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"Quand des enseignants-chercheurs se mettent à bloquer", par Véronique Soulé, Libéblog, C’est classe !, 5 mars 2009

jeudi 5 mars 2009

Depuis mardi 14 heures, des enseignants-chercheurs bloquent des bâtiments à l’université de Bordeaux 3. L’affaire est suffisamment rare pour être signalée. Et le mouvement s’étend dans la fac : après les géographes, les historiens et les enseignants de langues ont suivi. Le signe d’une radicalisation du mouvement alors qu’une nouvelle journée de manifestations est prévue aujourd’hui un peu partout en France.

Les négociations engagées par Valérie Pécresse suffiront-elles à faire baisser la tension ? Ca n’est pas gagné. D’autant qu’elles ne concernent que le statut des enseignants-chercheurs, un des problèmes qui mobilisent parmi d’autres.

Or dans les universités de lettres et sciences humaines comme Bordeaux 3, la réforme de la formation des enseignants des premier et second degré -la "masterisation" - inquiète tout autant. Si ce n’est plus. L’enseignement est un débouché majeur des étudiants.

Après des semaines de grève active, de cours HLM (hors les murs) dans les trams ou sur les trottoirs, entrecoupés de "freezings", les universitaires de Bordeaux 3 se disent exaspérés de "ne pas être entendus".

"Les annonces selon lesquelles la Ministre, avec des syndicats minoritaires et la CPU (Conférence des Présidents d’Université), est en train de revoir le décret des enseignants-chercheurs ont énervé tout le monde, explique un professeur des universités, car le mouvement ici n’est pas porté par les syndicats et est ignoré de notre président d’université. Mais c’est surtout le refus d’ouvrir le dossier de la masterisation des concours (de recrutement des profs) qui maintient intacte la mobilisation".

Les premiers, mardi matin en AG, les personnels enseignants et administratifs (les Biatoss) de l’UFR (Unité de formation et de recherche) de Géographie et Aménagement ont voté le blocage des bâtiments et des cours pour 48 heures reconductibles. Des enseignants ont aussitôt monté des barrages avec des tables et des chaises. Certains n’en revenaient pas de se retrouver à tenir un piquet de grève.

Mardi, l’UFR d’histoire vote à son tour le blocage. Puis hier celle des langues étrangères appliquées. Les lettres et l’anglais devraient se réunir aujourd’hui. Les onze UFR devraient être appelées à se prononcer d’ici lundi. Les cours alternatifs continuent mais un blocage total de la fac n’est pas exclu.

On perçoit d’autres signes de radicalisation ici et là. Hier le président de l’université d’Aix-Marseille 1 a décidé la fermeture administrative de la fac Saint Charles après le blocage voté par les étudiants. A la faculté des Tanneurs à Tours, des étudiants ont installé des barrages filtrants. A Angers encore, la faculté de lettres et sciences humaines était aussi bloquée hier.


Voir en ligne : C’est classe !