Les lycéens de Cavaillon "enterrent" l’Éducation Nationale - La Provence, 28 mars 2009

Cérémonie symbolique à I. Dauphin contre la perte de postes

"Nous voici réunis ce jour afin de rendre un dernier hommage à ces huit postes de professeurs et à ces quatre classes qui vont disparaître dans quelques mois, victimes des restrictions budgétaires de l’Éducation Nationale. C’est avec un profond regret et un goût d’injustice que nous avons organisé cette cérémonie", proclame Kevin Van Wymeersch, élève de Terminale, lors de son éloge funèbre.

Le cercueil contenant symboliquement l’Éducation Nationale a été déposé, hier matin, derrière le gymnase du lycée Ismaël-Dauphin puis enterré. Toujours mobilisés contre l’annonce du Rectorat de supprimer huit postes d’enseignants à la rentrée (un de français, un de philosophie, un d’allemand, un d’anglais, un d’espagnol, un d’initiation aux sciences de l’ingénieur et deux d’éco-gestion), les lycéens ont organisé un enterrement fictif "pour marquer le coup par un geste fort".

Depuis le début du mouvement, la mobilisation s’est largement organisée. "C’est notre avenir qui est remis en question. L’an prochain, les classes seront surchargées et les élèves de Terminale qui redoubleront ne pourront plus être accueillis par notre lycée", commente un autre élève de 1er e , Mathias Armand.

"Cette initiative a été prise par les lycéens eux-mêmes à l’issue d’une réunion vendredi dernier. C’est de leur propre initiative qu’ils ont choisi d’enterrer l’Éducation Nationale puisque notre établissement est touché, il était digne de faire cet enterrement", confie Marc Brunet, professeur d’Histoire-Géographie.

Vers 10h, quelques élèves ont creusé une tombe. Puis à 10h15, une procession, dans laquelle tous étaient vêtus de noir, a ameuté les classes dans les bâtiments, dans la cour, avec en fond sonore la marche funèbre et le cercueil en tête de cortège. Vers 11h, quasiment la totalité des 1108 élèves, des professeurs et quelques étudiants venus tout spécialement d’Avignon, s’étaient réunis autour de la fosse qui allait accueillir la boîte noire sur laquelle on pouvait lire, "Ici gît l’Éducation Nationale".

La semaine prochaine deux pétitions, une à l’attention des élèves et l’autre des professeurs, seront distribuées puis envoyées au Rectorat. Sur le département, le lycée Ismaël-Dauphin de Cavaillon est l’un des plus touchés, avec 10% de postes supprimés à la rentrée.

Par Émilie Saraf