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Le « fundraising » entre doucement dans les universités - Les Echos, 23 octobre 2009

vendredi 23 octobre 2009

Quelque 60 millions d’euros ont été levés depuis avril 2008 par 20 fondations. Des montants encore modestes, mais qui permettent de financer des projets ciblés, et qui constituent un choc culturel au sein des campus.

La montée en puissance est bien réelle. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, 20 fondations ont déjà été créées par les universités françaises et sont déjà parvenues à lever près de 60 millions d’euros. La Rochelle, Lorient, Bretagne Sud, Poitiers, Aix-Marseille, Belfort-Montbéliard… Autant d’universités qui ont lancé leur fondation dans les quatre derniers mois. Et le mouvement s’accélère, puisqu’une trentaine d’autres sont actuellement en voie de finalisation. « La dynamique est clairement engagée et ce n’est qu’un début » , se félicite Yaël Aferias, présidente de l’Association française des « fundraisers » (AFF).

Depuis avril 2008 et la publication d’un décret d’application de la loi sur l’autonomie, les universités peuvent librement constituer leur propre fondation (lire ci-contre). L’objectif : « permettre aux universités de recourir au mécénat des entreprises et des particuliers, et se doter ainsi d’un financement complémentaire », explique-t-on au ministère.
« Rayonnement international »

Dans les faits, les montants collectés ne sont pas énormes. Trois millions pour l’université d’Auvergne - sur un budget annuel de 114 millions de fonctionnement -, 150.000 euros pour Tours - sur 150 millions de budget -, 75.000 pour Lorient, 2 millions pour Lyon 1. Ces enveloppes pourraient être abondées par le grand emprunt. Pas de quoi, en attendant, refroidir pourtant les intéressés. « Il faut bien voir que ces financements nous permettent surtout de porter de nouveaux projets de développement, que l’on n’aurait pas pu mener autrement. On est dans une logique d’investissement et non de financement de frais de fonctionnement »,explique Philippe Dulbecco, président de l’université d’Auvergne, dont la fondation, lancée en avril 2008, compte quelque 25 entreprises partenaires (Michelin, Crédit Agricole Centre France, Merrcx, Limagrain, Fidal…). De quoi assurer le financement d’une pharmacie expérimentale pour les étudiants de cette spécialité, d’achats de matériel pour les laboratoires, la création d’une junior entreprise, ou encore, l’ouverture, en décembre prochain, d’une antenne en Chine, financée en partenariat avec l’entreprise chinoise Tellhow. « La fondation est une pièce essentielle de notre rayonnement international. Nous pouvons mieux lutter face à nos concurrents anglo-saxons »,poursuit Philippe Dulbecco. Les exemples sont nombreux et variés : tandis que l’université de Lyon 1 profite des financements pour rénover ses amphis et accroître sa politique de recherche, l’université de Lorient met en place des bornes interactives présentant ses formations dans les lycées du Morbihan.

Même si les entreprises tirent bénéfice de leur participation en termes d’image, de recrutements d’étudiants mais aussi de recherche, la crise a clairement freiné leur participation. « On les sent plus prudentes, ce n’est pas très évident »,note Jean-Charles Pomerol, président de l’université Pierre-et-Marie-Curie de Paris. Pour optimiser leurs chances, certaines se dotent de compétences appropriées. Ainsi, l’université de Lyon 1 a embauché une ancienne professionnelle du « fundraising » et s’appuie sur les conseils d’un cabinet spécialisé et d’une agence de communication. Même démarche à l’université de Strasbourg qui lancera une campagne, au printemps prochain, à destinatJion de ses anciens diplômés, une initiative encore rare au sein des universités. Autant d’évolutions qui se heurtent de front aux syndicats d’enseignants, qui s’inquiètent de la venue de fonds privés au sein des campus, ainsi que des décalages croissants qu’ils font naître entre universités. Un vrai choc culturel.

MAXIME AMIOT, Les Echos

Deux types d’organismes

Les fondations universitaires, non dotées de la personnalité morale, sont créées sans dotation minimale, par délibération du conseil d’administration de l’établissement.Les fondations partenariales sont dotées de la personnalité morale et sont donc plus autonomes vis-à-vis de l’université. Elles sont créées pour une durée déterminée, qui ne peut être inférieure à cinq ans, et avec une dotation minimale de 150.000 euros.Toutes les deux ouvrent droit, pour les donateurs, aux réductions d’impôts prévues pour les versements faits aux fondations reconnues d’utilité publique : pour les entreprises, 60 % du montant des versements dans la limite de 5 pour mille du chiffre d’affaires. Pour les particuliers, 66 % du montant des versements dans la limite de 20 % du revenu imposable.


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