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Débat sur l’Université : moins de stress sans Pécresse - Loan Nguyen, étudiante à Sciences Po Rennes, Libération, Dossier "Sortir de la crise", 21 mars 2009

samedi 21 mars 2009

Dans un contexte de forte protestation de la communauté universitaire contre les réformes du gouvernement, l’affrontement redouté n’a pas eu lieu.

* DOSSIER

«  Putain, c’est le bordel dehors ! », s’exclame une jeune femme dans la salle à l’adresse d’un ami. « Ils fouillent tout, c’est sérieux, leur truc », poursuit-elle, visiblement exaspérée par le zèle sécuritaire de la Préfecture. L’équipe du Forum Libé avait également essayé de juguler les interventions intempestives d’étudiants protestataires en mettant en place un système d’inscription nominative obligatoire. «  On a reçu des menaces », tente de se justifier Laurent Joffrin face à des participants accusant les organisateurs de vouloir museler le débat. « Des gens voulaient interdire la discussion ! », insiste Joffrin, mettant en avant les valeurs pluralistes du journal.

Et pourtant, le débat qui polarisait les craintes des organisateurs et des forces de l’ordre est resté dans les limites de la bienséance. Quelques centaines d’étudiants ont bien tenté de faire entendre leur mécontentement en défilant devant le Théâtre National de Bretagne (TNB) où avait lieu le débat sur l’autonomie des universités mais l’action est restée marginale. D’après une étudiante de Rennes 2, ils n’étaient plus qu’une centaine d’autonomes à déployer une banderole affichant « La peur doit changer de camp », recyclée de la manifestation de la veille. L’ambiance est également restée civilisée dans la salle.

Un débat (relativement) apaisé

Un apaisement qui doit beaucoup à l’annulation de la venue de Valérie Pécresse, qui aurait suscité l’ire d’étudiants rennais fortement mobilisés depuis presque deux mois contre ses réformes. Son remplaçant dans l’épreuve communicationnelle du Forum Libé, Benoist Apparu, joue l’homme-tampon. Moins exposé par sa position de député, il reconnaît bien volontiers le recul du gouvernement sur le décret sur le statut des enseignants-chercheurs. L’échange entre les intervenants s’est donc déroulé sur un ton modéré. Le président de l’UNEF, Jean-Baptiste Prévost, fait bien son travail de délégué syndical en représentation. Il décoche ses critiques sans attaquer violemment le rapporteur de la Loi sur la Responsabilité des Universités (LRU).

Beaucoup plus vindicatifs, les participants de la salle laissent éclater leur colère face aux réformes actuelles dans l’Enseignement supérieur : « La LRU, c’est la mort de l’indépendance des universités », s’emporte un enseignant-chercheur à la retraite qui fustige la « réformite » des ministres de l’éducation successifs depuis 40 ans. Les interventions en forme de réquisitoires de la part d’enseignants-chercheurs mobilisés se succèdent.

Adversaires d’un jour, partenaires en négociations demain ?

Apparu et Prévost répondent à la salle en ping-pong verbal, imperturbables. C’est que l’un comme l’autre ne reconnaissent pas le mouvement de protestation actuel comme étant réellement représentatif de la communauté universitaire. Les étudiants et enseignants mobilisés peuvent bien continuer leurs assemblées générales et leurs coordinations, « les seuls partenaires représentatifs, ce sont les syndicats. Les coordinations nationales, c’est la démocratie des soviets », explique Benoist Apparu, répondant à nos questions.

Si Jean-Baptiste Prévost concède une certaine forme de légitimité aux assemblées générales universitaires, il insiste sur l’idée que celles-ci n’ont « quand même pas autant de légitimité que des syndicats pour négocier ». Pour autant, le gouvernement ne semble pas encore disposé à ouvrir la discussion.


Voir en ligne : http://www.liberation.fr/sortir-de-...