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Dans les facs, grève reconduite et action coup de poing - Ixchel Delaporte, l’Humanité, 30 avril 2009

samedi 2 mai 2009

Réunis en assemblée générale hier à la Sorbonne, les universitaires ont revoté la grève et appelé à son intensification. Une délégation de la Coordination a forcé les portes du ministère.

Hier matin, alors qu’elle était sur le point de se réunir dans l’amphi Richelieu de la Sorbonne, la 9e Coordination nationale des universités (CNU) a été informée qu’une vingtaine de collègues avaient investi les jardins du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. À 9 h 30, dix-huit universitaires s’y sont en effet faufilés en même temps qu’une voiture. Visibles depuis la rue Descartes, ils ont déroulé une banderole noire : « Sauvons la recherche et l’université ». «  Le but de cette action, explique Alain Trautmann, de Sauvons la recherche, est de dénoncer les mensonges du ministère qui fait croire que les réformes se font avec l’accord des universitaires. C’est faux ! La majorité d’entre nous sommes opposés à ces passages en force. Jusqu’à maintenant, aucune de nos revendications n’a été satisfaite. » Autre objectif de cette visite surprise : qu’une délégation soit reçue par le gouvernement.

Venus tout droit de la Sorbonne, située à quelques minutes du ministère, une dizaine d’enseignants-chercheurs, étudiants et Biatoss sont arrivés, prêts à être reçus par leur ministre. Dans un premier temps, la délégation s’est vue écartée des grilles par un léger déploiement de CRS. Après quelques négociations, le ministère accepte finalement de recevoir six personnes, à condition que les porteurs de banderoles quittent les lieux. Mais les universitaires refusent de discuter avec une directrice adjointe du cabinet, estimant qu’après trois mois de lutte «  le minimum, c’est d’être reçus au moins par le directeur de cabinet de Pécresse ». Le marché se conclut ainsi dans un climat bon enfant. La délégation entre alors triomphante dans le ministère. Les autres retournent à la coordination.

De retour dans l’amphithéâtre, qui accueille les représentants de 64 établissements, l’heure est au bilan de la mobilisation. Le juriste Olivier Beaud a rappelé que, concernant le décret sur le statut des enseignants-chercheurs, presque rien n’avait été obtenu. « La seule victoire concerne l’avancement. Pour le reste, la modulation des services est passée, ainsi que le non-paiement des heures supplémentaires. » Pour les personnels des universités, les doctorants, les étudiants et les chercheurs, rien n’a été obtenu.

Dans un premier communiqué adopté, la Coordination nationale des universités a exprimé « son opposition aux réformes du gouvernement qui découlent de la loi LRU et du pacte sur la recherche ». Elle a voté la poursuite de la grève dans les universités et les laboratoires et a appelé à l’intensification du mouvement (grève administrative, rétention des maquettes, motions contre l’application de la modulation, refus d’entretiens d’évaluation pour les personnels Biatoss). Réaffirmant que le mouvement « n’est ni minoritaire ni près de s’arrêter », la CNU a détaillé l’état des forces : « À ce jour, 49 universités retiennent les notes du premier semestre ; 51 universités sont en grève totale ou partielle ; 44 universités sont bloquées ; 14 ont appelé au boycott des jurys de baccalauréat. La CNU se félicite de la convergence des luttes en cours pour la défense des services publics, notamment les services de santé. La communauté universitaire continue avec force et détermination à s’opposer aux réformes du gouvernement. » À bon entendeur…

Ixchel Delaporte


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/2009-04-30_S...