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L’homme aux clés d’or - Engrenages, Blog Le Monde, 11 avril 2009

samedi 11 avril 2009

A 52 ans, Olivier Crouillebois est appariteur depuis six ans à la Maison de la recherche, une antenne de Paris IV située rue Serpente à Paris. Son boulot : ouvrir et fermer les salles de la fac, les préparer avant l’arrivée des profs, assurer la sécurité des biens et des personnes ou encore répondre au téléphone. “Je suis l’homme aux clés d’or”, s’amuse-t-il.

Olivier Crouillebois fait partie du personnel Biatoss, le personnel non-enseignant de l’université. “L’appariteur est la dernière roue du carrosse de l’université. Imaginez la distance qui sépare un appariteur d’un prof”, me raconte-t-il. C’est un peu par hasard qu’il a commencé ce métier : photographe, il était à la tête d’une petite entreprise qui a fait faillite. “Il fallait bien retouver du travail et à mon âge, ce n’était pas facile”, commente-t-il. “Comme je n’ai pas fait d’études, me retrouver dans un milieu universitaire me passionnait.” Il travaille de 7h30 à 15 heures pour le smic et vient d’être embauché en CDI après plusieurs années de CDD de trois ou huit mois.

Comme beaucoup de ses collègues, il estime que les Biatoss vont être “les premières victimes” de la loi LRU sur l’autonomie des universités. “C’est d’abord sur les précaires que les présidents d’université vont chercher à faire des économies, juge-t-il. On ne va pas les virer, juste ne pas renouveller leur contrat.” Il craint aussi l’externalisation de ces petites mains qui font fonctionner les facs mais qu’on ne remarque même plus. “Si on externalise, c’en est fini de cette mécanique bien huilée”, avance-t-il. “Notre problème n’est pas uniquement financier. Moi, par exemple, je suis très attaché à mon boulot, à mes étudiants et à mes profs que je chouchoute.” Tellement attaché que l’université lui a donné envie de commencer des études. Lui qui “n’a pas son certificat d’études” s’est inscrit cette année à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, en socio-histoire. “C’est aussi pour cette idée de la fac républicaine et accessible à tous que je me bats.

Raphaëlle Besse Desmoulières


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