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"Toujours pas de cours à la fac de sciences humaines", par Véronique Miot, "Le Progrès", 7 avril 2009

mercredi 8 avril 2009

À Saint-Étienne, les cours ne reprendront pas avant les vacances de Pâques sur le site Tréfilerie de l’université Jean-Monnet. Les étudiants ont voté le blocage, les personnels la grève

« Ça ne peut plus durer ! » « C’est le mouvement le plus long depuis quarante ans. Sa force, c’est cette durée. Ce n’est donc pas maintenant qu’il faut lâcher ! » Sur l’issue du conflit contre les réformes gouvernementales, les avis divergent sur le site Tréfilerie de l’université Jean-Monnet, bloqué depuis plus de deux mois. Alors hier, les débats s’enchaînent dès 12 h 30 pour les enseignants et personnels. Et tout l’après midi pour les étudiants.

« Ici ce sont les plus jeunes qui ont la main sur le conflit ; ce sont eux qui maintiennent la dynamique » comme le reconnaît l’ensemble du corps enseignant. Alors la décision des profs se révèle lourde d’impact. Pourtant une chose semble acquise : tous sont fermement opposés à la réforme de l’Université engagée par le Gouvernement. Certes, il a concédé quelques avancées. Mais la réécriture du décret sur le statut des enseignants n’est pas jugée suffisante. Les protestataires réclament toujours la suspension de la réforme de la formation des professeurs (la mastérisation), la restitution des 6 postes supprimés et l’arrêt du « démantèlement » des organismes de recherche. « Si aujourd’hui, on met l’université en chantier, c’est pour qu’elle ne le soit pas en permanence » insiste un enseignant. « Je suis d’accord, mais les étudiants subissent cette situation » tente une autre collègue. La situation est des plus tendues. L’angoisse s’amplifie. Et pour cause. L’année universitaire s’achève théoriquement dans un mois. Et dans ce mois, il faudrait procéder à trois sessions d’examen (le rattrapage du premier semestre, les partiels du second et la deuxième session de rattrapage). Et aussi proposer 80 % du programme de cours. Ardu. « Nous allons très rapidement buter sur la validation de l’année universitaire » insiste cet enseignant. La question de l’efficacité de ce mouvement devient donc désormais centrale. Les enseignants et personnels ne sont donc pas totalement d’accord sur les modes d’actions à donner au conflit. Faut-il s’orienter vers une journée de grève tournante une fois par semaine, ou continuer une grève continue ? C’est finalement la seconde option qui est votée à la majorité. Mais à quelques voix près seulement. Puisqu’elle remporte 28 suffrages contre 23 pour la grève perlée. Et 4 enseignants et personnels s’abstiennent. Quelques minutes plus tard, les étudiants se réunissent à leur tour quelques mètres plus loin. Là, l’amphi se révèle tellement bondé que certains suivent les débats de l’extérieur, grâce à un haut-parleur. Et là, eux aussi votent la poursuite du mouvement. Sur les 873 votants, 449 se positionnent pour le blocage, 390 contre, et 34 s’abstiennent. Quelle sera la suite du mouvement à quelques semaines de la fin de l’année universitaire ? Désormais, il faudra attendre la fin des vacances de Pâques, pour connaître la suite de ce conflit.

Véronique Miot

vmiot@leprogres.fr


Voir en ligne : http://www.leprogres.fr:80/fr/regio...