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"Le Portail « Orange » sonde la légendaire paresse des enseignants", Acrimed, 2 juillet 2009, Grégory Salle

dimanche 5 juillet 2009

Nous avons déjà signalé la propagande sourde distillée par des portails Internet apparemment inoffensifs (abstraction faite du déversement publicitaire qu’ils génèrent…) à travers le cas des grèves [1]. Cette fois, le portail Orange lance un vrai débat de société : «  Les enseignants sont-ils plus absents que les autres ? ». Une question on ne peut plus « neutre », motivée par une « étude confidentielle évoquée par RTL ». Autrement dit, l’alliance de la fiabilité et de la rigueur.

Le portail Orange est un amalgame indistinct de services, d’ « informations » et de publicités. Un bandeau sur la sécurité routière en France côtoie celui d’un site destiné à retrouver ses anciens camarades de classe ; une réclame qui promet la bonne méthode de régime est voisine d’une distribution de sondages du conglomérat BVA-Orange-L’Express-France Inter. Plus bas, un bandeau déroule des brèves hétérogènes (en l’occurrence un crash aérien, un incendie d’appartement mortel, la chute des permis de construire, l’état de la dette publique, la hausse du chômage au Japon…), le tout complété par les « commentaires » des internautes. La liste n’est pas exhaustive…

Un sondage pour commencer…

Merveille de démocratie d’opinion à la sauvette, au milieu de ce fatras trône la « question du jour ».

«  Les enseignants sont-ils plus absents que les autres ? ». Quels « autres » au juste ? Les autres travailleurs ? Les autres fonctionnaires ? Les autres fainéants ? La question ne le précise pas. Quoiqu’il en soit, trois choix s’offrent au répondant sollicité. En premier, à gauche : « oui, c’est scandaleux ». Sur la même ligne, à droite : « Non, absolument pas ». En dessous, à gauche, « Ça s’explique ! ». De quoi faire rougir le moins scrupuleux des sondeurs.

Un modèle d’équilibre, donc, qui oppose à un seul « non » catégorique, deux « oui » – un méchant et un gentil. Le « absolument pas », qui récuse l’affirmation en « débat », peut difficilement contrebalancer le « c’est scandaleux » qui en propose un commentaire. Et il est impossible de choisir un « non » nuancé, du type « pas vraiment, mais il est scandaleux d’essayer de le faire croire avec ce type de sondages », de même qu’il est impossible d’être « sans opinion ». Mieux, la question posée passe à la trappe le fait que l’étude mobilisée ne concerne que les enseignants du primaire. Pourquoi s’embarrasser de précisions quand on veut faire simple ?

…Et un peu d’analyse pour aller plus loin

Pour lire la suite sur le site d’Acrimed