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Luc Chatel et les chiffres de l’école : je t’aime, moi non plus - Emilie Brouze, Rue 89, 3 septembre 2011

samedi 3 septembre 2011

Décidement, Luc Chatel aime les chiffres. La réciproque, par contre, n’est pas automatique. En cette veille de rentrée, le ministre de l’Education nationale ne sèche pas sur un exercice de maths. Il préfère ressortir de son cartable ses fiches favorites : une ribambelle de chiffres cités dans son premier ouvrage en librairie ce 1er septembre et dont EducPros publie les meilleures feuilles.

Luc Chatel répond au journaliste Nicolas Beytout :

« Contrairement aux idées reçues et aux caricatures qu’on entend souvent ici ou là, les moyens, dans l’Education nationale, sont là. »

S’ensuit une brève démonstration chiffrée. Seul hic : elle est tronquée.

Luc Chatel se garde d’expliquer les raisons

« Depuis 1980, le budget par élève, en France, en euro constant, a augmenté de 80%. »

Ce nombre rondelet est l’un des arguments préférés de Luc Chatel qui le répétait déjà en mai dernier sur Europe 1 ou encore en juin au Sénat. Parfait pour noyer des annonces moins réjouissantes (comme la suppression de 16 000 postes dans l’Education nationale en 2012) mais plutôt souligner les moyens engagés.

Pour Guy Barbier, secrétaire national du syndicat SE-Unsa, même si les chiffres sont réels, le ministre se garde bien d’en expliquer les raisons :

- le parcours scolaire a évolué : « Les formations étaient plus courtes qu’aujourd’hui. Autre exemple : le nombre d’élèves en classe préparatoire aux grandes écoles, où les enseignements sont plus coûteux, a augmenté. » ;

- le remplacement des professeurs : « Il n’était pas comptabilisé dans les années 1990, il s’agissait alors de personnel non titulaire. » ;

- la réforme Jospin, en 1989, a revalorisé le salaire des enseignants et a donc augmenté les dépenses ;

- le volume horaire des professeurs de lycées pros a diminué pour être aligné sur les autres, passant de 24 à 18 heures par semaine.

Guy Barbier conclut :

« Luc Chatel laisse croire que les gens n’ont pas à se plaindre. Mais cette manière de représenter la réalité n’est pas très honnête. C’est de la com ! »

« Plus de profs, moins d’élèves »

Luc Chatel, pour qui il y a finalement plus de profs et moins d’élèves, continue :

« Notre pays continue à investir dans l’éducation en général presque un point de plus de son PIB que la moyenne des pays développés de l’OCDE. »

Vrai, sauf qu’il ne précise pas que la part du PIB consacrée à l’éducation par la France a diminué. Entre 2000 et 2008, la part des dépenses intérieures à l’éducation est passé de 7,3 à 6,6%.

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