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"La saignée continue dans l’éducation", L’Humanité, 25/06/2009

vendredi 26 juin 2009

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La saignée continue dans l’éducation

École . Cadeau de départ de Xavier Darcos à son successeur, Luc Chatel : 16 000 suppressions de postes dans l’enseignement en 2010.

« Un pays qui croit dans l’avenir, c’est un pays qui investit dans l’éducation de ses enfants. » Voilà pour la déclaration, pavée de bonnes intentions, de Luc Chatel, fraîchement nommé ministre de l’Éducation nationale. Dans les faits, ce pays, la France, se prépare à sacrifier le système éducatif sur l’autel des coupes budgétaires. Juste avant de rendre son tablier, Xavier Darcos a en effet annoncé la suppression de 16 000 postes dans l’éducation en 2010. La saignée se poursuit donc, après les 13 500 suppressions de 2009 et les 11 200 de 2008. Hier, après le Conseil des ministres, Luc Chatel rapportait les propos de Nicolas Sarkozy à l’endroit de la nouvelle équipe. Priée de faire preuve « d’audace réformatrice ».

« Conformément à la règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux », explique son prédécesseur, Xavier Darcos, « il s’agit de 600 postes d’agents administratifs et de 14 000 postes d’enseignants stagiaires affectés en institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) ou équivalent pour l’enseignement privé (à hauteur de 1 400). » Pour pallier ce manque, la réforme de la formation des professeurs des écoles, collèges et lycées prévoit que cette formation revienne aux universités et non plus aux IUFM. Ainsi, dès la rentrée 2010, les étudiants se destinant à l’enseignement sauteront la case IUFM pour aller directement en classe et remplacer, de fait, les 15 400 postes de fonctionnaires stagiaires rayés de la carte.

Réagissant à ces annonces, la FSU, première fédération dans l’éducation nationale, a dénoncé « un pari dangereux pour une formation de qualité et pour l’avenir du système éducatif ». Ces suppressions de postes, en plus de placer « les établissements et les personnels sous pression permanente », comme le décrit l’UNSA, risquent gravement d’entamer la qualité de la formation des enseignants.

Le climat ne risque donc pas de s’améliorer entre le ministère d’un côté et les enseignants de l’autre. Pour sa part, la FIDL, le syndicat lycéen, demande un « moratoire sur les suppressions de postes » en soufflant son envie de dialogue à l’heure où, dit-elle, « la jeunesse a plus que jamais besoin d’être entendue ». Reste à savoir combien pèseront respectivement, « l’écoute », « la détermination » et « le sens des responsabilités » dans la besace de Luc Chatel alors que, dès la rentrée, le SNES appelle à la mobilisation dans la plus large unité syndicale.

Lina Sankari