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La fac sombre dans les contradictions, l’Union, 7 avril 2009

mercredi 8 avril 2009

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La fac sombre dans les contradictions

Avec un référendum qui donne une majorité pour la reprise immédiate des cours, et une AG favorable à la poursuite de la grève, la présidence de l’université se trouve bien embarrassée.

Deux votes et deux résultats contradictoires. Comment la présidence de l’université va-t-elle s’en tirer ?

REPRISE des cours ou poursuite du blocage ? Aujourd’hui la présidence de l’université de Reims Champagne-Ardenne doit annoncer sa décision portant sur le campus de droit/lettres rémois Croix-Rouge, bloqué depuis maintenant depuis plus de trois semaines. Et au vu des événements de la journée d’hier, il était bien difficile de préjuger de cette décision…

Hier en effet ont eu lieu deux votes sur le campus : référendum d’un côté, organisé par l’autorité administrative ; et nouvelle assemblée générale (AG) de l’autre, organisée par la « base » (généralement favorable à la grève). Et ces deux votes ont donné, comme on pouvait le redouter, deux résultats contradictoires : le référendum (avec bulletins secrets et isoloirs) a dégagé une majorité nette pour la reprise des cours, tout en exprimant aussi une majorité (encore plus nette) hostile aux réformes gouvernementales ! Quant à l’AG (par des votes à la romaine -séparation du public en deux groupes selon leurs réponses-) elle donnait une majorité à la fois aux partisans de la poursuite de la grève, et au partisans du blocage (voir par ailleurs) !
Par ailleurs, une réunion du conseil des études et de la vie universitaire a dû être suspendue pour cause d’irruption dans la salle d’enseignants et d’étudiants anti-réformes, signe de la tension qui règne sur le campus, et qui n’attend probablement pas grand-chose pour dégénérer en confrontation violente : parmi les intervenants à l’AG, certains n’évoquaient-ils pas la nécessité d’un nouveau Mai 68 ?
Quelle conclusion tirer de tout ceci ? Et quelle décision prendre ? Telle est la
tâche à laquelle s’est attelée la présidence dès la fin du référendum. « La difficulté est de convaincre les bloqueurs de reprendre les cours, commente M.Gellé, vice-président, sans diviser la communauté universitaire ». Or, chez les étudiants, chaque camp revendique la plus grande légitimité : les anti-bloqueurs, comme l’UMP campus, « appellent au respect du vote du référendum », alors qu’en face, les bloqueurs estiment que seules les AG, parce qu’elles offrent le débat, sont à prendre en considération… La quadrature du cercle pour la présidence ?

Antoine Pardessus


Chiffres précis ou approximatifs

Le référendum soumis aux étudiants hier a donné les résultats suivants : à la question « souhaitez-vous la reprise immédiate des cours ? », on a enregistré 1.586 votants (ce qui représente un taux de moins de 25 % de participation par rapport à l’ensemble du campus qui compte un peu plus de 6.000 étudiants), 970 pour, 578 contre. A la question « êtes-vous d’accord avec les réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche sous leur forme actuelle ? », 1.563 votants, 296 oui, 1.196 non.
Face à ces chiffres précis, l’AG ne peut faire état que d’un nombre approximatif de votants (pas de comptage effectué) de l’ordre d’un millier (certains observateurs -anti-blocage- n’en ont compté que 800), et le vote à la romaine s’est traduit par 90 % environ de favorables à la grève, et deux tiers favorables au
blocage.