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"Examens : l’épreuve de force", Libération, 30 avril 2009

jeudi 30 avril 2009

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Examens : l’épreuve de force
La ministre de l’Enseignement supérieur a fermement condamné jeudi matin la Coordination nationale des universités qui appelle au boycott des examens jusqu’à la satisfaction des revendications.

L’épreuve de force sur les examens universitaires s’est durcie jeudi, la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse affirmant qu’ils se tiendraient "dans de bonnes conditions" en réponse à la coordination nationale des universités qui appelle à ne pas les organiser.

"Les rattrapages auront lieu et les examens se tiendront dans de bonnes conditions", a affirmé sur France 2 Mme Pécresse.

Elle répondait à l’appel lancé mercredi soir par la Coordination nationale des universités (CNU) réunie à Paris-IV "à ne pas organiser la tenue des examens jusqu’à la satisfaction de ses revendications".

La CNU, à l’origine du lancement du mouvement de grève dans les universités le 2 février, continue la mobilisation pour obtenir le retrait des réformes contestées.

Elle s’oppose notamment au décret réformant le statut des enseignants-chercheurs et à la réforme de la formation des enseignants des premier et second degrés.

Jugeant cet appel "irresponsable" et contraire" aux valeurs de l’université, Mme Pécresse en a appelé "à la responsabilité éminente des présidents d’université" et "des doyens", qui organisent les examens.

Interrogée par l’AFP, la porte-parole de la Conférence des présidents d’universités (CPU) Simone Bonnafous, a condamné cet appel, estimant qu’"on ne peut pas sacrifier l’année des étudiants", tout en jugeant "hyper minoritaires" les enseignants qui pourraient mettre à exécution une telle menace.

"Il y a beaucoup de gens responsables à l’université", a-t-elle ajouté. En tout état de cause, "des solutions" seront trouvées "au cas par cas", a-t-elle assuré.

La Fage, deuxième organisation étudiante, a pour sa part "condamné" un "appel irresponsable à prendre en otage les étudiants" estimant que "la fin ne justifie pas tous les moyens".

De son côté, le président de l’Unef (premier syndicat étudiant), Jean-Baptiste Prévost, a déploré que l’on "fasse un cadeau au gouvernement" en "enfermant le débat sur la question des examens universitaires".

"A Valérie Pécresse de permettre les conditions d’une sortie de crise en apportant aux étudiants et personnels mobilisés les réponses qui s’imposent", a-t-il lancé.

"Ca fend le coeur d’avoir à voter une telle motion, mais on en arrive à un point où on doit appeler à la non-tenue des examens. La balle est dans le camp des deux ministres (Mme Pécresse et Xavier Darcos, ministre de l’Education, ndlr) maintenant", avaient fait valoir les responsables de la CNU, en justifiant leur appel.

Par ailleurs, selon la CNU, 14 universités (sur 83 au total) ont appelé au "boycott des jurys de baccalauréat" où siègent des professeurs d’université.

Un appel plutôt symbolique : en effet, si un enseignant-chercheur désigné comme président de jury refusait ou était dans l’impossibilité de présider, il serait alors remplacé par un autre enseignant ou bien par le vice-président du jury (un enseignant de collège ou lycée).

De plus, les jurys de bac de cette année n’ont pas encore été désignés, a expliqué le ministère de l’Education.

Les conditions d’achèvement de l’année universitaire, quoi qu’il en soit, restent marquées d’un point d’interrogation, alors que le mouvement de fronde dans les universités vient d’atteindre sa treizième semaine.

De nouvelles actions et manifestations sont prévues en mai et juin et des universités (Paris-IV, Bordeaux-III, Toulouse II) n’ont toujours pas repris les cours.

Les appels à la reprise des enseignements se sont multipliés, émanant de certains syndicats d’enseignants ou d’organisations étudiantes européennes.