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En un an, plus de la moitié des universités sont passées à l’autonomie - Le Monde, 1er janvier 2010

vendredi 1er janvier 2010

Au 1er janvier, 33 nouvelles universités passent à l’autonomie. Sur les 83 universités françaises, elles sont maintenant 51 à avoir opté pour ce mode de gestion prévu par la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) d’août 2007.

Le passage aux responsabilités et compétences élargies (RCE) autorise les établissements à gérer leur masse salariale aussi bien que leurs ressources humaines. Une révolution culturelle en marche depuis janvier 2009, date à laquelle une première vague d’établissements s’est lancée, rejointe aujourd’hui par 33 nouvelles venues.

Concrètement, les 51 universités autonomes gèrent une masse salariale de 5,3 milliards d’euros et près de 100 000 emplois. "Le vrai changement, c’est que nos établissements ont appris à gérer, puisque ce transfert de compétences a triplé nos budgets", commente Lionel Collet, le président de la Conférence des présidents d’universités.

Plutôt que de négocier leurs postes avec le ministère, ils peuvent recruter eux-mêmes. La commission de spécialistes, qui se réunissait à dates fixes, a donc laissé place à un comité de sélection qui offre bien plus de souplesse.

De même, les rémunérations à offrir aux enseignants peuvent sortir du carcan de la traditionnelle grille des salaires. "Ce qui permet déjà à certains d’aller chercher des enseignants très pointus à l’étranger, se réjouit Lionel Collet. Même si tout ne change pas en un jour." Ou d’améliorer le quotidien des personnels.

L’université de La Rochelle, autonome depuis la première heure, a pu dégager 350 000 euros - soit 1 % de sa masse salariale -, grâce à une gestion plus serrée des fonds qui lui étaient alloués. Elle a redistribué cette manne sous forme de primes à ses salariés, enseignants-chercheurs aussi bien que personnels techniques. Derrière cette évolution de gestion, c’est la "performance", chère à la ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, qui est recherchée. Et Gérard Blanchard, président de l’établissement de La Rochelle, estime qu’un pas est bel et bien en train d’être franchi dans ce sens dans son établissement qui accueille 7 000 étudiants. "L’autonomie nous a permis de créer une fondation qui nous aide à améliorer notre démarche pédagogique. Ainsi, allons-nous ouvrir le 5 janvier un diplôme "maison" qui, en 130 heures de cours, formera nos étudiants de masters à une approche plus tranversale de leur futur métier d’ingénieur", résume le président de La Rochelle.

Cette formation complémentaire a été bâtie avec les industriels présents dans la fondation. Elle devrait contribuer à améliorer le taux d’insertion des étudiants en master à qui elle est destinée. Un élément d’importance à l’heure où un cinquième du budget des universités sera corrélé à leurs performances.

Parmi les 33 établissements qui rejoignent la liste des autonomes figurent essentiellement des universités pluridisciplinaires comme Paris-XII, Paris-XIII, Nantes, Dijon, Besançon, Avignon, Brest, Lorient. Mais aussi des universités plus spécialisées : en droit (Lyon-III, Paris-II) ou en sciences exactes (Rennes-I, Toulouse-III). A l’exception notable de Rennes-II, et plus marginalement de Bordeaux-II, très peu d’universités de sciences humaines sont pour l’instant passées aux RCE.

Sur la trentaine d’établissements qui restent encore hors processus d’autonomie, soit parce qu’elles ne l’ont pas encore demandé, soit parce qu’elles ne l’ont pas obtenue, figurent des bastions des sciences humaines comme Lyon-II, Toulouse-II, Grenoble-III ou Paris-I, III, IV et VIII.

Il leur reste jusqu’au 1er janvier 2012 pour s’y préparer. Deux ans pour que, selon l’expression de Valérie Pécresse, "l’expérience donne envie aux autres".

. Maryline Baumard et Philippe Jacqué


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