009

Sept fédérations syndicales appellent à la grève.

Profs, instits, chercheurs, administratifs… Sept fédérations de l’éducation nationale (FAEN, FERC-CGT, FO, FSU, SGEN-CFDT, SUD éducation et UNSA éducation), ainsi que tous les collectifs universitaires appellent aujourd’hui à la grève et à manifester dans le pays. Tous les étages de la maison éducation nationale seront présents, avec une participation qui s’annonce massive.

Les universités en première ligne. Entré, lundi dernier, dans sa septième semaine de mobilisation, le mouvement universitaire ne faiblit pas d’un pouce. Au contraire même. Il prend de l’ampleur. À l’évidence, la pseudo-négociation sur le statut des enseignants-chercheurs, engagée voilà deux semaines par Valérie Pécresse avec des syndicats minoritaires, aura fait long feu. Déçus, ces derniers grossissent désormais les rangs des opposants. Tandis que la réforme de la formation des maîtres, censée débuter à la rentrée 2009, fâche désormais jusqu’à la Conférence des présidents d’université (CPU) qui a fermement réclamé son report d’un an.

Sur le terrain, l’heure n’est pas, non plus, à la détente. Le ministère dénombre - au minimum - une « trentaine » d’établissements « perturbés » ou « bloqués », notamment à Rennes et Montpellier, sur les 89 que compte le territoire. La situation se tend également dans les instituts universitaires de technologie (IUT). Opposés à la loi LRU, qui menace le financement de leurs établissements, ces étudiants devraient être en première ligne des défilés. Hier, une centaine d’entre eux, venus de l’IUT de Rennes, ont effectué un tour de chauffe. Défilant dans le centre-ville de la cité bretonne avec des masques blancs portant l’inscription : « IUT en danger »…

Du primaire au lycée. Mobilisés depuis l’automne contre les réformes de Xavier Darcos (aide personnalisée, suppression des RASED, nouveaux programmes, évaluations…), bon nombre d’enseignants du primaire devraient de nouveau descendre dans la rue. Selon le SNUIpp-FSU, près de 60 % des instituteurs seront en grève. À Paris, le rectorat annonce un chiffre approchant les 52 %. Dans le secondaire, la question des suppressions de postes (13 500 à la rentrée 2009) est au coeur de la mobilisation. Pour cause : collèges et lycées reçoivent ce mois-ci leurs prévisions de dotation horaire, et peuvent donc mesurer concrètement l’étendue des dégâts… Les profs seront aussi confortés par un récent sondage IFOP qui révèle que 63 % des Français estiment que les suppressions de postes dans l’éducation nationale « affaiblissent le système ».

Accueil minimum pour le SMA. Le ministère se la joue rassurant. Mais, comme le 29 janvier, le service minimum d’accueil (SMA) va buter sur le caractère interprofessionnel de la grève. Plusieurs villes, comme Montpellier, ont déjà annoncé leur intention de ne pas l’appliquer. À Paris, la municipalité invite les habitants à garder leurs enfants chez eux. « Compte tenu du nombre restreint d’agents disponibles, précise-t-elle, le SMA ne pourra être organisé que dans 151 écoles sur les 470 concernées par la grève. »

Laurent Mouloud