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« Découragés mais pas démobilisés » - Entretien avec Ch. Mileschi, L’Humanité, 29 octobre 2009

jeudi 29 octobre 2009


Après la tenue de la 13e coordination nationale des universités, lundi dernier, Christophe Mileschi revient sur l’état des lieux de la mobilisation dans l’enseignement supérieur.

Un mois après la rentrée universitaire, les enseignants-chercheurs tentent de relancer la mobilisation et refusent de se résigner aux réformes imposées par Pécresse. Professeur et un des porte-parole de la CNU, Christophe Mileschi fait le point sur la suite du mouvement.

Au vu de cette rencontre, quel est l’état de la mobilisation dans les universités  ?

Christophe Mileschi. Pour la treizième fois, la coordination des universités s’est réunie lundi à Nanterre, en présence de douze universités sur quatre-vingt-trois associations. On est assez loin des beaux jours du mouvement où soixante universités étaient présentes, mais cela reste significatif. Les universitaires et les collègues des IUFM sont engagés dans une rentrée particulièrement chaotique, avec la mise en place transitoire de la réforme du recrutement et de la formation des enseignants du premier et du second degré – qu’on appelle la mastérisation. Du coup, nous réfléchissons à la façon de mettre en place ce que nous avons combattu pendant des mois l’an dernier. C’est un facteur démobilisant, nous sommes découragés, écartelés entre notre conscience et notre obligation de service. Il n’y a pas pour l’instant de mot d’ordre ni de véritable mobilisation. Mais le volcan couve et il peut reprendre une activité plus intense en fonction du calendrier ministériel. On attend avec impatience et curiosité le moment où le gouvernement donnera le cadrage général de la réforme des concours de recrutement des enseignants à la mi-décembre.

Sur quels points le mouvement peut-il s’appuyer face au gouvernement  ?

Christophe Mileschi. On peut déjà jouer sur la crainte du gouvernement de ranimer l’incendie. L’an dernier, il avait demandé qu’on fasse remonter des « maquettes » pour la mise en place de cette réforme. Il a eu très peu de propositions des établissements – moins de 10 %. Ce qui a empêché sa mise en place. Mais, le gouvernement a trouvé une astuce. L’an dernier, il avait réclamé toutes les maquettes en même temps, cette année il accepte les maquettes « au fil de l’eau ». On les envoie quand on veut. Ce qui évite de se rendre compte tous en même temps qu’on n’est pas d’accord.

Y aura-t-il cette année une fédération des différents secteurs de l’enseignement  ?

Christophe Mileschi. La faiblesse relative de la mobilisation dans les différents secteurs en cette rentrée est un argument fort pour une fédération à une plus grande échelle. L’an dernier, on avait d’un côté les universitaires, de l’autre les IUFM, le primaire, et dans une moindre mesure, le secondaire. Il sera plus facile de convaincre chacun d’eux qu’il est impossible de gagner sans se rapprocher des autres, sans dépasser des divergences d’appréciation ponctuelles sur des questions pratiques. Nous sommes d’accord sur l’essentiel  : la défense d’un enseignement public laïc. La CNU a comme projet d’appeler à une réunion de toutes les organisations formelles ou informelles qui ont lutté l’an dernier et de les fédérer en janvier. On arrive par des chemins différents à des conclusions très semblables. Le 17 novembre, une mobilisation se déclinera au niveau local pour préparer la journée de mobilisation nationale du 24 novembre.

Entretien réalisé par Anne Roy.


Voir en ligne : L’Humanité