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Université : 1 200 personnes dans la rue et des examens bricolés - Le Progrès de Lyon, 24 avril 2009

vendredi 24 avril 2009

La treizième manifestation protestant contre les réformes de l’enseignement supérieur et la recherche a encore rassemblé 1 200 personnes à Lyon. A Lyon 1 et Lyon 2 chacun s’organise à sa manière pour valider le semestre.

« On fait cela de manière totalement artisanale. C’est du bricolage ». Ce chargé de cours à l’Ecole normale supérieure lettres décrit la manière dont sera validé le deuxième trimestre dans sa filière. « On va proposer aux élèves d’assister à des journées d’études puis on les interrogera, soit par écrit soit par oral sur l’une de ces journées. On ne voulait pas pénaliser les grévistes, ni faire de validation automatique. Du coup on a trouvé ce compromis ».

Ailleurs, le bras de fer est plus dur. « Ce sont les enseignants qui décident. Et le rectorat n’a aucun moyen de vérifier ce qu’on fait. Il ne sait même pas qui est gréviste et qui ne l’est pas ! » assure ce professeur de mathématiques à Lyon 1. Dans cette filière, comme en biologie et en informatique, l’assemblée générale des grévistes a réclamé la validation automatique du semestre. « Lorsque 80 % des connaissances n’ont pas été transmises, nous ne pouvons faire autre chose que de valider les modules. Il est hors de question que les étudiants grévistes subissent une double peine ».

Dans la filière études sportives, également fortement touchée par le mouvement, une enseignante indique qu’elle organise une épreuve finale. Laquelle ? Le sujet portera sur les deux premières heures de cours du semestre, à savoir les seules qu’elle a données. « Et même ceux qui ne réussissent pas auront dix » précise-t-elle.

A Lyon 2 aussi, des discussions ont eu lieu au sein des filières sur la validation du semestre et chaque gréviste recherche la solution la moins pénalisante. En histoire, une enseignante indique avoir mis en place un suivi individualisé et validera des travaux demandés aux étudiants. En musicologie, une étudiante indique qu’une assemblée générale a demandé que la licence soit calculée sur cinq semestres seulement ». « Nous faisons en fonction de la situation » résume un enseignant. Lui-même a animé un ateliers « chansons de manifestation » pendant le mouvement. Il validera donc l’année des grévistes sur l’écriture « d’une petite chanson » et notera les non grévistes sur le programme du premier semestre. Toujours à Lyon 2 en sciences politiques, on s’oriente vers des partiels « rapetissés » selon un étudiant en licence. A l’Institut de sciences politiques, les examens devraient être repoussés d’une semaine avec un contenu normal, malgré la soustraction d’un mois de cours. En droit et en science économiques, Auriane et Justine s’attendent aussi à des épreuves normales. Ce qui provoque quelques inquiétudes. « Nous avons été une minorité à faire grève et des cours se sont déroulés dans des autres salles pendant le blocage des quais » explique Auriane. « Certains profs ne tiennent pas compte de nous. C’est anormal mais au pire on aura sacrifié un semestre » soupire Justine, qui compte bien participer encore à la prochaine manifestation.

Muriel Florin

Les points de discorde

« On veut défendre l’université, comme on veut défendre l’hôpital, la justice. On ne veut pas la désorganiser. Au contraire, on se bat pour elle » assure Jérôme Bastien professeur à Lyon1. Pour les manifestants, la bataille est de rigueur « Ce serait irresponsable de s’arrêter là sans avoir rien obtenu. Le sort des générations futures est bien plus important que quelques semaines de cours » s’enflamme un professeur de Lyon 2. La discorde porte principalement sur cinq points.

La loi sur l’autonomie des universités : votée en août 2007, elle modifie la gouvernance, augmente les pouvoirs des présidents et encourage les partenariats privés.

Le statut des enseignants chercheurs
 : la modulation des services et les modalités d’avancement des carrières. Le gouvernement a reculé sur ces points mais pas suffisamment pour les opposants. Le Snes estime notamment qu’il y a toujours un risque de remplacer des heures de recherche par des heures d’enseignement.

La formation des maîtres : l’année de stage en alternance rémunérée doit disparaître au profit d’une deuxième année de master. Ici, pas de recul si ce n’est le maintien du concours actuel en 2010.

Le financement des universités : l’augmentation de 2,17 milliards d’euros est un leurre permis par des transferts selon les grévistes. Fin février, le premier ministre a gelé les 450 suppressions de postes prévus initialement.

Le sort de la recherche : 450 suppressions de postes sont envisagées et la restructuration des instituts est toujours dénoncée.


Voir en ligne : Le Progrès