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Avoir un vrai projet d’enseignement, par Daniel Robin, cosecrétaire général du SNES. L’Humanité, 25 avril 2009

lundi 27 avril 2009

Pour le Syndicat national des enseignements du second degré (SNES), l’école doit permettre la réussite de tous les jeunes, quelles que soient leurs origines familiales ou sociales, les amener le plus loin possible dans leurs études, en fonction de leurs choix et de leurs résultats scolaires. Parvenir à cet objectif implique de démocratiser l’enseignement par l’élévation continue du niveau de culture et de qualification de l’ensemble de la nation. En effet, l’évolution des connaissances, les débats et les enjeux économiques, sociaux, politiques qui engagent les futurs citoyens à des choix complexes imposent aux générations futures d’être plus qualifiées.

C’est avec ces objectifs que nous avons construit et défendons nos propositions d’élévation du niveau de qualification et de recrutement des enseignants. La question du contenu de leur formation se pose, pour une part importante, différemment dans le premier et le second degré. Dans le second degré les professeurs sont en charge de l’enseignement d’une discipline ; ils enseignent de la 6e jusqu’aux classes post-baccalauréat (BTS et classes préparatoires aux grandes écoles). Cela impose à la fois une formation de haut niveau dans la discipline d’enseignement ainsi qu’une formation professionnelle qui s’articule avec cet enseignement disciplinaire : on ne peut enseigner que si on maîtrise parfaitement le contenu de ce que l’on enseigne, ce qui suppose disposer de savoirs allant bien au-delà de ceux qu’on est chargé de transmettre ainsi qu’un contact avec la recherche. Mais cela ne suffit pas, il faut aussi apprendre à transmettre ce savoir, apprendre à dépister et à traiter les difficultés rencontrées par les élèves dans leurs apprentissages de la discipline concernée.

L’exigence d’un très bon niveau dans la discipline d’enseignement a conduit à une augmentation régulière du niveau de formation et de recrutement des enseignants dans leur discipline. Le passage aujourd’hui au niveau du master est donc indispensable. L’évolution des taux de scolarisation au collège puis au lycée, les difficultés que rencontrent dans ce cadre une part parfois importante d’élèves imposent aussi un renforcement significatif de la formation professionnelle des enseignants. La construction des connaissances qu’ils sont en charge de transmettre (épistémologie), l’analyse des difficultés d’appréhension de tel ou tel concept par les élèves (didactique) doivent trouver une place plus importante dans la formation avec une bonne articulation avec la discipline enseignée. La multiplication des travaux dans le domaine des sciences de l’éducation donne des outils permettant d’aller dans ce sens. Cette double démarche disciplinaire et « pédagogique » doit trouver sa traduction dans le contenu des deux années de master qui doivent précéder le concours de recrutement des enseignants. Elle doit être associée à des stages d’observation qui permettent aux futurs enseignants de percevoir ce que les seuls modèles théoriques ne permettent pas d’appréhender. Cet aller-retour entre la formation théorique et le terrain est tout l’enjeu de l’entrée dans le métier après le concours de recrutement. L’année de stage après le concours est, à ce titre, une année très importante pour l’enseignant qui se retrouve en pleine responsabilité face à ses classes. Affaiblir les possibilités de formations durant cette première année comme le prévoit aujourd’hui le ministère dans son projet est donc inacceptable.


Voir en ligne : L’Humanité