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Université : le gouvernement et l’UMP durcissent le ton contre les "bloqueurs" - Le Monde, 6 mai 2009

jeudi 7 mai 2009

Politiser le débat. Pointer le rôle de l’extrême gauche, mais aussi celui du PS. L’UMP a décidé de durcir le ton sur la crise universitaire qui menace le bon déroulé des examens. Selon le dernier pointage du ministère, une quinzaine d’universités restent perturbées à des degrés divers, à la quatorzième semaine du mouvement.

Lundi 4 mai, Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, avait demandé au gouvernement d’engager des poursuites judiciaires contre "les jusqu’au-boutistes qui prennent en otage les jeunes". Il avait nommément visé l’extrême gauche, "une minorité de surexcités" qui, selon lui, "sacrifie pour des raisons idéologiques l’avenir des jeunes". Mardi, un autre député UMP, Damien Meslot, élu de Belfort, a déposé une proposition de loi visant à instituer un "délit" pour les occupations des universités, passible de 1 000 euros d’amende par jour. La question des blocages d’universités a également été évoquée en réunion de groupe, mardi, à l’Assemblée nationale. Le premier ministre a indiqué sa volonté de mettre fin aux "actions illégales". L’UMP souhaite par ailleurs instaurer de manière pérenne des procédures de consultations préalables des étudiants avant chaque mouvement de grève. Le parti majoritaire sait que parents et étudiants sont inquiets pour l’année universitaire en cours. Un sondage du Parisien-Aujourd’hui en France du lundi 4 mai (réalisé les 28 et 29 avril par téléphone auprès de 1 015 personnes) montre que 52 % des sondés veulent le maintien des examens s’ils sont simplifiés, tandis que 41 % préféreraient qu’ils se déroulent normalement. Outre le soutien de l’opinion publique, l’UMP croit pouvoir aussi compter sur celui des universitaires. Lundi, le généticien Axel Kahn, président de l’université Paris-V, a qualifié d’"irresponsable" et "choquant" l’appel de la Coordination nationale des universités de ne pas organiser les examens de fin d’année.

En réalité, les possibilités de poursuites contre les auteurs de blocage, d’intrusion ou de dégradations dans les établissements universitaires existent déjà. Depuis le début du mouvement, une douzaine d’universités ont porté plainte. En cas de blocage, le président d’université a aussi le droit de faire appel aux forces de l’ordre. L’entrave au bon déroulement de cours ou d’examen est passible d’amendes ou d’emprisonnement, au titre de l’atteinte au bon fonctionnement d’un service public, mais dans les faits, ce recours est très complexe. Enfin le président d’université peut demander des sanctions disciplinaires contre les personnels de l’université qui ne rempliraient pas leurs obligations de service. Cette possibilité est rarement utilisée. "Dans une période de conflit, il est très difficile et souvent politiquement contre-productif pour un responsable d’université de prendre de telles mesures qui sont prévues par le code de l’éducation", admet Louis Vogel, juriste et président de Paris-II (Panthéon-Assas).


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