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Les facs veulent un vrai recul - Ixchel Delaporte, L’Humanité, 2 avril 2009

dimanche 5 avril 2009

Deux mois de mobilisation et les minces reculades du gouvernement n’ont pas entamé la détermination des enseignants-chercheurs. Ils manifestent aujourd’hui.

Des retouches apportées aux réformes tant contestées ont été arrachées au bout de neuf semaines. Qu’est-ce que le gouvernement a concédé, ou plutôt qu’est-ce que les universitaires ont obtenu ? Jean-Louis Fournel, de Sauvons l’université, admet « quelques nouveautés introduites par le gouvernement sur différents dossiers, mais qui ne modifient pas la logique des réformes. Au fur et à mesure que le mouvement avance, on constate des aménagements à la marge pour calmer les universitaires. »

Recrutements en baisse

Exemple, avec le décret sur le statut des enseignants-chercheurs, la première et plus ancienne revendication. Son retrait n’a pas été obtenu. Valérie Pécresse s’accroche et attend la validation d’une quatrième version (impossible à consulter) du CTPU (comité technique paritaire universitaire). Pour SLU, « la mise au secret du projet de décret a pour effet d’interdire de se prononcer en connaissance de cause, de masquer les probables effets de la contradiction entre le maintien à l’identique de la modulation et l’adjonction du paragraphe sur les heures supplémentaires, de laisser dans l’ombre la possible naissance non consentie d’une catégorie d’enseignants-administrateurs ».

Autre revendication de taille : le retrait de la réforme sur la formation des enseignants du second degré. À l’instar des lycées, Xavier Darcos a été forcé de reporter la réforme à 2010-2011. Mais là encore, report ne signifie pas retrait, puisqu’un certain nombre de mesures ont été prises pour assurer la transition et la mise en place de la mastérisation comme condition d’accès au concours. Concernant la demande d’un plan pluriannuel de créations d’emplois statutaires et la restitution des 1 030 emplois supprimés en 2009, les réponses sont faibles mais existent. Valérie Pécresse s’était engagée à réduire à un poste pour six départs à la retraite au lieu d’un poste pour deux départs, initialement prévus. À cela s’ajoute la question des 130 postes bloqués pour les chaires d’excellence. Le collectif Sauvons la recherche alertait sur les conséquences néfastes de ce dispositif : « Chacune de ces chaires "consomme" outre un poste de maître de conférences, un poste de chargé de recherche au sein d’un établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST). Cela conduit ainsi, dès 2009, à une réduction de 25 % des recrutements de chercheurs au CNRS, qui passent de 400 en 2008 à 300 en 2009. À court terme, cela conduira à l’extinction pure et simple du statut de chercheur EPST. » La ministre a accepté de « discuter des modalités de leur mise en place et de trouver d’autres moyens de financement de ces chaires ».

« Des ministres pas à la hauteur »

En revanche, rien sur les suppressions d’emplois en 2009, rien non plus sur la revalorisation des salaires et des carrières, rien enfin sur les BIATOSS. Quant à la question du contrat doctoral, elle sera discutée la semaine prochaine en comité technique. Au final, les ravages annoncés de la LRU restent en place. «  Les ministres se refusent à traiter les problèmes de manière politique. Ils ne sont pas à la hauteur des enjeux de ce mouvement inédit », juge Jean-Louis Fournel. Pour l’heure, après l’entrevue du 30 mars avec la ministre, l’intersyndicale (SNESup-FSU, CGT, Solidaires, FO, SLU et SLR) a déclaré que la ministre n’avait « donné aucune réponse satisfaisante à (ses) questions ». Et de constater « avec stupeur et colère, l’immobilisme autosatisfait de la ministre sur l’ensemble des revendications », appelant leurs collègues et les étudiants à « l’amplification de leur mobilisation ». À commencer par la manifestation unitaire d’aujourd’hui (1). Le bras de fer continue.

(1) À Paris, le cortège partira à 14 h 30, du Panthéon vers l’Hôtel Matignon.

Ixchel Delaporte


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/2009-04-02_S...