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Comment apprendre à enseigner ? par Ixchel Delaporte, L’Humanité, 25 avril 2009

lundi 27 avril 2009

Rappel des faits

Du jamais-vu. Voici bientôt trois mois que les enseignantschercheurs, étudiants et BIATOSS se mobilisent contre des réformes universitaires, considérées comme une casse en règle de l’enseignement public. Un des points concerne « la mastérisation » de la formation enseignante.

C’est sans concertation avec les principaux intéressés que Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale, a imposé la réforme de la formation des enseignants du primaire et du secondaire. Présentée comme une avancée par le gouvernement avec amélioration du niveau de formation et revalorisation des salaires, la réforme suppose l’obtention d’un master (bac +5) pour se présenter au concours de l’enseignement. Ce sont les universités qui sont chargées de prodiguer les enseignements adéquats aux étudiants. Ce qui implique l’intégration des IUFM (actuels instituts de formation des maîtres) dans la structure universitaire. Une fois le concours obtenu, le jeune enseignant entre immédiatement dans la fonction enseignante. Exit donc la deuxième année de stage rémunérée et la formation en alternance. Pour beaucoup de jeunes, le stage rémunéré et l’entrée dès la deuxième année dans la fonction publique étaient une garantie. Pas sûr que tous aient les moyens de se financer cinq années d’études sans certitude de réussite. Exit aussi à terme, selon les enseignants-chercheurs, les masters disciplinaires (qui accueillaient les futurs enseignants) au profit de masters dits d’enseignement. Enseignantschecheurs et formateurs s’inquiètent en effet de la dégradation de la formation professionnelle et de la formation disciplinaire, avec des concours et des épreuves vidés de leur substance. Autre question de taille : quid des étudiants qui ne réussiront pas le concours après un bac +5 ? On voit déjà poindre une occasion, pour le gouvernement, de proposer aux « collés » de devenir des professeurs contractuels, précaires et corvéables à merci. Un bon moyen, quoi qu’on en dise, de faire des économies budgétaires et de réduire progressivement à peau de chagrin le statut de la fonction publique. Malgré quelques aménagements (année de transition pour l’application de la mastérisation), la réforme reste la même. La communauté universitaire continue d’exiger le retrait de cette réforme et le maintien des concours en l’état pour 2009-2010.

Ixchel Delaporte


Voir en ligne : L’Humanité