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« Les examens seront validés » - entretien de Philippe Rivet avec Jean-Louis Fournel, L’Est Républicain, 6 mai 2009

jeudi 7 mai 2009

« Ce sera réglé dans 99 % des cas » veut croire Jean-Louis Fournel porte-parole national du collectif Sauvons l’université.

«  Il ne faut pas inverser les responsabilités. Ce n’est pas nous qui avons choisi la voie du pourrissement. Le semestre sera en partie altéré. Nos étudiants n’ont pas à pâtir du conflit. On parviendra à valider les examens . Dans 99 % des cas, il y aura des formes de validation compatibles et acceptables. Il est de très mauvais aloi de la part du gouvernement de se mêler des examens alors qu’il prône l’autonomie des universités. Ce sera aux recteurs de nous dire si telle forme de validation est acceptable. A eux de démontrer éventuellement le contraire et de prendre leurs responsabilités ». Ainsi s’exprime Jean-Louis Fournel, enseignant-chercheur en études italiennes à Paris VIII, porte-parole national du collectif Sauvons l’Université après plus de douze semaines de protestation.

Pourquoi continuez-vous à vous opposer au gouvernement alors que le nouveau décret sur le statut des enseignants-chercheurs a fait l’objet de négociations et est publié au Journal Officiel ?

Des négociations, ça suppose de dire avec qui on négocie. Or, le ministère a négocié uniquement avec des syndicats minoritaires. Seul le syndicat autonome a signé.
S’il y avait un référendum à l’université, une très grand majorité serait contre cette réforme.

Les enseignants ne veulent pas pas être évalués ?

Personne n’est contre. J’ai 50 ans, j’ai été évalué déjà une dizaine de fois. Lors de montage de projets, de promotions. Vous en trouverez toujours qui le sont moins, ceux qui pensent que pour vivre heureux il faut vivre cacher. C’est une minorité. On ne fait pas une loi pour une minorité.

« Une fausse garantie »

Vous n’aimez pas non plus la modulation de service...

Dans le cadre de l’autonomie des universités et du contrôle de la masse salariale, le volume d’heures devient une variable d’ajustement. Il n’y a plus de temps de référence. Une réforme qu’ a toujours appuyé la CPU (NDLR : Conférence des présidents d’université).

La modulation n’interviendra qu’après acceptation des intéréssés. Ce n’est qu’une fausse garantie à cause des pressions locales. Nous avons le sens des responsabilités. Si c’est pour assurer la survie d’un diplôme ou d’un département, les enseignants consentiront à des sacrifices. Ce seront donc les individus qui paieront les pots cassés.

« Milliard postiche »

En résumé, la loi LRU ne trouve pas grâce à vos yeux mais la grande majorité de l’université n’a pas bougé quand elle a été promulguée..

Les collègues n’ont pas perçu immédiatement les effets de la loi LRU. La loi a rendu possible une série de réforme prises en rafale que nous dénonçons aujourd’hui.

Comme la formation des enseignants qui passera par la mastérisation. Le gouvernement s’est précipité car il voulait économiser entre 10.000 et 20.000 postes. On va avoir des reçus-collés, des gens qui auront obtenu leur master mais pas le concours et qui vont devenir des travailleurs précaires.

Le milliard supplémentaire pour l’enseignement supérieur et la recherche n’est pas une bonne nouvelle ?

On travaille au mieux à moyens constants. Il s’agit d’un milliard-postiche, des mesures de rattrapage et de saupoudrage entre universités compte tenu des nouvelles charges.

Ce gouvernement se moque de l’université. Il ne règle pas le problème fondamental de l’enseignement supérieur qui est celui de l’articulation entre une filière férocement sélective -celle des grandes écoles- avec l’université. Pire : il l’accentue. Ce n’est pas en versant des larmes de crocodile au bout de 12 semaines de conflit que ça va permettre de traiter l’enjeu de l’enseignement supérieur et de la recherche en France.

Propos recueillis par Philippe RIVET


Voir en ligne : http://www.estrepublicain.fr/une/ed...