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Des profs sous haute pression - par Dany Stive, L’Humanité, 15 octobre 2009

vendredi 16 octobre 2009

Quatre syndicats de la FSU ont livré, hier, les résultats d’une enquête sur le malaise des enseignants. Une « opération vérité » qui révèle les conséquences néfastes des postes supprimés.

« Techniquement », la rentrée scolaire s’est bien passée, avait clamé le ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel, début septembre. « Humainement », rétorquent les syndicats du secondaire de la FSU, on n’est pas loin de la catastrophe. Histoire de vérifier ce qu’ils ressentaient dans leurs établissements, les enseignants de quatre syndicats (SNES, SNEP, SNETAP, et SNUEP) ont lancé le 5 octobre une « opération vérité » sous la forme d’un questionnaire mis en ligne. A partir des 1.830 premières réponses parvenues à la FSU, correspondant à plus de 1.500 collèges et lycées, une conclusion s’impose nettement : les suppressions d’emplois dans l’éducation se traduisent par une nette dégradation des conditions de travail et d’enseignement, une diminution sensible de l’offre de formation et une déréglementation rampante. Toutes choses subies par les enseignants… et leurs élèves. La situation est suffisamment tendue pour que la FSU, hier après-midi, porte l’idée d’une journée nationale d’action, prévue à la mi-novembre, auprès des autres organisations de l’éducation.

Deux tiers des établissements touchés

« Face au discours ministériel, nous avons souhaité rappeler la réalité du terrain », précise Frédérique Rollet, co-secrétaire du SNES. Et cette réalité, pour deux tiers des établissements, ce sont des suppressions de postes, et surtout des postes d’enseignants. Évidemment, les heures supplémentaires et les compléments de service sont plus nombreux, mais cela n’empêche en rien les classes d’être surchargées. Une large majorité (66,4%) des enseignants considèrent leurs classes trop nombreuses et trop hétérogènes pour y mener un travail efficace pour tous. Pour Roland Hubert, co-secrétaire général du SNES, « la pression est telle que les horaires sont bricolés au sein de chaque établissement. Nous n’imaginions pas que c’était à ce point. Le double discours qui, d’un côté, assure que tout va bien, et qui, de l’autre, promet qu’en en faisant un peu plus, ça ira mieux encore, a atteint ses limites. » Le syndicaliste en veut pour preuve les réponses concernant les professeurs principaux : presque 91% d’entre eux disent être au taquet. « Comment imaginer qu’ils deviennent en plus l’axe central de l’orientation active annoncée par Sarkozy ? » interroge Roland Hubert. Que la dégradation des conditions de travail touche aussi leurs élèves les révolte. Serge Chabrol, du syndicat des profs d’EPS, dénonce les disparitions de séances de natation. « Pour respecter la sécurité, il faut trois profs pour deux classes à la piscine. Nous perdons tellement de postes depuis quatre ans que tous les cours de natation ne peuvent se tenir. Ce sont pourtant des enseignements obligatoires et essentiels. »

Une priorité, la baisse des coûts

Tous dénoncent aussi la saignée chez les enseignants titulaires dévolus aux remplacements des profs absents. Ils sont aujourd’hui si peu nombreux que l’Éducation nationale a de plus en plus recours à des personnes recrutées au coup par coup dans les Pôles emploi. Précaires qui ne feront jamais plus de 200 heures - ce qui leur ouvrirait des droits aux allocations chômage, à la couverture sociale… - La continuité du service d’enseignement importe moins que la baisse des coûts. De plus, les syndicats voient là une déréglementation rampante. Autant de raisons, pour le SNES, de se mobiliser mi-novembre.


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/2009-10-15_S...