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Luc Chatel veut développer l’alternance dès la quatrième, Le Figaro, 27 avril 2011

vendredi 29 avril 2011

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S’il se défend de préorientation, le ministre veut renforcer le lien entre école et entreprise.

Une nouvelle brèche dans le collège unique ? Luc Chatel a annoncé cette semaine la mise en place à la rentrée prochaine de « programmes adaptés pour une découverte de l’entreprise dès la 4e », dans une interview à l’agence spécialisée AEF. Se défendant de « préorientation » ou d’« apprentissage dès 14 ans », le ministre de l’Éducation nationale a toutefois précisé que ce programme ne s’adresserait qu’à certains collégiens. Il s’agit « d’ouvrir le profil de ces élèves, de les intéresser, de faire en sorte de trouver chez eux un talent caché, une qualité qui leur permettent d’accrocher le système », a-t-il précisé.

Dans l’entourage du ministre, on précise que la circulaire en cours de rédaction instaurera la possibilité pour des élèves dès la 4e de passer quelques semaines par an ou une journée par semaine en alternance. « Ce choix est réversible, assure-t-on dans l’entourage du ministre. Cela peut être un moyen de raccrocher des collégiens au système scolaire. »

Un tel dispositif, dérogatoire au collège unique, existe en réalité déjà mais ne concerne qu’un nombre d’élèves extrêmement faible. Dans l’académie de Lille, 700 jeunes sont ainsi concernés sur les 50.000 en 4e. Le ministre veut donc redonner une nouvelle impulsion à la formule dès la rentrée prochaine. Une nouvelle tentative, alors que plusieurs ministres, notamment Luc Ferry et Gilles de Robien, ont déjà essayé de relancer le processus, sans grands résultats. Il est vrai que pour les parents, il est souvent difficile d’accepter que son enfant s’engage dès 14 ans dans la voie de l’alternance ou de l’apprentissage… Tandis que les enseignants sont souvent réticents à l’idée d’orientation précoce. Autre innovation à la rentrée prochaine, une 3e « prépa pro », à partir de l’actuel module de six heures de découverte professionnelle.

D’ores et déjà, les syndicats Snes et SE-Unsa se sont émus de ce qu’ils considèrent comme une nouvelle attaque contre le collège unique. « Voilà que le ministre revient sur l’orientation précoce des enfants en difficulté », note Christian Chevallier, secrétaire général du SE-Unsa. À contre-courant, au Snalc, syndicat classé à droite, qui milite pour la fin du collège unique, Claire Mazeron note que « cette annonce ne va pas assez loin. La diversification des voies de formation est une impérieuse nécessité. » Le débat autour du collège unique, qui fait l’objet d’attaques régulières, revient donc sur le devant de la scène. Sans aller jusqu’à l’alternance ou à l’apprentissage dès 15 ans, des programmes de découverte professionnelle coexistent déjà au collège. Généralisé à l’ensemble des établissements depuis la rentrée 2009, le « parcours des formations et des métiers » commence dès la 5e et comprend notamment, en 3e, le fameux stage en entreprise.

Inégalement mis en œuvre

Mais cette découverte, à la charge du professeur principal et sans moyens définis, n’est qu’inégalement mise en œuvre dans les établissements. Au collège Bellevue à Toulouse, les élèves de 4e sont allés l’an dernier visiter l’usine Coca-Cola. « Cette année, nous avons choisi le thème des transports en commun, explique Cyril Lepoint, professeur d’anglais à Bellevue. Les élèves ont également réalisé par petits groupes un diaporama de métiers. » Une telle implication n’est pas le cas, loin de là, dans la plupart des établissements.

En classe de 3e, les collégiens peuvent choisir l’option appelée « découverte professionnelle » de trois, voire six heures, hebdomadaires. Au collège Françoise-Giroud, à Vincennes, environ 10% des élèves de 3e ont choisi cette option cette année. Professeur de technologie, Agnès Billot constate que « cet enseignement est un plus qui permet aux élèves de mieux appréhender le thème de l’entreprise ». Pour « accrocher » les élèves, elle propose une thématique, en l’occurrence, ces deux dernières années, les métiers du patrimoine, ou encore la participation il y a deux ans à un concours, comprenant des visites d’entreprise industrielles. « Cette option m’a donné une approche intéressante du travail en équipe et les visites m’ont vraiment intéressé », se souvient Thibault, actuellement en seconde.