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Examen terminal contre validation automatique à Lyon II (LibéLyon, 25 avril 2009)

samedi 25 avril 2009

Comment éviter l’année blanche ? Un conseil d’administration de l’université Lyon-II examinait vendredi les conditions de mise en œuvre d’un examen terminal pour valider le semestre en cours. Jusqu’au moment où des étudiants ont fait irruption dans la salle puis entamé une occupation. Ils s’opposent à tout examen et souhaitent la validation automatique du semestre. « Car beaucoup de cours n’ont pas eu lieu », dit l’un d’eux. Ou qu’ils n’y ont pas assisté...

Leur porte-parole, Alexandre Maupin, dénonce la présidence qui appelle depuis trois semaines à la reprise des cours. Il ajoute que leur « ennemi » n’est pas le président Olivier Christin, « mais le gouvernement qui n’écoute aucune revendication ».

A midi, la salle du conseil est occupée par une vingtaine d’étudiants, dont Julie Kuentz, de la Fédération Syndicale Étudiante (FSE). Elle a peur que les enseignants non grévistes pénalisent les étudiants grévistes. Elle désigne le doyen de la faculté de droit, Olivier Negrin, qui « fait des pressions scandaleuses pour que les cours se tiennent », quitte à ce que ça se fasse « dans des cafés », alors que les étudiants sont dispensés par l’université d’assiduité aux cours. Elle estime que si la reprise est votée Lundi prochain, être évalué pour les trois semaines de cours qui restent ne « donne de toutes façon aucune valeur au diplôme ». Selon elle, la reprise signerait l’arrêt de mort du mouvement de protestation, « alors qu’il n’est pas encore fini ».

Braderie. Les vice-présidents d’université sortent de la salle dans le calme, pour « aller déjeuner ». Ils savent qu’opposer la force à cette occupation ne sert à rien. Ils ont l’habitude, ça fait deux mois que c’est ainsi, entre blocage et déblocage. Ils sont tous opposés à une année blanche, mais ne souhaitent pas délivrer un diplôme « sans valeur ». A l’image de Marie Anaut, vice-présidente chargée du campus et de la vie étudiante, qui propose de « mettre en place différentes formes d’examen oraux, fiches de lecture, travaux en commun ». Enseignante en psychologie, elle estime qu’il y aura « braderie de diplôme si aucun travail n’est fait. »

Dans le campus, des étudiants sortent d’un séminaire, d’autres bronzent sur la pelouse, pendant que certains pianotent dans la salle informatique. Plusieurs syndicats étudiants sont opposés au blocage de l’université. Aldo, étudiant en Sciences politiques aussi. Il se déclare « contre la validation automatique des diplômes ». Mais précise ne pas être anti-gréviste et être en désaccord avec la loi LRU de Valérie Pécresse.

Note. Le président de l’université Lyon-II, Olivier Christin, milite depuis plusieurs mois contre la réforme Pécresse et a signé l’appel de la Sorbonne. Il a « banalisé » le lundi 27 avril 2009, c’est-à-dire que la journée est chômée pour le personnel, car ce jour-là, une assemblée générale décidera en bulletin secret du déblocage. Ce que contestent les bloqueurs, qui désirent un vote à main levée, « comme d’habitude ». Pour leur porte-parole, c’est comme s’il leur était dit : « arrêtez de lutter, de faire grève, parce que vous nuisez à votre entreprise et votre université ».

Une note du ministère de l’enseignement supérieur du 8 avril dernier rappelle aux présidents d’université qu’ils ne sont pas libres de modifier en cours d’année les modalités de contrôle décidés à la rentrée universitaire. De plus, chaque étudiant devrait « justifier son absence ». Le bras de fer entre le gouvernement et le mouvement universitaire n’est donc pas prêt de s’arrêter.

Farid SIDI-BOUMEDINE


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