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Quand le prof fait le clown, McDo fait la tronche - C’est classe ! Libéblogs, 10 mai 2009

dimanche 10 mai 2009

Des partiels au McDo : c’est ce que des étudiants et une enseignante de Paris 4-Sorbonne sont allés faire un beau matin, sans crier gare, en plein Quartier latin. La prof déguisée en clown Ronald. Mais ça n’a pas plu. La maréchaussée, appelée, a vite rappliqué, en civil. Pas le temps de finir le partiel.

Rendez-vous était fixé à 9 heures 45 place de la Sorbonne, à l’appel du Collectif des Travaux Publics Universitaires. Il a déjà ensablé la rue des Ecoles, pour montrer que les réformes s’embourbent. Cette fois, il est sibyllin - il faut réserver la surprise. "Nous irons passer nos partiels à la sauce LRU", annonce-t-il, "et nous nous dirigerons vers les nouveaux locaux de l’université libérale".Photo 241

La prof, parka et tennis, sweat orange, explique que d’habitude elle n’est pas habillée comme ça. Et présente sa carte de visite : dans le civil, elle est maître de conférence au département d’anglais, Domaine Américain, Associate Professor American Studies.

"Si t’en as marre de travailler à McDo pour payer tes études, désormais tu viendras y étudier", promet le collectif . Une bonne vingtaine de personnes, essentiellement des étudiants de Paris 4, se dirigent vers le McDo le plus proche.

Et là, c’est la douche froide. Les étudiants scotchent à la hâte des affichettes - "licence McDo, merci la LRU" - sur la vitre. Et distribuent les sujets du partiel - un QCM. Mais le responsable de la sécurité arrache les affiches. Les étudiants les remettent. Leur demande de dégager, veut les faire sortir, prend le mégaphone. Et se fatigue.

Photo 243 La prof a réapparu entretemps en clown Ronald McDonald’s. Elle vérifie avec un fort accent américain le niveau des connaissances. Les questions ne sont pas vraiment difficiles. Mais il y a des pièges.

A la seconde - "Le mépris est ?" -, les trois réponses proposées sont bonnes. Notamment, la B : : c’est "un trait de personnalité bien ancré dans le gouvernement actuel".

Pour le reste, il faut être au courant de l’actualité (universitaire), bien connaître les réformes... Les étudiants sont interrogés sur le nouveau mode d’allocation des moyens aux universités - appelé SYMPA, ça n’est pas une blague mais l’acronyme de Système de répartition des Moyens à la Performance et à l’Activité inventé par le Sénat et adopté par la Ministre -, la hausse à venir des frais d’inscription (ils en sont convaincus), les conséquences de la modulation de service pour les enseignants-chercheurs, etc.

Le but de ces happenings est toujours le même : toucher et informer l’opinion, trouver un écho dans la presse si possible, expliquer pourquoi la mobilisation se poursuit, ceci afin de contrer la "com" de la ministre. A Paris 4, l’une des universités les plus mobilisées, étudiants et enseignants se retrouvent souvent dans cette contestation festive.

Dehors, quelqu’un fait le gué. Et annonce l’arrivée de deux civils. Une de leurs collègues, un livre à la main, fait aussi les cents pas dehors. Chez McDo, la sécurité ne plaisante pas. Bientôt les étudiants seront délogés. Ils sortent d’eux-mêmes. Le clown les suit, avec son gros nez rouge et son paquet d’épreuves à la main.

Véronique Soulé


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